Nouvelle crise politique majeure en Israël

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Les électeurs qui se sont rendus aux urnes le 9 avril pour élire leurs représentants au Parlement vont devoir retourner dans les bureaux de vote le 17 septembre. Une situation inédite dans l’histoire de l’État hébreu due à l’incapacité du Premier ministre, Benyamin Nétanyahou de former un gouvernement de coalition.

Par 
correspondant du Figaro à Jérusalem,

C’est peu avant minuit que les parlementaires ont ouvert la séance fatidique dans une ambiance de grande tension. Crispé, le visage fermé, Benyamin Nétanyahou a voté pour, comme 74 députés sur 140, le texte proposé à son initiative par son parti, le Likoud. Dans une dernière et désespérée tentative il avait tenté de débaucher les Travaillistes pour pallier à la défection du parti laïc et nationaliste de droite Israël Beiteinou d’Avigdor Lieberman. L’ancien ministre de la Défense ne voulait pas gouverner avec les représentants des ultraorthodoxes car ils refusent la conscription. Durant le psychodrame nocturne, Avigdor Lieberman s’était enfermé dans son bureau de la Knesset. Selon une photo publiée ce matin par le quotidien Yediot Ahoronot il regardait à la télévision une émission intitulée «Un pays formidable», une satire de la classe politique israélienne dans laquelle il est souvent brocardé.

Le texte a finalement été voté un peu après minuit par 74 voix contre 45. Benyamin Nétanyahou a choisi de torpiller la Knesset plutôt que de voir le président Reuven Rivlin désigner une autre personnalité pour tenter de résoudre la quadrature du cercle: réunir une majorité avec le Parlement fraîchement élu. Cette dissolution est un échec personnel pour le Premier ministre qui gouverne sans discontinuer depuis 10 ans et dont l’habilité tactique est souvent louée. Il s’est, cette fois, heurté en voulant allier la droite nationaliste laïque et les ultrareligieux à un roc nommé Avigdor Lieberman.

Meilleurs ennemis

Le défaiseur de roi qui avait obtenu avec 4% cinq députés n’a pas cédé. Il a campé sur ses positions sur la question du service militaire qu’il veut rendre obligatoire pour les étudiants religieux des écoles talmudiques qui bénéficient d’un régime d’exemption. Il est également en désaccord avec Benyamin Nétanyahou sur la question de Gaza qu’il pense régler en détruisant militairement le pouvoir du Hamas. Les deux hommes sont les meilleurs ennemis puisqu’Avigdor Lieberman fut le mentor de «Bibi» dans les années 90 puis son ministre à plusieurs reprises.

L’organisation de nouvelles élections pourrait assombrir l’avenir politique de Benyamin Nétanyahou en raison des affaires politico-judiciaires. Le Premier ministre doit être entendu par le Procureur général d’Israël le 2 octobre, une quinzaine de jours après le scrutin, en vue de sa future inculpation pour corruption, fraude et abus de confiance, dans trois dossiers. Il avait l’intention, en prévision de ce rendez-vous judiciaire, de faire voter au Parlement une loi amnistiant d’office un chef de gouvernement en exercice.

Plan de paix américain

La dissolution pourrait avoir des conséquences sur l’annonce du plan de paix américain pour le Proche-Orient. La Maison Blanche qui l’a maintes fois reporté avait prévu de le rendre public en juin après la formation du nouveau gouvernement israélien. Donald Trump avait encore voici quelques jours renouvelé son soutien à son ami israélien qui est aujourd’hui en difficulté.

Selon des sondages, les nouvelles élections devraient donner des résultats équivalents à celles d’avril gagnées de peu par le Likoud devant le parti Bleu et Blanc de Benny Gantz. Et une fois encore Benyamin Nétanyahou serait le mieux placé pour essayer de former un introuvable gouvernement.

En Israël, on prend les mêmes et on recommence avec le même scénario.

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