Netanyahou froisse Varsovie en dénonçant le rôle de la Pologne dans la Shoah

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Benjamin Netanyahu. Crédit: DR

Le président Andrzej Duda a réclamé le dépaysement du sommet du groupe de Visegrad qui doit se tenir lundi et mardi à Jérusalem, avant qu’une clarification du premier ministre israélien n’apaise sa colère.

La crise diplomatique entre la Pologne et Israël aura été de courte durée. Une nuit de sommeil a permis de faire baisser la tension après les déclarations de Benyamin Nétanyahou sur les responsabilités polonaises dans l’Holocauste. «Les Polonais ont collaboré avec les Allemands pour tuer les Juifs pendant la seconde guerre mondiale. C’est un fait. Il n’a pas de doute là-dessus», avait affirmé jeudi le chef du gouvernement israélien lors d’une visite au musée du ghetto juif de Varsovie en marge d’une conférence sur le Moyen-Orient. Il avait ajouté que l’antisémitisme est, selon lui, aujourd’hui bien plus virulent en Europe occidentale qu’en Europe orientale.

En colère, le président polonais Andrzej Duda a immédiatement appelé au dépaysement du sommet du groupe de Visegrad, qui est programmé à Jérusalem lundi et mardi. «Israël n’est pas un bon endroit pour se rencontrer dans cette situation», a-t-il twitté. Vendredi matin, le bureau du premier ministre israélien a «clarifié» ses propos: il n’aurait pas dit comme l’ont entendu les journalistes présents «les Polonais» mais «des Polonais». De quoi satisfaire les deux camps.

Loi mémorielle

Benyamin Nétanyahou tient en effet à réunir autour de lui, la semaine prochaine, les premiers ministres polonais, hongrois, de la République tchèque et de la Slovaquie pour des raisons de politique extérieure et intérieure. Il espère, en recevant le groupe de Visegrad qui tient forum pour la première fois hors d’Europe centrale, accentuer les divergences entre pays européens sur la question du conflit israélo-palestinien. En ce début de campagne des législatives, il entend aussi, en s’affichant à Jérusalem avec quatre premiers ministres européens, renforcer auprès de l’opinion publique son image de diplomate hors pair.

Sa participation à la conférence sur le Moyen-Orient organisée par les États-Unis, et à laquelle il était l’unique chef de gouvernement présent, a pourtant été l’occasion de quelques impairs. Benyamin Nétanyahou avait déclaré que cette réunion avait pour objectif de «promouvoir l’intérêt commun de la guerre avec l’Iran» avant de devoir rectifier ses propos et remplacer le mot «guerre» par «combat». Puis est venu l’incident du musée du ghetto juif. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, un tracteur a heurté sur l’aéroport de Varsovie le train d’atterrissage de l’avion qui devait le ramener à Tel Aviv, le contraignant à passer une nuit supplémentaire dans la capitale polonaise.

Le sujet des responsabilités polonaises dans le génocide est particulièrement sensible depuis le vote, l’an dernier, d’une loi mémorielle punissant jusqu’à trois ans de prison la mise en cause de l’État polonais dans le génocide. Sous la pression des Israéliens, la loi avait été finalement nettoyée de sa partie pénale. En échange, la Pologne et Israël avaient élaboré une déclaration commune blanchissant l’État ou la nation polonaise de crimes contre l’humanité.

Selon les historiens, des milliers de Polonais ont risqué leur vie pour protéger des Juifs durant la guerre mais des milliers d’autres ont tué ou dénoncé des Juifs, remettant ainsi en cause le récit national d’une Pologne seulement victime des nazis. Forte de plus de trois millions de personnes avant la Shoah, la communauté juive en Pologne est passée à moins de 10.000 membres.

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