Mossoul: encore 20.000 civils pris au piège des combats

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crédit: AFP

Les forces irakiennes s’acharnaient jeudi à chasser les derniers djihadistes de la vieille ville de Mossoul où jusqu’à 20.000 civils restent pris au piège des combats, plus de huit mois après le début de l’offensive pour reprendre la deuxième ville d’Irak.

Ces derniers jours, les autorités militaires et politiques irakiennes ne cessent de proclamer que la « victoire » est très proche à Mossoul, dont la reconquête infligerait un important revers au groupe djihadiste Etat islamique (EI).

L’organisation ultra radicale responsable d’atrocités et d’attentats meurtriers à travers le monde avait conquis en juin 2014, à son apogée, la cité septentrionale avec d’autres vastes régions en Irak. Aujourd’hui, elle ne contrôle plus qu’un petit réduit dans l’ouest de Mossoul et quelques zones ailleurs dans le pays. Dans leur dernier carré dans la vieille ville de Mossoul, dévastée par les combats, les djihadistes continuent d’opposer une résistance farouche en lançant notamment leurs kamikazes, dont des femmes, contre les forces irakiennes.

Jusqu’à 20.000 civils restent pris au piège dans ce secteur, a déclaré jeudi à l’AFP Lise Grande, la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Irak. « Nous estimons à ce stade qu’il pourrait y avoir jusqu’à 15.000 civils, peut-être même 20.000, dans les dernières poches de la vieille ville », a-t-elle précisé. Selon elle, les civils bloqués sont « en grand danger. Ils sont pris dans les bombardements et les échanges de tirs. Les combattants (de l’EI) les ciblent s’ils cherchent à partir ». « Et les conditions dans lesquelles vivent (les civils) sont terribles », avec des pénuries de toutes sortes, a-t-elle poursuivi. Quelque 700.000 civils ayant fui Mossoul sont toujours déplacés, selon elle.

Une reconquête de Mossoul, dernier grand bastion urbain des djihadistes en Irak, constituerait la plus importante victoire des troupes irakiennes face à l’EI depuis le début de leurs offensives qui ont drastiquement réduit les territoires des mains du groupe djihadiste. De plus, Mossoul a une portée très symbolique pour l’EI, son très discret chef Abou Bakr al-Baghdadi, y ayant fait son unique apparition en juillet 2014. La Russie a affirmé en juin avoir probablement tué Baghdadi dans un raid aérien en Syrie mais personne n’a ensuite confirmé sa mort. Soutenues par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, des dizaines de milliers de membres de l’armée, des unités d’élite antiterroristes et de la police fédérale irakiennes ont lancé le 17 octobre la bataille de Mossoul. L’aviation de chasse française a contribué à cette bataille avec 600 frappes, selon l’armée française.

Mardi, très confiant, le Premier ministre Haider al-Abadi avait félicité par avance le peuple et les militaires irakiens « pour avoir réussi une victoire majeure à Mossoul ». Et les commandants sur le terrain se disent près de la fin. La bataille a provoqué des destructions énormes dans la vielle ville en partie ruinée. Les forces irakiennes sont désormais à environ 200 mètres du fleuve Tigre, contre lequel sont acculés les derniers djihadistes retranchés dans des pâtés de maisons. « Nos ennemis utilisent des kamikazes à pied, surtout des femmes. Ils attendent également dans les maisons et se font exploser ou ouvrent le feu quand nous y entrons », a indiqué un commandant irakien à l’AFP. « C’est la seule stratégie qui leur reste ».

Alors que les civils continuent de fuir au fur et à mesure qu’avancent les forces irakiennes, ils sont fouillés pour s’assurer qu’aucun kamikaze ne s’est glissé parmi eux. Les forces irakiennes se déplacent vers le front par de petits passages aux trous creusés dans les murs des maisons, ou les fenêtres. La perte de Mossoul ne marquerait pas la fin de la guerre contre l’EI, qui contrôle encore des zones en Irak et en Syrie voisine où le groupe est aussi confronté à une offensive dans son fief de Raqa (nord).

Jeudi, des combattants arabes et kurdes syriens soutenus également par les Etats-Unis faisaient face à une résistance acharnée des djihadistes dans la vieille ville de Raqa, dans l’est de la cité, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). « Les djihadistes font exploser des voitures pour repousser leurs adversaires qui se déplacent d’un bâtiment à l’autre dans leur lente progression en direction du centre-ville », a précisé l’OSDH, en soulignant que l’EI contrôlait toujours 70% de Raqa. Selon l’ONG, les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui mènent l’assaut contre Raqa, ont reçu un nouveau lot d’armements américains -véhicules blindés, munitions et armes. Profitant de la guerre en Syrie et de l’instabilité politique et sécuritaire en Irak, l’EI s’est emparé en 2014 de vastes territoires en Irak et en Syrie, faisant de Mossoul et Raqa les principaux fiefs de son « califat », aujourd’hui en lambeaux.

Avec AFP

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