Mohamed Chaib, premier député d’origine marocaine au Parlement espagnol

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Mohamed Chaib. DR.

Connu sur la scène catalane pour avoir siégé durant une dizaine d’années au parlement de cette région autonome espagnole, Mohamed Chaib vient de franchir un palier supérieur dans sa carrière politique en devenant le premier député espagnol d’origine marocaine des Cortes Generales, le Parlement du royaume d’Espagne.
Membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Mohamed Chaib, ce natif de Tanger (1962) qui a émigré avec sa famille à Sant Boi de Llobregat près de Barcelone à l’âge de 4 ans, est devenu membre du Congrès des députés suite à l’adoption en juin de la motion de censure contre l’ex-gouvernement conservateur du Parti Populaire (PP) et qui a propulsé les socialistes au pouvoir.
La nomination de Meritxell Batet au poste de ministre de l’administration territoriale et de la fonction publique dans le nouveau gouvernement socialiste a permis à Chaib d’occuper son siège au Congés des députés.
En effet, le député d’origine marocaine s’était présenté sur la liste du PSOE menée par Batet lors des dernières élections générales espagnoles.
L’arrivée de Chaib au Congrès des députés espagnols est loin, toutefois, d’être le fruit du hasard. Elle est l’aboutissement d’une carrière politique longue et riche qui a commencé en 1995, année où il a adhéré au Parti socialiste de la Catalogne (PSC).
Ses débuts en politique ont été précédés en 1994 par la création de la Fondation Ibn Batouta, entité que Chaib avait mise en place pour œuvrer à promouvoir l’intégration des Marocains résidant en Catalogne et le rapprochement entre les cultures marocaine et espagnole.
Si sa grande sensibilité à l’égard des questions touchant les Marocains établis en Espagne a été pour beaucoup dans la création de cette fondation, elle l’a été aussi dans son entrée en politique.
Un projet d’intégration des jeunes Marocains et d’enseignement de la langue arabe et de la culture marocaine, présenté par la Fondation Ibn Battouta à la municipalité de Barcelone en 1995, a été d’ailleurs à l’origine de l’adhésion de Chaib au PSC.
« J’ai commencé à être en contact avec la politique grâce à une personne décédée en 2003 qui s’appelait José Ignacio Urenda, qui était un responsable dans la mairie de Barcelone dirigée par les socialistes à l’époque. Il avait soutenu un projet au profit de la communauté marocaine », confie Chaib à la MAP.
Il souligne aussi le rôle joué par un membre distingué du PSOE qui l’a beaucoup soutenu à ses débuts dans le parti, Anna Terron, qui a été eurodéputée pour deux mandats et secrétaire d’Etat espagnol à l’immigration sous le gouvernement du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero.
Diplômé en pharmacie après des études aux universités de Grenade et Barcelone, Chaib a travaillé pour une multinationale du secteur avant d’être élu en 2003 député au parlement régional de la Catalogne où il siégera pour deux mandats consécutifs jusqu’à 2010.
« J’avais hésité au début de me présenter dans les listes du PSC lors des élections régionales catalanes de novembre 2003, mais deux raisons principales m’ont poussé à accepter la proposition du parti », se rappelle Chaib.
Et de préciser qu’il a été motivé par l’ambition de prouver à la société catalane et espagnole qu’une personne d’origine marocaine issue de l’immigration pouvait siéger au parlement de Catalogne et qu’elle pouvait représenter non seulement les immigrés mais aussi les autres citoyens de la région.
« J’estimais très important de donner une autre image de l’immigration, qui était à l’époque un sujet de débat avec les arrivées massives de migrants en Espagne, comme c’est le cas aujourd’hui », a-t-il précisé.
Chaib fait savoir que l’autre raison l’ayant poussé à accepter de relever le défi était de donner une image positive aux jeunes Marocains issus de l’immigration.
« J’ai pensé que nos enfants devaient voir que quelqu’un qui s’appelle Mohamed a pu finir ses études et être élu député », a-t-il dit.
Chaib qualifie de très positive et enrichissante sa carrière de député au parlement catalan, une expérience qui a, selon lui, généré un grand espoir auprès d’une société catalane multiculturelle en général et de la communauté marocaine en particulier.
Evoquant la nouvelle expérience qu’il vient d’entamer en tant que député du Parlement espagnol, Chaib a indiqué qu’il l’envisage avec satisfaction et en même temps un sentiment de responsabilité.
Il a relevé qu’il compte œuvrer, de sa nouvelle mission et dans le cadre des décisions qui seront prises par son parti, pour le renforcement et l’élargissement des perspectives des excellentes relations unissant le Maroc et l’Espagne dans l’ensemble des domaines.
Membre de la Commission des sciences, innovation et universités au Congrès des députés, Chaib estime que son arrivée au Congrès des députés espagnol illustre par excellence l’idée que les Marocains d’Espagne, et les immigrés de manière générale, doivent se sentir et se comporter en tant que citoyens à part entière, en égalité de droits et de devoirs avec le reste des Espagnols.
« Je suis issu d’une famille modeste mais travailleuse. Je suis un Espagnol d’origine marocaine avec une identité à cheval entre l’Espagne et mon pays d’origine. A l’âge de 12 ans, j’ai du revenir à Tanger où j’ai étudié jusqu’au Baccalauréat au collège espagnol de la ville et aujourd’hui je suis député du parlement espagnol », a résumé Chaib, appelant les membres de la communauté marocaine à croire en leur rêves jusqu’au bout.
L’exemple de Chaib, comme ceux de tant d’autres politiques d’origine marocaine exerçant en Europe, montre clairement que vivre en accord avec les spécificités de sa culture d’origine et réussir son intégration dans le pays d’accueil sont complètement compatibles.

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