Mauritanie: un militant antiesclavagiste français refoulé

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Les autorités mauritaniennes ont refoulé vendredi le militant français antiesclavagiste Jean-Marc Pelenc à son arrivée à Nouakchott, mais il s’agissait d’une « erreur » et il pourra revenir « quand il le voudra », a annoncé l’instance officielle chargée de la défense des droits de l’homme dans ce vaste pays d’Afrique du Nord-Ouest.

Officiellement aboli en 1981, l’esclavage perdure en Mauritanie, bien que les sanctions aient été durcies en 2015. Jusqu’à 43.000 personnes, soit environ 1% de la population, étaient encore réduites en esclavage en 2016, selon un rapport publié en 2018 par Amnesty International.

La principale organisation antiesclavagiste mauritanienne, l’IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste), reste « non reconnue », malgré des signes d’ouverture du nouveau président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, au pouvoir depuis août, qui a fait de la lutte contre les disparités sociales l’une de ses priorités.

Vendredi matin, quatre membres de « IRA France Mauritanie », la branche française de l’association, ont atterri à Nouakchott. Après avoir passé les contrôles et obtenu son visa, le président de l’ONG française, Jean-Marc Pelenc, « a été interpellé à sa sortie de l’aéroport puis expulsé » vers la France, « sans explication », selon un porte-parole de l’IRA, Hamada Ould Lehbouss.

« Jean-Marc Pelenc est connu pour ses prises de position hostiles à la Mauritanie (…) et de ce fait il demeure interdit d’entrée en Mauritanie », avait ensuite déclaré l’AFP une source au ministère de l’Intérieur ayant requis l’anonymat.

Mais cette expulsion « est une erreur et il peut revenir quand il le voudra », a assuré en début de soirée le président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Ahmed Salem Bouhoubeyni.

« Le gouvernement m’a affirmé que personne n’est interdit d’entrer dans le pays, et que particulièrement les militants des droits de l’homme sont les bienvenus », a expliqué à un groupe de journalistes le président de la CNDH, une institution consultative indépendante, dont la direction est nommée par le gouvernement.

Selon lui, le nom du militant français figurait sur une liste ancienne dans le pays qui n’a pas été révisée et que « la police a automatiquement exécutée pendant la nuit ».

M. Pelenc devait notamment rencontrer le président et fondateur de l’IRA, le député Biram Ould Dah Ould Abeid, arrivé deuxième à la présidentielle en juin, selon l’ONG mauritanienne.

M. Ould Abeid, qui milite en faveur des descendants d’esclaves, communauté à laquelle il appartient, a été détenu à plusieurs reprises sous le régime de l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz (2009-2019). Il a salué en octobre la volonté du nouveau président de « consolider l’unité nationale », tout en mettant en garde contre des forces hostiles au changement au sein de l’appareil d’Etat.

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