Manifestations en Iran après une hausse des prix de l’essence

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Manifestations, Iran, pétrole

Des manifestations d’ampleur limitée ont eu lieu vendredi soir dans plusieurs villes d’Iran après l’annonce surprise par le gouvernement d’une hausse drastique des prix de l’essence en pleine crise économique, selon les médias iraniens.

La réforme a été présentée comme une mesure dont les bénéfices seront redistribués aux ménages en difficulté, dans un pays pétrolier dont l’économie –asphyxiée par les sanctions américaines– devrait se contracter de 9% en 2019.

Mais elle a immédiatement suscité des divisions, notamment sur les réseaux sociaux et au sein de la classe politique qui critique le moment choisi par le gouvernement, à quelques mois d’élections législatives, prévues en février.

Les manifestations ont été « importantes » dans la ville de Sirjan (centre), où « des gens ont attaqué un dépôt d’essence et ont essayé d’y mettre le feu » avant que la police n’intervienne pour les en empêcher, selon l’agence officielle Irna.

D’autres ont eu lieu à Machhad (nord), à Ahvaz, Chiraz et Bandar Abbas dans le sud, à Birjand dans l’est ainsi qu’à Gachsaran, Abadan, Khoramshahr et Mahshahr dans le sud-ouest.

Les manifestants ont bloqué des routes mais les rassemblements étaient d’une ampleur limitée et se sont dispersés vers minuit, a ajouté Irna.

Le président Hassan Rohani avait déjà tenté en décembre 2018 d’augmenter les prix de l’essence mais la mesure avait été bloquée au Parlement, alors que le pays était secoué depuis plusieurs jours par des manifestations inédites provoquées par la mise en place de mesures d’austérité.

« Pas un rial au Trésor »

Mais vendredi, le gouvernement iranien a annoncé une hausse d’au moins 50% du prix de l’essence, qui était jusqu’alors fixé à 10.000 rials, soit moins de huit centimes d’euros.

Pour les conducteurs détenteurs d’une carte pour faire le plein, le prix sera désormais de 15.000 rials (onze centimes d’euros) pour un maximum de 60 litres par mois et chaque litre supplémentaire coûtera 30.000 rials (22 centimes d’euros).

Ces cartes avaient été introduites en 2007 lorsque le gouvernement avait déjà tenté de réformer le système de subventions et de lutter contre la contrebande. Elles avaient été progressivement abandonnées, avant leur réintroduction en novembre 2018.

L’Iran est l’un des pays où l’essence est la plus subventionnée. Encouragée par les prix bas, la consommation de carburant est élevée, avec 90 millions de litres consommés par jour pour 80 millions d’habitants.

Les bénéfices de la hausse du prix de l’essence doivent être redistribués aux Iraniens qui font face à des difficultés économiques, soit près de 75% de la population, selon Hassan Rohani.

La mesure devrait rapporter 300.000 milliards de rials (environ 2,3 milliards d’euros) par an, selon le responsable de la Planification et du Budget, Mohammad Bagher Nobakht.

Les montants reversés à quelque 60 millions d’Iraniens iront de 550.000 rials (environ 4,2 euros au taux du marché libre) pour les couples à 2 millions de rials (15,8 euros) pour les foyers de cinq personnes et plus. Les premiers versements auront lieu sous 10 jours, selon M. Nobakht.

« Pas un rial n’ira au Trésor », a dit M. Rohani.

 

 « Impopulaire »

Selon M. Nobakht, la mesure a été décidée par le Haut conseil de la coordination économique, composé du président, du président du Parlement et du chef de la justice.

L’inflation est de plus de 40% en Iran et, selon le Fonds monétaire international (FMI), l’économie doit se contracter de 9% cette année, avant d’afficher 0% de croissance en 2020.

La faiblesse des prix du carburant entraîne par ailleurs une forte contrebande, estimée –selon Irna– à entre 10 et 20 millions de litres par jour, écoulés principalement au Pakistan voisin où les carburants se vendent plus chers.

La contrebande a aussi été dopée par la chute du rial sur le marché des changes, liée pour partie aux sanctions économiques rétablies à partir de 2018 par les Etats-Unis, après leur retrait de l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015.

M. Rohani a indiqué vendredi avoir résisté à des appels au gouvernement à augmenter les prix de l’essence au niveau d’autres pays dans la région pour lutter contre la contrebande, affirmant que cela ferait augmenter l’inflation.

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