Manifestation monstre à Washington pour le contrôle des armes à feu
Publié leDes centaines de milliers de personnes se sont rassemblées samedi dans la capitale fédérale à l’appel des survivants de la tuerie de Parkland en Floride.
«Nos enfants seront bientôt des électeurs»
Un gamin de 5 ans juché sur les épaules de son père brandit une pancarte qui dit: «Je suis petit mais j’ai une grosse voix». Le papa, lui, a écrit: «Nos enfants seront bientôt des électeurs». En différents points du parcours, des volontaires proposent d’enregistrer sur les listes électorales ceux qui pourront voter aux législatives de mi-mandat, en novembre. Derrière l’organisation ultraprofessionnelle du rassemblement, le show scénarisé avec pop stars et vidéos, l’objectif majeur de la journée est ouvertement politique: créer une force qui pousse les élus à agir – ou les remplace.
Un groupe de jeunes chante: «Que voulons-nous? Un contrôle des armes! Quand le voulons-nous? Maintenant!» «Personnellement je ne suis pas favorable au 2ème Amendement (consacrant le droit d’être armé), explique Jannie Pencinenga, institutrice à l’École primaire Lafayette de Manalapan, dans le New Jersey. Mais je suis consciente que les progrès ne pourront être que progressifs. En attendant, je suis pour toutes les mesures que l’on peut prendre: contrôles renforcés avant l’achat d’une arme, relèvement de l’âge légal, interdiction de la vente aux déséquilibrés mentaux…» A côté d’elle, une jeune fille brandit un panneau disant: «Les maladies mentales sont universelles, mais les tueries sont américaines.»
Bienvenue à la révolution, proclame au micro Cameron Kasky, l’un des fondateurs du mouvement #NeverAgain (Plus jamais ça) lancé par les survivants de la tuerie de Parkland – 17 morts le 14 février dernier en Floride. Nous sommes le changement! Ma génération a passé toute sa vie à faire des exercices en cas de tuerie. Le peuple veut une loi! Les électeurs arrivent. Cette marche n’est pas l’apogée, c’est le début. Si vous pensez qu’aujourd’hui est un beau jour, attendez demain».
96 personnes tuées chaque jour par des armes à feu
«Ces gamins sont incroyables, s’extasie dans la foule Marjorie Wilson, venue de New York avec son petit-fils Johnnie, 13 ans. Moi j’ai fait 1968 contre la guerre du Vietnam, je considère que c’était mon devoir de permettre à Johnnie de vivre ça.» L’adolescent timide dit simplement: «Je suis content de participer à cette journée historique». Sur un bout de carton il a écrit: «Merci aux leaders étudiants».
«L’hiver est fini, s’exclame à la tribune David Hogg, un autre leader du lycée Stoneman Douglas de Parkland. 96 personnes sont tuées par des armes à feu chaque jour dans notre pays. Nous allons nous débarrasser de ceux qui ne servent que le lobby des armes.» Naomie Wadler, 11 ans, venue en voisine d’Alexandria, en Virginie, lance: «Je suis peut-être toujours à l’école primaire mais je sais faire la différence entre le bien et le mal!»
Six minutes de silence
Donald Trump a déserté la Maison-Blanche, à quelques pâtés de maison de la manifestation, mais les échos de celle-ci lui sont parvenus jusque dans sa villégiature de Mar-a-Lago en Floride. «Nous applaudissons les nombreux jeunes Américains pleins de courage qui exercent leur droit au 1er Amendement aujourd’hui», déclare un communiqué de Lindsay Walters, porte-parole adjointe, en référence à la liberté d’expression.
«La sécurité de nos enfants est une priorité majeure du président et c’est la raison pour laquelle il a pressé le Congrès de passer la loi contre la violence à l’école, qu’il a promulguée. En outre, ajoute la déclaration officielle, le département de la Justice a décrété vendredi une interdiction des «bump-stocks» (système de blocage de la détente), conformément à l’engagement du président d’interdire les accessoires qui transforment des armes légales en mitrailleuses illégales».