L’incendie de Londres retarde l’annonce d’un accord de gouvernement

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La Première ministre britannique Theresa May poursuivait mercredi les négociations pour retrouver une majorité absolue au Parlement et respecter le calendrier du Brexit, mais aucun accord ne devrait être immédiatement annoncé en raison de l’incendie meurtrier de Londres.

Désormais sans majorité absolue depuis les législatives du 8 juin, qu’elle avait elle-même convoquées pour renforcer sa position face à des travaillistes supposés affaiblis, Theresa May est en effet contrainte de courtiser le petit parti nord-irlandais du DUP, dont les dix élus lui permettraient d’atteindre les 326 sièges requis pour avoir le contrôle du Parlement.

Les discussions, qui ont lieu depuis plusieurs jours, « continuent mais je crois que ce qui se passe à Londres aujourd’hui aura probablement un impact », a déclaré à l’AFP un porte-parole du DUP, en référence à l’incendie qui a ravagé une tour de logements sociaux, faisant au moins six morts et 74 blessés dont une vingtaine dans un état critique. « Je pense qu’il est peu vraisemblable qu’il y ait une annonce aujourd’hui », a ajouté le porte-parole.

Une première rencontre entre Theresa May et Arlene Foster, la dirigeante du DUP, s’est tenue mardi après-midi, sans aboutir à un accord. Les échanges ont cependant été qualifiés de « productifs » par la Première ministre. « J’espère que nous pourrons atteindre une conclusion au plus vite », a de son côté affirmé Arlene Foster.

Selon des sources au sein du DUP citées par le quotidien The Guardian, l’accord serait finalisé à « 95% ». Theresa May doit au plus vite remettre sa majorité et son gouvernement en ordre de marche pour pouvoir affronter les négociations de sortie de l’Union européenne.

Pressée par les dirigeants européens d’avancer sur le dossier, May a voulu les rassurer: « Le calendrier pour les négociations du Brexit est maintenu et elles commenceront la semaine prochaine », a-t-elle déclaré mardi à Paris, alors que le président français Emmanuel Macron venait de redire son souhait que ces négociations « démarrent le plus rapidement possible ». Ces négociations sont censées commencer le 19 juin mais rien n’est moins sûr désormais.

Mercredi encore, Guy Verhofstadt, le référent du Parlement européen sur la question, a estimé sur Twitter qu’il était « temps de débuter les négociations », et demandé au gouvernement britannique de clarifier sa position sur le Brexit après le résultat des législatives.

«Coalition du chaos»

Sur le plan national, l’opposition du DUP au mariage homosexuel et à l’avortement suscitent le malaise au Royaume-Uni, tandis que l’Irlande s’inquiète de voir une telle alliance remettre en cause le fragile équilibre des pouvoirs qui règne en Irlande du Nord.

Le chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn a raillé mardi cette tentative d’alliance entre les deux formations, qui constituerait selon lui une « coalition du chaos ».

L’ancien Premier ministre conservateur John Major a lui aussi exprimé ses inquiétudes, estimant que le gouvernement « ne sera pas considéré comme impartial » en Irlande du Nord s’il s’allie avec le DUP.

Le Sinn Féin, la formation historique des nationalistes catholiques, s’est également montré très attentif à ces négociations. « Ces arrangements sont troublants », a déclaré à l’AFP Michelle Gildernew, l’une des sept membres du parti élus au parlement.

Theresa May a tenté de contenir ces craintes en promettant mardi que son gouvernement serait « absolument loyal » aux engagements pris envers l’Irlande du Nord.

May et Arlene Foster pourraient également devoir accorder leurs vues sur le Brexit.

La cheffe du gouvernement a en effet prôné jusqu’ici un Brexit « dur », impliquant notamment une sortie du marché unique européen. A l’opposé, le DUP est lui favorable à un Brexit « doux » pour éviter le retour d’une frontière physique avec la République d’Irlande.

L’ancien Premier ministre conservateur David Cameron est entré dans le débat en estimant que May allait devoir « adoucir » son approche sur le Brexit et donner plus de responsabilités au Parlement, dans le Financial Times.

« L’intérêt national exige d’impliquer tous les partis », a également jugé l’ancien ministre conservateur Ken Clarke, sur la BBC.

 

Par Edouard Guihaire (AFP)

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