Liban: le Premier ministre désigné Saad Hariri jette l’éponge

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Le Premier ministre désigné au Liban, Saad Hariri, a annoncé jeudi qu’il renonçait à former un gouvernement près de neuf mois après avoir été nommé et au moment où le pays est confronté à la pire crise socio-économique de son histoire.

M. Hariri devait mettre en place une équipe censée lancer des réformes indispensables pour débloquer notamment des aides internationales cruciales.

Il a indiqué jeudi à la presse avoir rencontré le président Michel Aoun, qui réclamait des amendements à la liste du gouvernement auxquels il s’opposait.

« Il est clair que la position (de Michel Aoun) n’a pas changé et que nous ne serons pas en mesure de nous mettre d’accord », a-t-il déclaré. « Je lui ai proposé plus de temps pour réfléchir et il a dit +Nous ne pourrons pas nous mettre d’accord+. C’est pourquoi je me suis excusé de ne pas pouvoir former le gouvernement, que Dieu aide le pays », a-t-il ajouté.

La présidence a de son côté affirmé dans un communiqué que M. Hariri « n’était prêt à discuter d’aucun amendement ». « Quel est l’intérêt d’un jour supplémentaire si la porte des discussions est close? », a-t-elle répondu.

Michel Aoun doit désormais convoquer de nouvelles consultations pour choisir un chef de gouvernement en l’absence de candidat au poste. Les partis politiques entameront ensuite leurs traditionnels marchandages, souvent interminables, pour former un gouvernement dans ce pays multiconfessionnel mis en coupes réglées par les barons des diverses communautés.

 

– Désaccords récurrents –

 

MM. Aoun et Hariri ont plusieurs fois affiché leurs désaccords ces derniers mois, notamment au cour d’une passe d’armes publique en mars.

M. Hariri reprochait au président d’entraver la formation du gouvernement en cherchant à imposer une répartition « confessionnelle et partisane » des portefeuilles. Le Premier ministre désigné réitérait lui son attachement à un gouvernement de technocrates, réclamé à l’international. La président avait exprimé son « étonnement » face à ces propos.

Trois fois Premier ministre, Saad Hariri, avait été désigné chef de gouvernement le 22 octobre 2020, un an après sa propre chute sous la pression d’un soulèvement populaire inédit.

Le gouvernement actuel, chargé des affaires courantes, a démissionné après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth le 4 août 2020, un coup de grâce pour une population déjà à genoux.

La livre libanaise n’a cessé de dégringoler sur le marché noir, entraînant une hausse massive des prix. Officiellement arrimée au dollar, à 1.507 livres pour un billet vert, elle se vendait plus de 20.000 livres pour un dollar sur le marché noir après l’annonce de M. Hariri, contre 19.700 jeudi matin.

Ce niveau record a entraîné de nouvelles manifestations et des blocages de routes.

Plus de la moitié de la population vit actuellement sous le seuil de pauvreté et le pays, à court de devises, fait face à de nombreuses pénuries (médicaments, carburant, etc.) et à des délestages électriques atteignant plus de 20h par jour.

 

– Négligence –

 

Avant M. Hariri, Moustapha Adib, nommé après l’explosion au port pour former un gouvernement, avait lui aussi échoué face à la résistance des partis à sa proposition de cabinet.

La déflagration a été déclenchée par un incendie dans un entrepôt au port qui abritait des tonnes de nitrate d’ammonium stockées « sans mesures de précaution » de l’aveu même des autorités. Outre les plus de 200 morts, l’explosion a fait plus de 6.500 blessés et détruit des quartiers entiers de Beyrouth.

Une enquête locale n’a toujours rien donné et aucun responsable n’a eu à rendre des comptes.

L’explosion a été largement imputée par la population à la négligence et à la corruption de l’ensemble de la classe politique.

Les forces de sécurité ont tiré mardi des gaz lacrymogènes contre des manifestants qui protestaient devant la résidence à Beyrouth d’un ministre accusé de bloquer l’enquête sur l’explosion.

Celui-ci a rejeté la requête du juge d’instruction chargé de l’enquête, Tarek Bitar, d’auditionner le directeur de la puissante Sûreté générale.

M. Bitar a également demandé au Parlement de lever l’immunité de trois députés qui ont occupé des postes ministériels « en vue d’intenter des poursuites pour potentielle intention d’homicide » et « négligence et manquements ». Le Parlement a alors réclamé des « preuves » supplémentaires avant de lever l’immunité, ce que le juge a refusé.

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