L’Etat biélorusse arrête un opposant après avoir dérouté un vol commercial de Ryanair

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L’Etat de Biélorussie a envoyé dimanche un chasseur intercepter un avion de ligne à bord duquel se trouvait un militant de l’opposition qui, selon cette dernière, a été interpellé à son arrivée à Minsk par les services de sécurité du régime d’Alexandre Loukachenko.

Le média d’opposition Nexta a affirmé que son ancien rédacteur en chef Roman Protassevitch avait été arrêté après l’atterrissage d’urgence à l’aéroport de la capitale de la Biélorussie de cet appareil, un Boeing 737 de la compagnie Ryanair en provenance d’Athènes et avec pour destination Vilnius en Lituanie.

Le ministère biélorusse de l’Intérieur a confirmé dans un premier temps cette interpellation sur Telegram, avant de supprimer ce message, a constaté une journaliste de l’AFP.

Selon les autorités, l’avion a dévié de sa trajectoire à cause d’une « alerte à la bombe ». Nexta a affirmé que l’atterrissage d’urgence avait été suscité par une « bagarre » déclenchée par des agents des services de sécurité biélorusses, présents à bord et qui affirmaient qu’un engin explosif se trouvait dans l’appareil.

L’aéroport de Minsk, cité par l’agence de presse officielle Belta, a affirmé que l’alerte à la bombe s’était révélée « erronée » après une fouille du Boeing.

Le président Alexandre Loukachenko a quant à lui donné l’ordre personnellement à un avion de chasse MiG-29 d’intercepter l’avion après cette alerte, a dit son service de presse.

 

Lire aussi: Bélarus: une « Marche de la Liberté » attendue à Minsk

 

A l’été et à l’automne derniers, M. Loukachenko a été confronté à mouvement de contestation historique ayant rassemblé pendant plusieurs semaines des dizaines de milliers de personnes à Minsk et dans d’autres villes, une mobilisation énorme pour un pays d’à peine 9,5 millions d’habitants.

Mais la protestation s’est progressivement essoufflée face à des arrestations massives, des violences policières ayant fait au moins quatre morts, un harcèlement judiciaire permanent et de lourdes peines de prison infligées à des militants et à des journalistes.

 

– « Bagarre avec le KGB » –

 

En novembre dernier, les services de sécurité biélorusses (KGB), hérités de la période soviétique, avaient placé M. Protassevitch et le fondateur de Nexta, Stepan Poutilo, sur la liste des « individus impliqués dans des activités terroristes ».

L’actuel rédacteur en chef de Nexta, Tadeusz Giczan, a assuré que des agents du KGB biélorusse étaient à bord de l’appareil.

« Quand l’avion est entré dans l’espace aérien biélorusse, les officiers du KGB ont déclenché une bagarre avec le personnel de Ryanair », a affirmé M. Giczan, les agents soutenant qu’une bombe était à bord.

Contactée par l’AFP, une porte-parole des aéroports lituaniens a dit avoir reçu comme première explication de le part de l’aéroport de Minsk un conflit entre des passagers et l’équipage.

 

– « Peine de mort » –

 

Roman Protassevitch est l’ancien rédacteur en chef de Nexta, un média ayant joué un rôle clé dans la récente vague de contestation de la réélection en 2020 du président Alexandre Loukachenko, qui occupe ces fonctions depuis 1994.

Fondé en 2015, Nexta (« Quelqu’un » en biélorusse) avait notamment coordonné les rassemblements à travers la Biélorussie, diffusant des mots d’ordre et permettant de partager les photos et les vidéos des rassemblements et des violences.

L’arrestation du militant a été immédiatement condamnée par la figure de l’opposition biélorusse en exil, Svetlana Tikhanovskaïa. Sur Twitter, elle a assuré que le régime avait « forcé » à l’atterrissage l’avion de Roman Protassevitch qui, selon elle, « encourt la peine de mort ».

L’ancienne république soviétique de Biélorussie est le dernier pays en Europe à appliquer la peine capitale.

L’Allemagne a réclamé une « explication immédiate » après le déroutage de l’avion.

Le président de la Lituanie, Gitanas Nausėda, a quant à lui dénoncé sur Twitter « un événement sans précédent », accusant le régime biélorusse d’avoir été derrière « cet acte abject ».

La répression en cours en Biélorussie a valu à Minsk une batterie de sanctions occidentales qui ont conduit Alexandre Loukachenko à se rapprocher davantage de son homologue russe Vladimir Poutine.

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