Les premiers "gilets jaunes" sur les Champs-Elysées, la mobilisation en question

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(Photo by Lucas BARIOULET / AFP)

Les premiers « gilets jaunes » convergeaient samedi vers les Champs-Elysées, encadrés par un imposant dispositif sécuritaire, pour un cinquième samedi de manifestation à hauts risques, après les violences des derniers week-ends, qui aura valeur de test pour Emmanuel Macron, qui peine à endiguer la colère malgré une série de concessions en faveur du pouvoir d’achat.
« La dernière fois, on était là pour les taxes, cette fois, c’est plus pour les institutions: on veut plus de démocratie directe », résume Jérémy, intérimaire de 28 ans venu depuis Rennes (ouest) « gueuler pour se faire entendre ». Dans un froid mordant, des manifestants arrivaient par groupe peu après 08H00.
Les manifestations ont réuni 136.000 personnes sur l’ensemble de la France lors des deux derniers samedis. Mais elles ont surtout été marquées par des scènes de guérilla urbaine, en particulier à Paris, des images qui ont fait le tour du monde.
Cette crise sociale inédite, la pire de l’ère Macron, pèse de plus lourdement sur l’économie, dont la croissance, déjà faible en France, sera ainsi inférieure aux prévisions.
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Autour de l’arc de Triomphe, qui avait été mis à sac le 1er décembre, des fourgons de gendarmes mobiles étaient positionnés dès l’aube, tandis qu’un canon à eau était aperçu sur les Champs-Elysées, devenus au fil des semaines l’épicentre des manifestations. Quelque 8.000 membres des forces de l’ordre ont été déployés dans la capitale, appuyés par 14 véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG).
Aux abords des Champs, à la brasserie « Le vin coeur », Maria, la responsable, craignait de nouvelles dégradations. « Dès que ça gaze, on a ordre de fermer et de remonter le store de la terrasse », témoigne-t-elle. Pour elle, « qu’ils manifestent, pas de souci, mais cette casse, c’est affligeant ».
« On s’attend à un mobilisation un peu moindre mais avec des individus un peu plus déterminés », a déclaré vendredi soir le secrétaire d’État à l’Intérieur Laurent Nuñez.
Un « gilet jaune » du Vaucluse (sud), Christophe Chalençon, qui fait pourtant partie des représentants « constructifs » du mouvement, a appelé à « devenir encore plus ferme », prévoyant de manifester samedi « jusqu’à la démission » du président.
« Ca passe ou ça casse » 
Emmanuel Macron, vilipendé dans les manifestations, a lancé vendredi un appel à un retour au « calme », à « l’ordre » et à « un fonctionnement normal » du pays.
Déterminé à ce que ce mouvement ne sonne pas le glas de son ambition programme de réformes, largement contesté, le président a fait une série de concessions aux « gilets jaunes », dont la plus emblématique porte sur une hausse de 100 euros des aides sociales versées à ceux qui touchent le salaire minimum, ont été diversement reçues par le mouvement, qui réclame moins de taxes et plus de pouvoir d’achat.
« 100 euros de plus, c’est du flan, ça ne concerne qu’une minorité de personnes », a regretté samedi Ludovic, 40 ans, conditionneur cariste venu manifester à Paris.
Après l’attentat jihadiste de Strasbourg mardi qui a fait quatre morts, les appel à ne pas manifester, notamment au sein de la majorité et du gouvernement, ont aussi été rejetés par une partie des « gilets jaunes », n’y voyant aucun rapport.
Si les modérés, représentés par le collectif des « gilets jaunes libres » ont appelé à une « trêve » et estimé que « le temps du dialogue est venu », d’autres ont affiché leur détermination à redescendre dans la rue pour obtenir de nouvelles avancées sociales et économiques.
« Ca passe ou ça casse », résume le quotidien Le Parisien. « Macron mise sur la concertation pour éteindre la contestation », écrit Le Figaro.
Environ 69.000 membres des forces de l’ordre ont été déployés à travers la France, contre 89.000 samedi dernier. En régions où de nombreuses manifestations sont annoncées, des renforts sont prévus là ont eu lieu des violences, comme Bordeaux ou Toulouse, dans le Sud-Ouest.
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De nouveau, des contrôles en amont doivent avoir lieu sur les routes, dans les gares et les transports en commun menant vers Paris et les manifestants en possession de projectiles susceptibles d’être lancés contre les forces de l’ordre seront placés en garde à vue.
Samedi dernier, près de 2.000 personnes avaient été interpellées, un record.
Mais, signe que la tension retombe un peu, la Tour Eiffel, les musées du Louvre, d’Orsay et le Grand palais, fermés samedi dernier, restent ouverts, tout comme les grands magasins à l’approche de Noël.
Les images de Paris en état de siège, avec feux de véhicules, barricades et gaz lacrymogène, ont fait le tour du monde.
A Bordeaux, l’office de tourisme a annulé toutes ses visites guidées prévues samedi après-midi et fermera ses portes à la mi-journée. De nombreux services et établissements culturels publics garderont leurs portes closes.

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