Les Autrichiens plébiscitent Sebastian Kurz et les Verts, sanctionnent l’extrême droite

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Austria's Federal Chancellor Sebastian Kurz arrives at a European Union leaders summit in Brussels, Belgium, March 22, 2018. REUTERS/Francois Lenoir - UP1EE3M13JV4O

Le leader conservateur Sebastian Kurz, 33 ans, a remporté les élections législatives autrichiennes dimanche, selon les projections, signant son probable retour à la chancellerie dans un paysage politique bouleversé par la débâcle de l’extrême droite et le retour fracassant des Verts.

Quatre mois après avoir été renversé par le scandale de l’Ibizagate, M. Kurz a réussi son pari, améliorant même son score de 2017. Mais l’ex-chancelier fait face à une constellation politique complètement nouvelle qui laisse présager de délicates négociations pour former une coalition.

Portés par la mobilisation internationale sur l’urgence climatique, les Verts enregistrent une progression fulgurante, crédités de 14% des suffrages, et sont pour la première fois en position de sceller une alliance avec le vainqueur.

A l’inverse, l’extrême droite FPÖ, qui a gouverné jusqu’en mai avec les conservateurs, semble sortie du jeu: le parti perdrait environ dix points (16%) et a déjà annoncé qu’il se voyait passer dans l’opposition à Sebastian Kurz.

Les premières discussions entre les responsables des partis débuteront dans le courant de la semaine, après validation des résultats définitifs.

Le parti conservateur ÖVP aborde ces négociations en position de force avec environ 37% des suffrages, presque six points de plus qu’il y a deux ans, selon les projections de la télévision publique ORF. Ce succès a laissé Sebastian Kurz « sans voix » et le jeune leader n’a donné aucun indice dimanche soir sur ses choix à venir.

FPÖ à reconstruire

Son premier gouvernement, formé en 2017 avec le FPÖ, n’avait pas résisté à des révélations compromettantes pour l’ex-chef des nationalistes et numéro deux du gouvernement, Heinz-Christian Strache, piégé dans une vidéo qui le montrait à Ibiza proposant des marchés publics à une fausse oligarque russe en échange de fonds occultes.

Après cet « Ibizagate », le gouvernement avait implosé en mai, au bout de 18 mois de mandat, entraînant la tenue de ces élections anticipées.

Le FPÖ essuie donc un vote-sanction pour le chaos provoqué par l’Ibizagate, auquel se sont ajoutés, dans les derniers jours de la campagne, des soupçons de détournements de fonds au sein du parti.

Le parti, qui enregistre son plus faible score depuis 2002, est « à reconstruire », a reconnu son nouveau chef Norbert Hofer, estimant ne « pas être en position » de discuter d’une nouvelle alliance gouvernementale.

Resteraient deux possibilités pour l’ex-chancelier: revenir à la sage coalition avec les sociaux-démocrates, arrivés en seconde position avec le plus mauvais score de leur histoire (22% selon les projections), ou opérer un visage à 180 degrés en s’alliant avec les Verts.

Aucune de ces deux formations ne s’est montrée dimanche particulièrement pressée de gouverner avec le chef des conservateurs, qui a imposé une ligne dure sur l’immigration et fait du refus de nouveaux impôts l’un de ses marqueurs idéologiques.

Kurz voit vert

Le chef des Verts autrichiens a averti qu’il n’envisageait une coalition avec Sebastian Kurz que si ce dernier effectuait un « changement politique radical ».

Werner Kogler a réclamé notamment un virage sur les questions d’environnement, mais aussi sur « la lutte contre la corruption » et « la pauvreté ». « Nous sommes encore à mille lieux » d’une coalition avec la droite, a-t-il prévenu.

Les partis écologistes ont créé ces derniers mois la surprise dans les urnes dans plusieurs pays de l’Union européenne, comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou la France, où le mouvement citoyen « Fridays for future » a dopé leur popularité.

En Autriche, les sujets climatiques ont éclipsé la thématique de l’immigration lors de la campagne électorale et Sebastian Kurz a entamé un rapprochement sur un programme gouvernemental commun avec les Verts.

Ces derniers gouvernent déjà plusieurs régions avec la droite, mais les concessions de part et d’autre devraient être si nombreuses que ce scénario de coalition laisse beaucoup d’observateurs sceptiques.

Plusieurs figures influentes de l’ÖVP font aussi pression pour que Sebastian Kurz étudie le retour à une « grande coalition » avec les sociaux-démocrates, une formule ayant gouverné l’Autriche durant 44 ans depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Mais l’ex-chancelier sait qu’il perdrait en popularité chez des électeurs qui ne veulent plus entendre parler de ce « vieux couple » usé par les désaccords et les inimitiés personnelles.

L’une des préoccupations principales des Autrichiens est un retour à la stabilité: « Nous avons eu trop de chaos ces derniers mois », a confié à l’AFP une électrice viennoise, Clara Heisinger.

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