Le président du groupe d’amitié France-Maroc, Mustapha Laabid, poursuivi pour abus de confiance

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Mustapha Laabid. DR.

Le député LREM d’Ille-et-Vilaine Mustapha Laabid, poursuivi pour abus de confiance, a reconnu lundi devant le tribunal correctionnel de Rennes une gestion «maladroite et approximative» des fonds de l’association qu’il présidait, tout en récusant toute volonté d’enrichissement personnel.

Mustapha Laabid, 50 ans, est soupçonné d’avoir utilisé à des fins personnelles des fonds du collectif Intermède, association d’insertion professionnelle dans les quartiers défavorisés, financée uniquement par subventions publiques, qu’il présidait jusqu’à son élection en 2017. Le montant du préjudice présumé est de 21.930 euros, entre 2015 et 2017. Le parquet a requis six mois de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité. Une enquête avait été ouverte à la suite d’un signalement, en octobre 2017, de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy.

L’accusation reproche à Mustapha Laabid d’avoir utilisé les fonds de l’association pour ses dépenses personnelles, dont 15.000 euros de repas, des achats dans des commerces, des frais de téléphonie et d’hôtels. Autant de dépenses «dont le lien avec l’association est incertain», a relevé la présidente du tribunal, Véronique Lanneau. Enumérant les courses réalisées avec la carte de l’association – lait Ribot, gel douche, couches culottes, yaourts à boire, jouets pour enfants, etc – Mme Lanneau a estimé qu’elles relevaient davantage de «courses familiales» que de dépenses pour une association d’aide à l’insertion professionnelle.

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«Je n’ai jamais fait de courses personnelles sur le compte de l’association», s’est d’abord défendu M. Laabid, assurant que chaque dépense était liée à un événement de l’association, avant de reconnaître qu’il avait pu y avoir des «négligences dans la gestion», citant notamment l’achat d’articles de sport. S’il a reconnu avoir réglé avec la carte de l’association des frais d’hôtel à Marrakech, où il passait des vacances en famille, il a assuré que c’était parce que sa carte personnelle «ne passait pas», ajoutant avoir ensuite remboursé l’association.

«Je suis profondément honnête», a déclaré le député, larmes aux yeux, reconnaissant qu’il aurait dû faire appel à un expert-comptable. Le procureur a souligné que ces «manquements réitérés» ne pouvaient être uniquement considérés comme des erreurs mais bien comme des détournements volontaires. L’avocat du prévenu, Me William Pineau, a lui dénoncé une «enquête à charge», soulignant que Laabid avait permis le retour vers l’emploi de plus de 8.000 jeunes. Il a également pointé la concomitance du signalement de Tracfin et de l’élection de Laabid, tout en reconnaissant des «négligences simples et un manque de rigueur». Le tribunal rendra sa décision le 6 août.

L’homme politique de 50 ans a étudié le droit à l’université de Rennes avant de s’engager en politique en 2017. Il remporte le second tour de l’élection législative avec 58,87% et devient membre de la commission des affaires sociales et de la délégation de l’Assemblée nationale aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Il succède à Luc Chatel et devient le nouveau président du groupe d’amitié France-Maroc.

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