L'auteur marocain de l'attaque du Thalys dit «regretter» de n'avoir «pas pu tuer»

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Interrogé devant le juge d’instruction, Ayoub El Khazzani a expliqué que lors de l’attaque du Thalys Amsterdam-Paris, le 21 août 2015, «à la dernière minute», il n’avait «pas pu tuer» les «Américains» qu’il visait. Ce qu’il a «regretté» une fois placé en garde à vue, rapporte France Inter.

21 août 2015. Ayoub El Khazzani, un Marocain de 25 ans, profite d’un arrêt du Thalys 9364 Amsterdam-Paris à Bruxelles pour monter dans le train, muni d’un véritable arsenal: une Kalachnikov, 270 munitions, un cutter, une arme de poing, un bidon d’essence… À sa sortie des toilettes, un homme tente de le désarmer. Le terroriste tire à plusieurs reprises, blessant un passager. Deux Américains et un Britannique interviennent et réussissent à le maîtriser à l’issue d’une lutte au cours de laquelle un des «héros du Thalys» est blessé.
Muré dans le silence après son arrestation, Ayoub El Khazzani se décide finalement à parler en décembre 2016. Lors d’un interrogatoire devant un juge d’instruction, celui que l’on surnomme souvent «le tireur du Thalys» confirme alors qu’il connaît bien Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats de Paris et Saint-Denis, décédé en novembre 2015. Il indique également qu’il avait «une cible particulière» et qu’il n’avait «jamais voulu s’en prendre à des civils».

«J’ai pas pu tuer»
Les interrogatoires se poursuivent ensuite tout au long de l’année 2017. Le contenu de l’un d’eux, celui du 23 novembre 2017, vient d’être révélé par France Inter. Selon la radio, Ayoub El Khazzani confirme que c’est Abdelhamid Abaaoud qui lui a donné l’ordre d’attaquer le train. «Il m’a dit que la cible était le Thalys, où je devais attaquer des Américains», confie au juge d’instruction le jeune homme, qui précise qu’il a refusé la ceinture d’explosifs proposée par Abaaoud, arguant qu’il était «contre le fait de massacrer des gens».
«Je me suis dirigé vers les Américains. À un moment, un Américain, un grand, m’a fixé, il était loin de moi. Je l’ai vu de face et je n’ai pas pu le tuer, reprend le Marocain. Personnellement, j’ai pas pu tuer. J’avais deux armes avec moi. Intérieurement, j’étais détruit psychiquement, mais à la dernière minute, je n’ai pas pu». Ce qu’il regrette une fois placé en garde à vue: «Très honnêtement, j’ai regretté de ne pas avoir tué, après avoir vu tout ce qui se passe en Syrie».
Le suspect garde désormais le silence
Interrogée par Le Figaro, Me Sarah Mauger-Poliak, avocate d’Ayoub El Khazzani, confime les déclarations de son client auprès du juge d’instruction. «Il a toujours dit qu’au moment de passer à l’action, il avait pris conscience de ce qu’il allait faire, et avait réalisé qu’il n’en était pas capable. Quant à ce qu’il a dit en garde à vue («J’ai regretté de ne pas avoir tué», ndlr) c’était il y a trois ans, son état d’esprit a radicalement changé depuis. Il a beaucoup de regrets et de remords», assure l’avocate.
Me Mauger-Poliak déplore d’ailleurs que les investigations se concentrent sur le parcours de son client, et «moins» sur ce qu’il s’est passé le 21 août 2015. «De nombreuses zones d’ombres susbsistent, alors que pour une fois, on est face à quelqu’un qui souhaite s’expliquer», déclare celle qui ne décolère pas après le refus de la justice de procéder à une reconstitution des événements. Par ailleurs, «face au rejet de toutes les demandes qu’il a pu effectuer, alors même qu’il collabore», Ayoub El Khazzani a dorénavant décidé de garder le silence.

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