La tension monte en Libye à l’approche des élections

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La ministre des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, interdite de quitter le territoire (Photo by YASSER AL-ZAYYAT / AFP)

Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, a défendu dimanche sa cheffe de la diplomatie suspendue et interdite de voyager, des mesures illustrant les tensions croissantes au sein du pouvoir intérimaire à l’approche d’élections cruciales. 

Samedi, le Conseil présidentiel (CP) a annoncé la suspension de la ministre des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, avec interdiction de quitter le territoire, d’ici à la remise sous 14 jours d’un rapport sur des « irrégularités administratives » qu’elle aurait commises.

Une commission d’enquête doit vérifier si elle n’a pas pris « des décisions d’ordre politique sans consulter » le CP, l’organe présidentiel libyen.

La réaction de M. Dbeibah ne s’est pas faite attendre. « La nomination, le limogeage, la suspension ou la mise en examen d’un membre de l’Exécutif, (…) relèvent des prérogatives exclusives du Premier ministre », a-t-il affirmé dans un communiqué.

Les mesures à l’encontre de Mme Mangoush ont été décidées par le CP à quelques jours de la tenue le 12 novembre à Paris d’une conférence internationale sur la Libye qui discutera de l’élection présidentielle, la toute première au suffrage universel prévue le 24 décembre, devant être suivie un mois plus tard par des législatives.

Le Premier ministre a donné instruction à Mme Mangoush d’ignorer la suspension, de « poursuivre son action » et a réitéré « son appréciation » pour ses efforts dans l’exercice de ses fonctions.

M. Dbeibah lui-même est resté en poste et a présidé le 21 octobre une conférence internationale à Tripoli alors qu’il avait été en théorie destitué par le vote d’une motion de censure du Parlement le 21 septembre.

Lockerbie

Appelant les différents pouvoirs « à respecter la procédure », le Premier ministre leur a demandé d’éviter les « conflits d’intérêts » et les « obstacles » à l’action gouvernementale dans cette « phase critique ».

Le CP, formé de trois membres représentant les trois régions de Libye, a été mis en place en février par un processus politique parrainé par l’ONU, en même temps que le gouvernement Dbeibah.

Les deux instances sont chargées de préparer les élections générales censées mettre fin à la décennie de chaos qui a suivi la chute en 2011 du régime du dictateur Mouammar Kadhafi après une révolte populaire.

Lire aussi. Libye: conférence internationale à Tripoli pour consolider la transition

Si aucune précision n’a été donnée sur les faits reprochés à Mme Mangoush, des médias locaux ont fait le lien avec un entretien accordé à la BBC il y a quelques jours où elle affirmait que Tripoli serait « prête à coopérer avec les Etats-Unis » pour l’extradition d’un suspect dans l’affaire de l’attentat à la bombe en 1988 contre un Boeing 747 de la Pan Am qui a explosé au-dessus de Lockerbie en Ecosse (270 morts dont 190 Américains).

Selon la BBC, Mme Mangoush faisait allusion à Abou Agila Mohamad Massoud, incarcéré à Tripoli dans une autre affaire, qui aurait été l’un des principaux fabricants de bombes pour le compte de Kadhafi.

Mme Mangoush a « formellement démenti » dans un communiqué les propos qui lui ont été attribués, « niant catégoriquement avoir mentionné l’intéressé à la BBC ».

Fossé grandissant

Pour la communauté internationale, la priorité est la tenue des élections. Mais beaucoup d’incertitudes subsistent, du fait d’une situation sécuritaire fragile et de fortes dissensions internes, notamment entre les régions Est et Ouest du pays riche en pétrole.

La tension est en outre montée dernièrement au sein du pouvoir intérimaire.

« Le fossé grandissant entre le président du CP, Mohamad al-Manfi, et Dbeibah s’est embrasé, al-Manfi sautant sur une piètre excuse pour suspendre la ministre al-Mangoush », a tweeté Tarek Megerisi, analyste au Conseil européen des relations internationales.

Lire aussi. A Rabat, les deux camps libyens rivaux discutent de la loi électorale contestée

Selon Jalel Harchaoui, analyste de la Global Initiative, le CP « peut jouer un rôle clef pour résoudre les problèmes juridiques » liés à des « risques d’invalidité » de la loi électorale controversée pour la présidentielle.

« Cela crée une opportunité politique pour le président Manfi et ses appuis pour s’affirmer face au Premier ministre », a indiqué l’expert à l’AFP. Il se peut même que « ce soit le début d’un conflit grave » au sein du pouvoir à Tripoli.

La loi électorale a été ratifiée par le chef du Parlement, Aguila Saleh, un allié du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est, sans être soumise à un vote.

Le dépôt des candidatures pour les scrutins présidentiel et législatif s’ouvre lundi. Seif al-Islam Kadhafi, fils de l’ancien « Guide », a laissé entendre qu’il pourrait se présenter à la présidentielle, de même que Khalifa Haftar.

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