La présidente de la région de Madrid tombe pour vol à l'étalage

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Credits: EFE

Déjà affaiblie par une affaire de falsification de diplôme universitaire, Cristina Cifuentes a démissionné mercredi, après la publication d’une vidéo de caméra de surveillance d’un supermarché dans laquelle on la voit restituer deux pots de crème anti-rides.

De notre correspondant à Madrid
Après 34 jours à se défendre du scandale d’un diplôme obtenu dans des conditions très contestables, Cristina Cifuentes est tombée en quelques heures pour une affaire de vol à l’étalage. Depuis la révélation de l’affaire du Master le 21 mars dernier, la présidente de la région de Madrid encaissait sans broncher les révélations journalistiques sur le traitement de faveur dont elle aurait bénéficié, les déclarations de ses supposés professeurs ne l’ayant jamais vue en cours, les versions de ses présumés examinateurs niant avoir signé le procès-verbal de l’improbable soutenance de son introuvable mémoire de fin d’études. Même la dénonciation de l’affaire au Parquet par l’Université publique Rey Juan Carlos ne parvenait pas à l’éloigner de son fauteuil.
Cifuentes s’était contentée de “renoncer” à son Master de Droit régional ; la décision provoquait l’hilarité de ses critiques, qui feignaient de se demander comment elle pouvait abandonner un diplôme qu’elle n’aurait jamais dû recevoir. Et finalement, ce mercredi à midi, Cifuentes a annoncé sa démission. Le matin, la publication numérique okdario.com publiait la vidéo d’une caméra de sécurité d’un supermarché. On y voit Cifuentes, en 2011, alors vice-présidente du Parlement régional, restituer à un vigile deux pots de crème anti-rides. La dirigeante de la puissante région capitale, qui il y a un mois encore figurait sur les listes des favoris à la succession de Mariano Rajoy, tombe pour un larcin estimé à 42 euros.

Un coup de plus pour la droite espagnole

Fidèle à son style de défense, Cifuentes n’a rien reconnu, ou si peu, des faits qui lui sont reprochés. «J’ai emporté ces produits par erreur et de manière involontaire, on me l’a dit à la sortie et je les ai payés». Selon la version d’Okdiario, Cifuentes a été observée par une vendeuse, qui a alerté la sécurité ; elle aurait ensuite nié le vol en prétendant que les crèmes lui appartenaient. Selon ElEspañol.com, Cifuentes a également été dénoncée pour vol en 1999, alors qu’elle dirigeait un foyer d’étudiantes. La plainte avait été retirée.
La dirigeante de la droite madrilène, qui s’était érigée en fer de lance de la lutte contre la corruption, n’a pas plaidé la cleptomanie. Comment explique-t-elle alors sa démission? «La résistance des gens à des limites, et je suis arrivée à ce point. Je fais un pas en arrière pour que la gauche radicale ne gouverne pas». L’opposition menaçait de voter une motion de censure qui aurait pu porter au pouvoir le chef de file du Parti socialiste (PSOE) grâce aux voix de Podemos (gauche radicale) et de Ciudadanos (centre libéral).
Mariano Rajoy, qui avait accepté que Cifuentes soit ovationnée lors d’une convention du PP le 7 avril dernier, a déclaré que cette dernière «a fait ce qu’elle devait faire». Le président du gouvernement, gêné par l’affaire Cifuentes alors que Ciudadanos devance sa formation dans tous les sondages, a suivi sa stratégie habituelle à l’égard de subalternes encombrants: ne jamais afficher publiquement sa défiance et patienter jusqu’à ce que le compagnon incriminé, de guerre lasse, ou empêtré dans ses propres contradictions, n’abandonne la partie.

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