La police russe interpelle en masse des manifestants pro-Navalny et quadrille Moscou

Publié le
police,russe,interpelle,manifestants,navalny
Crédit: AFP.

La police russe a procédé dimanche à plus de 2.800 arrestations et bloqué le centre de plusieurs villes, dont la capitale, lors de nouvelles manifestations à travers le pays pour exiger la libération de l’opposant Alexeï Navalny.

Recouvert par une fine couche de neige, le centre de Moscou a pris à certains endroits des allures de citadelle assiégée avec la police anti-émeute déployée en masse, boucliers et matraques en évidence.

Fait rare, plusieurs rues et des stations de métro de la capitale ont été totalement fermées, poussant les protestataires à changer au dernier moment le lieu du rassemblement, diffusé sur les réseaux sociaux.

Devant se réunir à l’origine devant le siège des services de sécurité (FSB), les groupes de manifestants se sont dirigés vers le centre de détention où est enfermé Alexeï Navalny, mais sans y parvenir pour la plupart, avant de rejoindre à nouveau le centre-ville.

 

Lire aussi: Russie: près de 200 personnes arrêtées lors des manifestations pour Navalny

 

Les manifestants scandaient « Poutine est un voleur! » ou encore « Liberté! », selon des journalistes de l’AFP.

La femme d’Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, a elle été interpellée par la police alors qu’elle était venue prendre part au rassemblement, a annoncé l’équipe de l’opposant.

D’après l’organisation OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations, au moins 2.834 personnes ont été interpellées dans 80 villes, mais principalement à Moscou (726).

Selon l’union des journalistes russes, au moins 35 membres de la presse ont été arrêtés.

Ces rassemblements font suite à une première journée de mobilisation samedi dernier qui a réuni des dizaines de milliers de protestataires et s’était soldée par plus de 4.000 interpellations, ainsi que l’ouverture d’une vingtaine d’affaires pénales.

 

 – « Poutine, c’est le mal » –

 

Malgré les menaces, Ekatarina Britchkina, une manifestante de 39 ans, n’a pas hésité à battre le pavé à Moscou. Elle a affirmé à l’AFP avoir « peur davantage de ce qui se passera dans le pays si on ne sort pas dans la rue ».

« C’est la répression, on jette en prison des gens innocents », abonde Daria, une vétérinaire de 34 ans.

A Saint-Pétersbourg, autre place forte de l’opposition, près de 2.000 personnes rassemblées sur une place du centre-ville ont été dispersées par les forces anti-émeutes.

« Poutine, c’est le mal. Il n’y a pas d’avenir avec lui, impossible de vivre avec de tels salaires et aussi peu de boulot », a affirmé à l’AFP Andreï, un protestataire de 30 ans.

Sur Twitter, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a dénoncé l »‘usage persistant de tactiques brutales de la Russie contre des manifestants pacifiques et des journalistes pour la deuxième semaine de suite » et appelé les autorités russes à libérer Alexeï Navalny et ses soutiens.

« Ce que nous voyons aujourd’hui n’a rien à voir avec la protection des droits ou la lutte pour une vie meilleure. Ce que nous voyons aujourd’hui est une provocation », a déclaré de son côté l’émissaire de Vladimir Poutine pour les droits humains, Valeri Fadeev.

Ces nouvelles manifestations se déroulent avec pour toile de fond la comparution d’Alexeï Navalny devant des juges, prévue la semaine prochaine. L’opposant est visé par de multiples procédures judiciaires, qu’il considère comme politiquement motivées.

 

 – « En colère » –

 

A l’autre bout du pays, à Vladivostok, Andreï, un manifestant de 25 ans, a regretté que peu de gens, quelques dizaines, se soient réunis car « les forces anti-émeutes ont bloqué » le lieu de rassemblement prévu.

A Novossibirsk, la troisième agglomération de Russie, le média indépendant Taïga a estimé à plus de 5.000 le nombre de protestataires, l’un des plus importants rassemblements anti-gouvernementaux de ces dernières années.

 

Lire aussi: Si la Russie avait voulu empoisonner Navalny, il serait mort (Poutine)

 

« Les gens sont en colère à cause de ce qui se passe et parce que des députés et militants d’opposition ont été arrêtés cette semaine », a affirmé à l’AFP Khelga Pirogova, élue locale d’une coalition pro-Navalny.

La plupart des proches alliés de l’opposant ont été assignés à résidence vendredi par la justice russe, deux jours après une série de perquisitions ayant notamment visé le domicile de sa femme et les locaux de son organisation.

Les protestations sont aussi alimentées par la diffusion d’une enquête de son équipe accusant le président Vladimir Poutine de bénéficier d’un immense « palais » sur les rives de la mer Noire, ce que l’intéressé dément.

Militant anticorruption et ennemi juré du Kremlin, Alexeï Navalny, 44 ans, est revenu en Russie le 17 janvier après des mois de convalescence en Allemagne pour un empoisonnement présumé dont il accuse Vladimir Poutine et les services de sécurité russes d’être responsable.

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

La police russe interpelle en masse des manifestants pro-Navalny et quadrille Moscou

S'ABONNER
Partager
S'abonner