La base militaire américaine au Kenya attaquée par les shebab

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Crédits: AFP/

Les combattants du groupe islamiste somalien des shebab ont attaqué dimanche à l’aube une base militaire américano-kényane à Lamu, dans le sud-est du Kenya, près de la frontière avec la Somalie, détruisant plusieurs avions et des véhicules militaires.

Cette opération contre la base de Camp Simba dans la baie de Manda, près de l’île touristique de Lamu, est la dernière en date des shebab au Kenya depuis que ce pays a envoyé des troupes en Somalie en 2011 pour y combattre ce groupe affilié à Al-Qaïda.

Le porte-parole de l’armée kényane, le colonel Paul Njuguna, a déclaré qu’il y avait eu « une tentative à 05H30 de venir à bout de la sécurité sur la piste aérienne de Manda ».

« La tentative de (faire une) brèche a été repoussée avec succès. Jusqu’à présent, les corps de quatre terroristes ont été retrouvés. La piste d’atterrissage n’a pas été touchée. Après cette tentative infructueuse (des shebab), un incendie s’est déclaré, touchant des réservoirs de carburant situés sur la piste d’atterrissage ». « L’incendie a été maîtrisé », a-t-il dit, sans préciser si cette attaque avait fait des victimes.

Dans un communiqué, le commandement militaire américain pour l’Afrique (AFRICOM), a confirmé cette attaque « à l’aérodrome de Manda Bay », soulignant que cette zone « est toujours en cours de sécurisation ». L’AFRICOM a également mentionné des dégâts matériels.

D’après un rapport de police interne vu par l’AFP, deux avions Cessna, deux hélicoptères américains et « plusieurs véhicules américains » ont été détruits.

Le responsable de la police locale, Irungu Macharia, a déclaré que cinq personnes avaient été arrêtées près du camp et étaient interrogées.

Les Kényans et les Américains n’ont pas fait état de victimes en dépit d’affirmations des shebab selon lesquelles 17 Américains et neuf soldats kényans avaient été tués.

Dans un communiqué, les shebab ont écrit qu’ils avaient « attaqué avec succès la base militaire très fortifiée et avaient pris le contrôle d’une partie de la base ».

L’aéroport civil situé à proximité de la baie de Manda, qui amène des touristes visitant l’île de Lamu, a été fermé pendant plusieurs heures après l’assaut, selon les autorités de l’aviation civile.

La région de Lamu est la cible de fréquentes attaques des shebab le long de la frontière avec la Somalie, les forces de sécurité étant visées par des engins explosifs placés en bordure des routes.

Les shebab ajoutent que cette action s’inscrit dans le cadre de sa campagne « Al-Quds (Jérusalem) ne sera jamais judaïsée » – évoquée pour la première fois à l’occasion d’une attaque contre le complexe hôtelier haut de gamme Dusit à Nairobi en janvier 2019, qui a fait 21 morts.

L’AFRICOM a accusé les shebab de donner de fausses informations dans les médias.

« Les shebab, selon l’AFRICOM, ont diffusé de nombreux communiqués de presse exagérant la situation sécuritaire sur place. C’est une pratique courante pour cette organisation terroriste ».

Dans un deuxième communiqué, le groupe islamiste a fait état de combats ayant duré dix heures et se sont moqués de « l’incapacité des Etats-Unis à empêcher une attaque par une poignée de musulmans déterminés ».

Les shebab ont effectué plusieurs attaques de grande ampleur à l’intérieur du Kenya, affirmant qu’il s’agissait de représailles face à l’envoi de soldats kényans en Somalie en 2011 pour les combattre, ainsi que de viser des intérêts étrangers.

Malgré les coûteux efforts internationaux pour les vaincre, ces rebelles islamistes ont réalisé le 28 décembre dernier l’une des opérations les plus meurtrières de la décennie en Somalie, l’explosion d’un véhicule piégé dans la capitale Mogadiscio ayant fait 81 morts.

Les attaques des shebab montrent leur capacité à infliger des dommages importants dans la région, malgré la perte de contrôle des principales zones urbaines de la Somalie.

Chassés de Mogadiscio en 2011, ils ont perdu l’essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes régions rurales d’où ils organisent des actions de guérilla et des attentats-suicides. On estime qu’ils sont actuellement entre 5.000 et 9.000 combattants.

Dans un rapport rendu public en novembre, un groupe d’experts de l’ONU sur la Somalie a souligné le « nombre sans précédent » de bombes artisanales posées et d’autres attaques à la frontière entre le Kenya et la Somalie en juin et juillet 2019.

Jeudi, au moins trois personnes ont été tuées lorsque des hommes soupçonnés d’être des shebab ont tendu une embuscade à un car circulant dans la région.

Selon l’Institute for Security Studies (ISS), les Etats-Unis disposent de 34 bases militaires connues en Afrique, d’où ils effectuent « des opérations avec des drones » mais organisent aussi « des entraînements, des manoeuvres militaires » et « des activités humanitaires ».

Présents en Somalie, les Etats-Unis y ont intensifié depuis avril 2017 leurs frappes aériennes après l’extension par le président Donald Trump des pouvoirs donnés à l’armée américaine pour déclencher des opérations antiterroristes, par voie aérienne ou terrestre.

En avril dernier, le commandement militaire américain pour le continent africain a annoncé avoir tué 800 personnes au cours de 110 attaques aériennes depuis avril 2017 dans ce pays de la Corne de l’Afrique.

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