Israël s’oriente vers un gouvernement « du changement »: ce qu’il faut savoir

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Le ministre de la Défense d'alors, Naftali Bennett, de Yamina, à gauche, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une réunion des partis de droite, le 4 mars 2020 (Crédit: Yonatan Sindel / Flash90)

Le chef de l’opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid, pourrait être en mesure de former un nouveau gouvernement avec d’autres partis politiques, qui souhaitent comme lui tourner la page de l’ère Netanyahu, même s’ils ne partagent rien ou presque du point de vue idéologique.

Mais de quels partis serait faite sa coalition? Pourraient-ils surmonter leurs différences idéologiques pour gouverner dans la durée? Quel impact aurait cette nouvelle équipe sur les rapports avec les Palestiniens?

 

– La coalition « du changement » est-elle prête ? –

 

Yaïr Lapid a jusqu’à mercredi 23H59 (20H59 GMT) pour obtenir le soutien de 61 députés, seuil pour prétendre à la formation d’un gouvernement succédant à celui de Benjamin Netanyahu, Premier ministre en poste depuis plus d’une décennie.

Mandaté début mai, il compte pour l’instant sur l’appui de 57 députés: outre ses alliés traditionnels de la gauche et du centre (51 voix), il a rallié dimanche le parti de droite radicale Yamina de Naftali Bennett.

 

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Celui-ci a remporté sept sièges aux législatives de mars mais un de ses colistiers a d’ores et déjà annoncé qu’il ne le suivrait pas dans le camp anti-Netanyahu.

Pour former sa « coalition du changement », selon l’expression consacrée par les adversaires du Premier ministre sortant, Benjamin Netanyahu, M. Lapid doit donc encore trouver quatre voix, probablement chez les partis arabes israéliens, qui ne se sont cependant pas clairement positionnés.

 

– Avec quels partis ? –

 

Outre son parti, M. Lapid est soutenu par la gauche (le parti travailliste Avoda et le Meretz) et par la formation centriste « Bleu-Blanc » de l’ancien général Benny Gantz dont il a un temps fait partie.

Mais il a aussi rallié des soutiens à droite, à commencer par le parti nationaliste laïc d’Avigdor Lieberman (Israël Beiteinou) et la formation « Nouvel espoir » de Gideon Saar, ancien ténor du Likoud, le parti historique de la droite israélienne, celui de M. Netanyahu.

Dimanche, la droite radicale, sous la bannière du parti Yamina de Naftali Bennett, a aussi finalement rallié cette coalition.

 

 

– Serait-elle tenable ? –

 

Inspirations libérales ou socialistes, pour ou contre la création d’un Etat palestinien, place de la religion dans l’Etat: sur ces questions fondamentales, les partis ralliés à M. Lapid divergent en tous points.

Mais ils sont tous « sincèrement convaincus que Netanyahu (inculpé pour corruption dans plusieurs affaires, NDLR) est un danger pour le pays, qu’il ne peut donc plus servir comme Premier ministre parce qu’il fait passer ses intérêts personnels avant ceux du pays », explique Jonathan Rynhold, professeur de sciences politiques à l’université Bar-Ilan.

Pour éviter l’effondrement de leur gouvernement, ils pourraient opter au moins dans un premier temps « pour un programme consensuel », portant sur la relance sociale et économique post-pandémie et répondant aux défaillances des systèmes de santé, de l’éducation et des transports, des sujets sur lesquels ils s’accordent, selon M. Rynhold.

 

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« Les défis surviendront quand un évènement dérangera la base » de chaque parti, estime le professeur, pointant la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens. La gauche israélienne appelle à la création d’un Etat palestinien, tandis que la droite souhaite appliquer la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée et agite la menace d’une annexion partielle.

Le seul point permettant ces « rapprochements improbables »: c’est empêcher M. Netanyahu de « revenir s’il est chef de l’opposition », relève Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l’Open University de Tel-Aviv.

Le seul objectif de ces « rapprochements improbables »: est d’empêcher M. Netanyahu de « revenir s’il devient chef de l’opposition », relève Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l’Open University de Tel-Aviv.

 

– Et pour le processus de paix avec les Palestiniens? –

 

Les négociations avec les Palestiniens sont au point mort depuis 2014.

Pour Jonathan Rynhold, la « coalition du changement » ne devrait pas s’engager dans une relance du processus de paix, en raison notamment des divergences entre les partis sur ce sujet.

« Ils s’accorderont sur le respect du statu quo », estime l’analyste.

« Ils devront toutefois gérer le conflit de sorte qu’il n’y ait pas d’éruption de violences comme récemment », entre Israël et le Hamas du 10 au 21 mai.

Et en cas de nouvelle explosion, ils pourront toutefois s’appuyer selon l’analyste sur le « consensus israélien », qui a prévalu pendant toutes les guerres depuis 2000. « Ils seront mis en difficulté mais parviendront à dépasser leurs différences », estime M. Rynhold.

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