Israël: rejet de l’appel d’un soldat condamné pour avoir achevé un Palestinien

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(c)DR

Un tribunal militaire israélien a rejeté dimanche l’appel du soldat franco-israélien Elor Azaria, confirmant sa condamnation, au terme d’un procès ultramédiatisé, à 18 mois de prison pour avoir achevé un Palestinien blessé.

La cour a aussi rejeté un appel des procureurs de l’armée d’augmenter la peine d’Elor Azaria pour homicide volontaire, selon une copie de la décision du tribunal.

« Les soldats ne doivent pas régler leur compte avec les terroristes une fois qu’ils ne sont plus en danger, c’est le rôle du système judiciaire », a estimé le président du tribunal, le major général Doron Piles, d’après ce texte.

« L’accusé n’a pas endossé la responsabilité de ses actions et n’a pas exprimé une once de doute ou de réflexion. L’appel de la peine a donc été rejeté par tous les juges », a-t-il ajouté.

Peu après annonce du rejet de l’appel, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a répété qu’il était favorable à la grâce du soldat, comme il l’avait déjà dit avant et après la condamnation en première instance.

« Lorsque le sujet sera discuté concrètement, je donnerai ma recommandation aux autorités compétentes », a dit M. Netanyahu sur son compte Twitter.

Membre d’une unité paramédicale, Elor Azaria avait été filmé le 24 mars 2016 par un militant propalestinien alors qu’il tirait une balle dans la tête d’un Palestinien à Hébron, en Cisjordanie occupée.

Abdel Fattah al-Charif venait d’attaquer des soldats au couteau. Atteint par balles, il gisait au sol, apparemment hors d’état de nuire.

Le soldat avait été condamné en février à 18 mois de prison ferme au terme d’un procès très médiatisé et qui avait profondément divisé les Israéliens.

Les procureurs militaires avaient fait appel, jugeant « trop indulgente » cette peine. Le soldat avait également interjeté appel.

Dimanche, il est arrivé décontracté au tribunal militaire de Tel-Aviv, embrassant les nombreux membres de sa famille présents dans la salle d’audience.

‘Circonstances difficiles’

Elor Azaria, qui a terminé son service militaire obligatoire de trois ans et était consigné sur sa base en attendant la décision de la cour d’appel, dispose de plusieurs voies de recours.

Son avocat Yoram Sheftel a annoncé que les juges lui avait donné jusqu’au 9 août pour loger un appel devant la Cour suprême.

« Je vais commencer à préparer une demande d’appel auprès de la Cour suprême, que je devrais déposer d’ici 10 jours et je la déposerai probablement un jour ou deux avant (la date limite) », a-t-il déclaré à l’AFP.

Le ministre de la Défense Avigdor Lieberman a cependant déconseillé de recourir à un tel appel, que, selon les commentateurs, la Cour suprême ne devrait même pas accepter d’examiner.

« Je demande à la famille Azaria (…) de rester dans la voie militaire et de mettre fin à cette affaire aussi vite que possible pour le bien d’Elor, de sa famille et du peuple d’Israël », a déclaré M. Lieberman dans un communiqué.

« Il est temps de faire une demande de grâce au chef d’état-major. Je n’ai aucun doute que ce dernier prendra en compte les circonstances difficiles, la douleur endurée par la famille et le fait qu’il s’agit d’un soldat exceptionnel en détention sur sa base depuis un an et demi », a-t-il ajouté.

Le chef d’état-major Gadi Eisenkot a indiqué dans un communiqué qu’il considérerait une éventuelle demande d’allègement de peine « avec sérieux et en prenant en compte toutes considérations relatives au sujet ».

Elor Azaria peut également faire une demande de grâce auprès du président israélien Reuven Rivlin. Une source proche de la présidence a indiqué qu’aucune demande n’avait pour le moment été déposée.

‘Territoire hostile’

Lors du procès en première instance, la présidente du tribunal Maya Heller avait estimé qu’Elor Azaria avait bel et bien tiré pour tuer, alors que le Palestinien ne constituait pas une menace, et avait retenu le fait que le soldat n’avait exprimé aucun remords.

Elle lui avait cependant reconnu des circonstances atténuantes, évoquant le « territoire hostile » sur lequel s’étaient produits les faits et « l’épreuve subie par sa famille ».

Les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël étaient alors en proie à une vague de violences quasi quotidiennes.

Le jugement avait déçu les défenseurs des droits de l’Homme, Amnesty International déclarant que les juges avaient délivré « un signal dangereux indiquant que les auteurs d’actes graves contre les Palestiniens sont protégés par le système ».

Le procès a dressé ceux qui défendent le respect nécessaire de valeurs éthiques par l’armée israélienne contre les tenants d’un soutien sans faille aux soldats confrontés à des attaques palestiniennes.

 

Avec AFP

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