Israël: Netanyahu évoque une « normalisation » des relations avec le Soudan

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Benjamin Netanyahu. Crédit: DR

Le chef du gouvernement israélien, Benjamin Netanyahu, a discuté lundi d’une « normalisation » des relations entre le Soudan, pays majoritairement arabe et musulman, et Israël lors d’un entretien surprise et historique en Ouganda avec le dirigeant soudanais Abdel Fattah al-Burhane.

La rencontre intervient au moment où le président palestinien Mahmoud Abbas exhorte les dirigeants arabes, musulmans et africains à dénoncer le plan du président américain Donald Trump censé mettre un terme au conflit israélo-palestinien qu’il juge trop favorable à Israël.

Mais nombre de dirigeants arabes maintiennent pour l’instant le silence sur ce plan, alors que l’Etat hébreu, lui, tente de resserrer ses liens avec des pays de la région qui lui étaient historiquement hostiles.

« J’ai rencontré à Entebbe (Ouganda) le président du Conseil souverain du Soudan… et nous avons convenu d’entamer une coopération qui normalisera les relations entre les deux pays », a déclaré sur Twitter M. Netanyahu, à l’occasion d’une visite d’un jour en Ouganda, sa cinquième en Afrique « depuis environ trois ans et demi ».

 

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Les pays arabes ont historiquement fait du règlement de la question palestinienne la condition d’une normalisation avec Israël.

Mais M. Netanyahu et des membres de l’administration américaine de Donald Trump défendent une approche inversée dans laquelle ce serait une normalisation avec les pays arabes qui favoriserait la paix avec les Palestiniens.

Parmi les pays arabes, Israël n’entretient de relations diplomatiques qu’avec l’Egypte et la Jordanie. M. Netanyahu ne cesse de proclamer que les nouvelles réalités régionales, à commencer selon lui par l’expansion de l’influence iranienne, créent une convergence d’intérêts avec les pays arabes.

– Darfour –

Une normalisation avec le Soudan serait d’autant plus significative que les autorités à Khartoum ont longtemps accusé Israël de soutenir les rébellions sud-soudanaises et au Darfour.

Le Soudan du Sud est devenu un Etat indépendant en 2011 tandis que le conflit dans la région occidentale soudanaise du Darfour perdure.

L’ancien président soudanais Omar el-Béchir, destitué en avril dernier, accusait notamment Israël de soutenir les rebelles darfouris de l’Armée de libération du Soudan (SLA) d’Abdelwahid Nour.

Le Soudan est aujourd’hui dirigé par une autorité de transition, menée par le général al-Burhane.

« Le Soudan se dirige vers une nouvelle direction positive… le général Abdel Fattah al-Burhane désire aider son pays à se moderniser en mettant fin à son isolement », a déclaré M. Netanyahu dans un communiqué.

Omar el-Béchir est l’objet de deux mandats d’arrêt émis en 2009 et 2010 par la CPI pour « génocide », « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre », au Darfour, où la guerre a fait 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU.

D’ailleurs des milliers de Soudanais ont demandé l’asile en Israël au cours de la dernière décennie.

Les mandats de la CPI et le conflit au Darfour avaient contribué à l’isolement diplomatique du Soudan, et à l’imposition de lourdes sanctions contre Khartoum.

– Ambassade à Jérusalem –

Israël tente aussi de convaincre un nombre croissant de pays de suivre les Etats-Unis et de reconnaître Jérusalem comme sa capitale, à l’instar du plan Trump présenté la semaine dernière à Washington.

Israël considère toute la ville comme sa capitale, alors que les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est, occupé et annexé par Israël, la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

La plupart des ambassades étrangères sont installées à Tel-Aviv pour ne pas préempter le résultat de négociations entre Israéliens et Palestiniens.

Outre les Etats-Unis, à ce jour, seul le Guatemala a transféré et maintenu son ambassade à Jérusalem.

 

Lire aussi: En Israël, le « triangle » arabe ne veut pas devenir une enclave palestinienne

 

L’Ouganda « étudie » la possibilité d’ouvrir une ambassade à Jérusalem, a annoncé lundi son président Yoweri Museveni, à l’issue d’une rencontre avec M. Netanyahu.

L’Ouganda n’a pour l’heure ouvert aucune ambassade en Israël. Et M. Netanyahu a indiqué qu’Israël ouvrirait une ambassade en Ouganda si ce pays ouvre une ambassade à Jérusalem.

Le Premier ministre israélien joue la carte de ses relations internationales à l’approche des législatives du 2 mars, cruciales à sa survie politique alors qu’il est inculpé pour corruption.

La ville ougandaise d’Entebbe revêt une importance particulière pour le Premier ministre israélien: c’est là qu’a été tué en 1976 son frère Yonathan, « héros » d’un raid israélien ayant mené à la libération d’otages aux mains de pirates de l’air ayant détourné un vol d’Air France en provenance de Tel-Aviv.

 

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