Islande: vers l'interdiction de la circoncision

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Le projet de loi en discussion stipule que si un garçon souhaite être circoncis pour des raisons culturelles ou religieuses, il devra attendre d’atteindre «un âge auquel il comprend ce que cet acte implique». Les communautés religieuses craignent que ce texte, s’il est adopté, crée un précédent.

L’Islande sera-t-elle le premier pays européen à interdire la circoncision à but non médical? C’est l’épineuse question qu’étudie actuellement le Parlement islandais, révèle The Guardian. Le projet de loi, toujours en discussion, décrit la circoncision comme une «violation des droits des jeunes garçons, incompatible avec la Convention internationale des Droits de l’Enfant des Nations unies». Quiconque la pratiquerait pourrait encourir une peine de six ans de prison. Les autorités religieuses en Europe montent au créneau.
Sur la terre de glace, le projet de loi sur la circoncision a créé un intense débat sur la liberté d’expression religieuse. Il remet notamment en cause la légitimité des parents à choisir, pour l’enfant, une modification corporelle irréversible en l’absence de toute nécessité médicale. Dans ce texte, un parallèle est fait avec la mutilation génitale des jeunes femmes, déjà interdite dans la quasi-totalité des pays européens. Avec cette controverse, les termes «éthique» et «droit à l’intégrité physique» font leur grand retour sur le devant de la scène islandaise.
«Le rituel qu’ont en commun le judaïsme et l’islam est peut-être en train de devenir le nouveau terrain d’affrontement sur la liberté religieuse», avance The Guardian. Selon le quotidien britannique, «les opposants à cette loi affirment qu’elle rendrait la vie impossible en Islande pour les juifs et les musulmans». Le texte stipule que si un garçon souhaite être circoncis pour des raisons culturelles ou religieuses, il devra attendre d’atteindre «un âge auquel il comprend ce que cet acte implique». En 2009, 30% des hommes dans le monde sont circoncis selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La majorité pour des motifs culturels ou religieux. Le texte avance également que les circoncisions sont effectuées sans anesthésie et que la procédure est souvent effectuée «dans des maisons qui ne sont pas stériles, et non par des médecins, mais par des chefs religieux. Il y a un risque élevé d’infections dans de telles conditions qui peuvent mener à la mort».
Les autorités religieuses craignent que d’autres pays emboîtent le pas de l’Islande. «Criminaliser la circoncision est une mesure très grave, qui soulève une profonde inquiétude» fustige le cardinal Reinhard Marx, président de la Commission des épiscopats de la communauté européenne dénonçant une «attaque dangereuse».
Parmi les quelque 336.000 habitants de l’île, les communautés juives et musulmanes d’Islande, qui compteraient chacune 250 et 1500 membres, seraient les premières impactées par cette mesure. «Si la circoncision est interdite, cette pratique entrera dans la clandestinité ou les minorités religieuses iront les faire, voire déménageront, dans des pays où cela est possible», préviennent certaines communautés en ajoutant que cette pratique n’a aucun impact négatif sur les enfants pour le reste de leur vie.
Les droits de l’enfant avant le droit de croyance
Si la polémique gronde du côté des autorités religieuses européennes, pour Silja Dögg Gunnarsdóttir, la femme politique à l’origine de ce texte, ce débat n’en est pas un: «Nous parlons de droits de l’enfant, pas de liberté de croyance. Chacun peut croire en ce qu’il veut, mais les droits de l’enfant passent avant le droit aux croyances.» La Scandinavie détient une réputation de longue date en matière d’égalité hommes-femmes ainsi qu’en ce qui concerne les droits de l’homme. C’est sur la base de ces arguments qu’un tel projet de loi aurait vu le jour «si nous avons des lois interdisant la circoncision pour les filles, alors nous devrions le faire pour les garçons» déclarait Silja Dögg Gunnarsdóttir.
En France, la circoncision est considérée comme une atteinte corporelle volontaire et donc théoriquement condamnable sur le plan pénal mais l’article de loi le condamnant n’a jamais été utilisé car jugé contraire finalement au droit garanti à chacun d’exercer librement sa religion.

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