Golfe: les conditions des adversaires du Qatar pour une sortie de crise

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L'Emir du Qatar Sheik Tamim bin Hamad bin Khalifa Al Thani.

Abou Dhabi et Ryad veulent un « changement de politique » et non pas « un changement de régime » au Qatar, a déclaré mercredi le ministre d’État émirati aux Affaires étrangères en posant une série de conditions pour un apaisement de la crise dans le Golfe.

« L’ampleur de la crise actuelle est assez substantielle », a souligné Anwar Gargash dans un entretien à l’AFP à Dubaï, alors que plusieurs pays, dont les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha.

Le ministre émirati a accusé le Qatar de se comporter en « champion de l’extrémisme et du terrorisme dans la région » et déploré « l’accumulation sur de très nombreuses années d’une politique qatarie subversive ».

« Nous avons atteint maintenant un cul-de-sac dans nos tentatives pour convaincre le Qatar de changer de direction », a-t-il assuré.

« Ce que nous disons au Qatar, c’est que vous êtes un voisin mais que vous devez respecter les règles de la sécurité collective et que si vous ne respectez pas ces règles, vous êtes seul ».

Le ministre a posé au Qatar un certain nombre de conditions en vue d’un apaisement, la première étant d' »arrêter de soutenir l’extrémisme et le terrorisme ».

Il a cité la nécessité d’un « engagement politique clair » marquant « un changement de direction » de la part du Qatar qui est pour l’instant « dans le déni ». Doha essaie de faire croire qu’on met en cause « l’indépendance de sa politique étrangère », ce qui « n’est pas le cas ».

En outre, une « feuille de route » devra être établie, qui reprenne des engagements signés en 2014 par l’émir du Qatar « en personne » et qui n’ont « pas été honorés ». Des engagements auxquels il faudra « ajouter » « des mécanismes clairs », a dit Anwar Gargash.

« Politique devenue folle »

Parmi les exigences des adversaires de Doha figure l’arrêt de l’utilisation d’un outil médiatique d’État puissant pour promouvoir « un programme extrémiste », a dit M. Gargash dans une allusion à la chaîne de télévision satellitaire Al Jazeera, basée au Qatar.

Il a également demandé une « action » des autorités face à « de nombreux  individus qui ont été sanctionnés par les Etats-Unis et l’ONU et qui circulent librement aujourd’hui au Qatar ». Il a mentionné les noms de deux hommes ayant eu des liens financiers avec Al-Qaïda.

Gargash a également cité de « nombreux » membres de la direction de la confrérie des Frères musulmans, qui « ont pris position pour radicaliser la région » et qui « ne devraient pas avoir un sanctuaire au Qatar ».

Il a enfin mentionné « le soutien apporté par le Qatar à la direction du (mouvement islamiste palestinien) Hamas, qui est un problème pour la région ».

« Le catalogue est vaste. C’est une politique étrangère qui est devenue folle. Nous devons pouvoir tout vérifier », a-t-il dit.

Interrogé sur une éventuelle médiation du Koweït, qui n’a pas rompu ses relations avec le Qatar, le ministre émirati a estimé que de telles tentatives étaient prématurées.

Le Qatar doit au préalable « réaliser » qu’il fait fausse route avec sa politique actuelle. « A ce stade, je ne vois pas les conditions (d’une médiation). Les conditions doivent débuter avec une déclaration, une volonté, du Qatar ».

Le ministre a aussi estimé que « l’Iran est un bénéficiaire de la crise à de multiples points de vue ». Il tire profit d’une « quelconque crise entre ses voisins », a affirmé M. Gargash en notant au passage que les relations entre le Qatar et Téhéran sont « bonnes » et que Doha « veut garder toutes les options ouvertes ».

Comme on lui demandait si les Etats-Unis devaient fermer leur grande base aérienne d’Al-Udeid au Qatar, il a assuré que « ce n’était pas la question principale. Ce n’est pas un sujet pour nous ».

 

Par René Slama

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