France: nouvelle nuit de violences après la mort d'un jeune lors d'un contrôle policier

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AFP PHOTO / SEBASTIEN SALOM GOMIS

Douze personnes ont été interpellées dans la nuit de mercredi à jeudi lors d’une deuxième nuit de violences à Nantes (ouest de la France) déclenchées par la mort mardi soir d’un jeune homme, tué par un policier lors d’un contrôle.
Plusieurs dizaines de véhicules ont à nouveau été incendiés dans quatre quartiers dits « sensibles » de la ville dont celui du Breil, où le jeune homme de 22 ans, Aboubakar F., a trouvé la mort. Sept bâtiments publics ont été incendiés, dont une bibliothèque, une maison de quartier, une mairie annexe ou une crèche, et une dizaine de commerces.
Toute la nuit, les forces de l’ordre ont fait face « à quelques petits groupes », avant que le calme soit rétabli vers 05H00 du matin (03H00 GMT) jeudi. Dans la matinée, des carcasses de voitures encore fumantes étaient visibles.
Des incidents ont également éclaté à Garges-lès-Gonesse, en région parisienne, d’où le jeune homme était originaire. Des policiers ont été la cible de jets de projectiles et de cocktails Molotov.
Lors d’un déplacement à Nantes, le Premier ministre Edouard Philippe a condamné « ces agissements et cette violence », mais il s’est aussi engagé à ce que « toute la lumière soit faite » sur les circonstances encore obscures de la mort du jeune homme, qui était sous le coup d’un mandat d’arrêt.
Onze personnes ont été interpellées dans le quartier du Breil et une à Garges-lès-Gonnesses. Ces personnes ont été arrêtées pour des affaires de violences, jets de projectiles et tentative d’incendie », a expliqué à l’AFP une source proche du dossier.
Appel à témoins 
Marquées par une forte pauvreté, un taux de chômage élevé et de multiples trafics, les banlieues françaises « sensibles » se sont enflammées à plusieurs reprises lors des dernières décennies. Et les tensions entre les jeunes et la police y sont fréquentes.
A Nantes, Boubakar F., qui était sous le coup d’un mandat d’arrêt pour « vol en bande organisée », a été tué alors qu’il tentait d’éviter un contrôle policier en effectuant une marche arrière en voiture, selon le procureur de la République de Nantes Pierre Sennès.
Un policier a suivi le véhicule avant de faire feu une seule fois sur le chauffeur, l’atteignant au cou. Selon des sources proches de l’enquête, le conducteur aurait tenté de « prendre la fuite en reculant sur un fonctionnaire de police », ce que n’a pas confirmé le procureur qui s’est refusé à répondre à toute question.
L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie et un appel à témoins a été lancé par les enquêteurs pour éclaircir les circonstances de ce décès, qualifié de « bavure policière » par les manifestants.
Jeudi matin, les pompiers étaient toujours à l’œuvre dans le quartier nantais des Dervallières sous le regard des habitants.
« Ça fait mal, c’est trop, c’est trop, je ne comprends pas », lâchait Yamina, la propriétaire du kebab « Délice marocain », choquée en découvrant son commerce et sa voiture brûlés.
Les jeunes « salissent tout le monde, ils mettent tout le monde dans le même panier. Trente ans que j’habite dans le quartier, nos jeunes, on n’arrive plus à les tenir », déplorait son frère, Mustapha.
Le quartier était partagé entre colère envers les jeunes après les destructions et envers la police qui n’est « jamais là ».
Les proches du jeune homme tué mardi soir ont appelé au calme par la voix de leur avocat, avant une marche blanche prévue jeudi à 18H00 (16H00 GMT) dans le quartier du Breil.
La famille de la victime ne souhaite pas s’exprimer publiquement sur les faits mais leur avocat devrait prendre la parole à l’issue de la marche blanche pour évoquer le fond du dossier.

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