France: Marine Le Pen veut toujours croire à la victoire

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La candidate du FN espère déjouer les pronostics et promet une «colère sociale» dans les urnes dimanche.

«Je crois que nous pouvons gagner.» Vendredi matin sur RTL, à quelques heures de la fin d’une campagne présidentielle surprenante, truffée d’espoir et d’amertume, Marine Le Pen a voulu rester optimiste. Un peu plus tard, la candidate du Front national a encore évoqué une victoire «à portée de main» et promis l’expression d’une «colère sociale dans les urnes dimanche».

Sa dernière sortie, Marine Le Pen l’a réservée à la cathédrale Notre-Dame de Reims, dans la Marne, département où elle est arrivée en tête au premier tour. Venue avec Nicolas Dupont-Aignan, allié désigné comme son futur premier ministre, elle a été accueillie par des manifestants hostiles de La France insoumise, du PS et des macronistes d’En marche!. Cette visite surprise dans un site emblématique de l’histoire de France, lieu du sacre des rois de France, a été vue comme son dernier symbole de campagne adressé à l’électorat catholique.

Bravant les obstacles des derniers jours et les réserves émises sur son débat controversé, mercredi soir, contre Emmanuel Macron, la candidate espère un sursaut de mobilisation. À deux jours du vote, elle a défié les sondages, les critiques et le «marquis poudré», ironisant en passant sur un surnom attribué par Laurent Fabius à Emmanuel Macron lorsque ce dernier avait succédé à Arnaud Montebourg au ministère de l’Économie. Marine Le Pen est convaincue d’avoir fait, lors de son duel télévisé, «exactement» ce que le «peuple français attendait» d’elle. «Ma parole n’est que l’écho de la violence qui va exploser dans le pays», a-t-elle averti au micro de RTL.

Malgré leurs inquiétudes, les frontistes restent soudés et pensent aux législatives. Quelle que soit l’issue dimanche, le nombre d’électeurs confirmera, selon eux, «l’incroyable dynamique du mouvement». «Ce que Marine Le Pen a fait est déjà historique. Nous avons laminé et fait disparaître deux partis. Si on obtient 40 %, ce serait déjà une énorme victoire», a déclaré Marion Maréchal-Le Pen, jeudi dans un entretien à L’Opinion. La députée du Vaucluse ajoutait: «Rien n’est encore joué. Marine Le Pen peut encore gagner.»

L’optimisme des lieutenants se heurte aux doutes de certains sympathisants. «Les bons scores, c’est très bien, mais il faut des victoires!» confie l’un d’eux au Figaro. Un échec à la présidentielle renverrait inévitablement, selon lui, à la grande déception des régionales de 2015 et perpétuerait le débat ancien sur le fameux plafond de verre que le FN ne parvient pas à faire sauter.

Un score inédit

D’autres, au sein du mouvement, préfèrent anticiper des scores en progression. Selon le sondage Ispsos pour France télévisions/Radio France, publié vendredi, Marine Le Pen est estimée à 38,5 % des voix, contre 61,5 % pour Emmanuel Macron. Avec 35 % des suffrages au second tour, le Front national atteindrait un score inédit de 12,6 millions de voix, soit 6,19 millions de bulletins de plus qu’en 2012 (sur la base d’une participation égale à celle du premier tour, soit 36 millions de votants). Un échec le 7 mai ne pourra pas occulter totalement un tel bond électoral. Même avec un score à 27 %, comparable à celui des régionales, le FN progresserait de 2,93 millions de voix. Si Marine Le Pen parvenait à atteindre les 45 %, cela représenterait 16,2 millions de voix.

Vendredi, en imaginant la possibilité d’une victoire, Marine Le Pen s’est montrée plus optimiste que les sondeurs. Jusqu’au bout, elle veut croire qu’une majorité d’électeurs la choisiront, par rejet du quinquennat Hollande. Tout au long de la campagne, elle s’est affichée comme une «protection». Elle s’est présentée comme la candidate des victimes de la «mondialisation sauvage» et des désordres de l’Union européenne. Et pour faire comprendre que tout était possible, elle a aussi invité les plus sceptiques à se souvenir du Brexit et de l’élection de Donald Trump aux États-Unis. «Ce sera le match retour du référendum sur la Constitution européenne!» veut croire le fervent mariniste Mikael Sala, membre du conseil stratégique de campagne. Lors de ce référendum de 2005, régulièrement brandi par les frontistes comme un symbole de la trahison politique, 20 % du corps électoral avait basculé en faveur du non dans les dernières semaines.

Contre l’obstacle mathématique d’un revirement, les frontistes les plus confiants misent sur une foule d’hypothèses, de la «colère du peuple» aux voix «cachées» d’une partie de l’électorat de droite «humilié», en passant par un report de mélenchonistes révoltés et une abstention favorable. Surtout, ils refusent de croire qu’une France «abîmée et fracturée» par cinq années de hollandisme, empreinte d’un vote contestataire inédit au premier tour, choisira le «banquier» Emmanuel Macron contre Marine Le Pen, dimanche. Même s’ils restent les seuls à y croire.

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