France : l’ex-Premier ministre Edouard Balladur devant la justice pour financement occulte en 1995

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L'ancien Premier ministre français Edouard Balladur (1993-1995)./DR

L’ancien Premier ministre français Edouard Balladur (1993-1995) fait face à la justice mardi pour des soupçons de financement occulte de sa campagne présidentielle de 1995, l’un des volets de l’affaire Karachi.

Âgé aujourd’hui de 91 ans, il est accusé d’être derrière un système de rétrocommissions illégales, c’est-à-dire d’avoir offert à ses intermédiaires un pourcentage plus élevé que nécessaire sur une opération financière, pour en récupérer une partie ensuite et renflouer ses comptes de campagne.

M. Balladur comparaît devant la Cour de justice de la République (CJR), seule instance habilitée à juger les membres du gouvernement pour des infractions commises au cours de leur mandat, avec son ex-ministre de la Défense, François Léotard, 78 ans, pour « complicité d’abus de biens sociaux ». L’ex-Premier ministre comparaît également pour « recel » de ce délit.

L’affaire Karachi tient son nom de la ville pakistanaise dans laquelle onze Français de la Direction des constructions navales (DCN) ont trouvé la mort dans un attentat à la voiture piégée le 8 mai 2002. Ils venaient visiter un chantier où devait être construit un sous-marin vendu par la France au Pakistan.

L’enquête avait au départ privilégié la piste d’Al-Qaïda puis s’en était ensuite éloignée pour explorer les possibles liens – non confirmés à ce jour – entre l’attaque et l’arrêt du versement des commissions après l’élection de 1995. Avant de privilégier à nouveau la piste islamiste, selon une note des renseignements de fin 2019. Cette enquête est toujours en cours.

C’est donc autour de deux contrats d’armements signés en 1994 par le gouvernement Balladur, pour la vente au Pakistan de trois sous-marins et pour deux frégates militaires à l’Arabie saoudite, que va s’articuler le procès.

 

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Pour la justice, une partie des pots-de-vin touchés par l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine et Abdul Rahman El-Assir, endossant les rôles d’intermédiaires, devait contribuer au financement de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur.

Le dossier arrive devant la CJR sept mois après les sévères condamnations de six autres protagonistes, dont Ziad Takieddine et d’anciens proches des deux ministres, dans un autre volet de la même affaire.

C’est sur un versement surtout que l’ex-Premier ministre est interrogé : 10,25 millions de francs (environ 1,5 million d’euros), en une seule fois et en liquide, juste après sa défaite au premier tour.

Le dépôt de l’argent est concomitant avec des allers-retours de M. Takieddine à Genève, qui avait affirmé avoir remis des espèces à un membre du cabinet du ministre du Budget sur demande du directeur de la campagne Balladur, avant de se rétracter.

En 1995, les comptes de campagne de M. Balladur avaient été vérifiés et validés. La défense va plaider la relaxe et rejette la thèse du financement occulte et estime que les faits sont prescrits.

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