France-législatives: déferlante en vue pour le parti du président Macron

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Emmanuel Macron, ce dimanche 11 juin 2017 au Touquet. (AFP)

Le parti centriste du nouveau président français Emmanuel Macron s’apprête à rafler une écrasante majorité à l’Assemblée après avoir pulvérisé les partis traditionnels au premier tour des élections législatives dimanche, marquées par une abstention record.

Le mouvement présidentiel, La République En Marche (LREM) et ses alliés centristes, forts d’un tiers des voix (entre 32% et 33% selon les estimations), raviraient au second tour dimanche prochain entre 400 et 445 des 577 sièges de l’Assemblée nationale, très nettement au-dessus de la majorité absolue, selon les projections des instituts de sondage.

« La France est de retour », s’est félicité le Premier ministre Edouard Philippe, en vantant les mérites d’un président qui « a su incarner en France comme sur la scène internationale, la confiance, la volonté et l’audace ».

Même un ministre mis en cause dans une affaire de transaction immobilière, Richard Ferrand, s’est qualifié haut la main pour le second tour.

Ce score tient de la performance pour un mouvement qui, après seulement un an d’existence, a réussi à dynamiter les partis traditionnels de gauche et de droite qui se partageaient le pouvoir en France depuis 60 ans.

La droite (entre 20,9 et 21,5% des voix), qui espérait en début de campagne priver le président Macron de majorité et le forcer à la cohabitation, terminerait avec 70 à 130 élus.

Un résultat « décevant pour notre famille politique », a convenu l’ancien président de l’Assemblée Bernard Accoyer, tandis que le chef de file de la droite à ces législatives, François Baroin, appelait à la mobilisation pour éviter des « pouvoirs concentrés » dans « un seul et même parti ».

A gauche, le Parti socialiste du président sortant François Hollande, qui contrôlait la moitié de l’Assemblée sortante, s’effondrerait autour de 15 à 40 sièges. « Un recul sans précédent », a reconnu le chef de file du PS Jean-Christophe Cambadélis, lui-même éliminé dimanche, tout comme le candidat malheureux du PS à la présidentielle Benoît Hamon.

 

La chute du Front national
Camouflet également pour le parti d’extrême droite Front national (FN), dont la patronne Marine Le Pen s’était hissée il y a un mois au second tour de la présidentielle contre Emmanuel Macron: les projections donnent seulement 1 à 10 sièges au FN au sein de la nouvelle Assemblée.

Pour le FN, c’est « une déception », a reconnu son vice-président Florian Philippot. Le nombre n’est pas suffisant pour constituer un groupe parlementaire disposant d’une influence réelle. En 2012, le parti anti-immigration et europhobe avait obtenu 2 sièges.

Mme Le Pen, eurodéputée qui pourrait pour la première fois faire son entrée au parlement français après être arrivée en tête dans sa circonscription du nord de la France, a appelé les « électeurs patriotes » à une « forte mobilisation ».

A l’autre extrême, la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon obtiendrait, elle, 10 à 23 fauteuils bien en-deçà de ses espoirs après sa percée au premier tour de la présidentielle.

Ces élections n’ont pas réussi à mobiliser les Français. Pour la première fois depuis près de 60 ans, l’abstention dépasserait la barre des 50% au premier tour des législatives.

« Les électeurs ont le sentiment que les jeux sont faits après la présidentielle, et se disent +à quoi bon aller voter+ », selon Frédéric Dabi, directeur adjoint de l’institut de sondage Ifop.

 

Soif de renouvellement
La déferlante en vue du camp de M. Macron vient confirmer la soif de renouvellement politique des Français, qui ont éliminé à la présidentielle les ténors des partis traditionnels au profit d’un homme de 39 ans encore inconnu de tous il y a quelques années, dont le gouvernement mêle personnalités de droite, de gauche et de la société civile.

Parmi les 530 candidats investis par La République en Marche, un grand nombre sont des citoyens jamais élus et originaires d’horizons variés : torera, mathématicien, pilote de chasse, etc.

Leur manque de notoriété ou d’expérience ne les empêche pas d’avoir le vent en poupe, portés par la popularité du nouveau chef de l’Etat français, qui connaît un indéniable état de grâce en ce début de quinquennat.

Premiers pas jugés réussis sur la scène internationale face aux poids lourds Donald Trump, Angela Merkel et Vladimir Poutine, confiance des investisseurs, cote au beau fixe auprès des Français… Le président pro-européen bénéficie d’une véritable « Macronmania ».

Fort d’une probable solide majorité à l’Assemblée, Emmanuel Macron aura les mains libres pour appliquer au plus vite, comme promis, son programme de réformes sociales-libérales : moralisation d’une vie politique minée par les affaires, assouplissement du droit du travail – au risque de s’attirer les foudres des syndicats – ou encore réduction des déficits publics, pour se conformer aux règles européennes.

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