France: la justice dira mercredi si les "Chibanis" ont été discriminés à la SNCF

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La justice française se prononce mercredi sur les 848 cheminots d’origine marocaine qui estiment avoir été discriminés dans leur carrière, un procès sensible pour l’image et les finances de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF).
Les « Chibanis » (« cheveux blancs » en arabe), qui réclament plus de 600 millions d’euros à la SNCF, ont « bon espoir » de l’emporter devant la cour d’appel de Paris, mais « l’ambiance est fébrile » car « ils attendent ça depuis des années », a déclaré auprès de l’AFP leur avocate, Clélie de Lesquen-Jonas.
En septembre 2015, la SNCF avait été condamnée pour discrimination dans la quasi-totalité des dossiers. Le montant des dommages et intérêts accordés aux ex-cheminots de nationalité ou d’origine marocaine (la moitié ont été naturalisés) s’élevaient alors à 170 millions d’euros.
Embauchés entre 1970 et 1983 comme contractuels par une SNCF en manque de main d’oeuvre, ils n’ont pour la plupart pas bénéficié du « statut » plus avantageux des cheminots, réservé aux ressortissants européens, sous condition d’âge.
Devant la cour d’appel, la SNCF a nié les avoir « traités de façon différente ». Ces salariés « sans qualification » n’avaient « qu’une très faible chance, y compris s’ils avaient bénéficié des règles statutaires, d’arriver à une position cadre », avaient plaidé les avocats du groupe public.
Ils ont été traités « à part » et majoritairement « cantonnés » aux plus basses catégories, avait répliqué Me de Lesquen-Jonas, recevant le soutien du Défenseur des droits.
Ce dernier, par la voix de son avocat, avait pointé une discrimination « organisée, statutaire », « en gros assumée ». Le dossier n’est « pas totalement étranger à notre histoire coloniale », avait relevé Me Slim Ben Achour en dénonçant une « sorte de préférence nationale » qui « doit cesser ».
Les parties s’opposent en outre sur le montant des éventuels dommages et intérêts.
Les Chibanis demandent 628 millions d’euros en tout pour différents préjudices (carrière, retraite, formation, d’accès aux soins, santé, etc.), soit « 700.000 euros par demandeur », selon la SNCF qui juge ces chiffres « exorbitants ».
En retour, l’avocate des salariés a dénoncé des méthodes « honteuses » de calculs qui aboutissent, selon elle, à des évaluations allant de 6.000 à 50.000 euros par personne.

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