Explosion en Pologne: les missiles seraient finalement d’origine ukrainienne

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Les dirigeants du G20 ont tenu une réunion de crise après l'explosion de missiles en Pologne, le 16 novembre 2022. (Photo AFP)

La Russie a nié mercredi être responsable de la chute d’un missile sur un village polonais près de la frontière avec l’Ukraine, dont Varsovie elle-même a jugé « hautement probable » qu’il s’agissait d’un projectile antiaérien ukrainien, « un accident malheureux ».

Le missile a tué deux hommes dans le village polonais de Przewodow en frappant un bâtiment agricole mardi, laissant la Pologne sous le choc, son armée en état d’alerte renforcé, et faisant craindre une nouvelle escalade de la guerre en Ukraine.

« Rien n’indique qu’il s’agissait d’une attaque intentionnelle contre la Pologne », a affirmé mercredi à la presse le président polonais Andrzej Duda.

« Il y a une forte probabilité qu’il s’agisse d’un missile qui a simplement été utilisé par la défense antimissile ukrainienne », a-t-il poursuivi. C’est « probablement un accident malheureux, hélas », a-t-il ajouté.

Il n’y a « pas d’indication d’une attaque délibérée » en Pologne, a déclaré de son côté le chef de l’Otan Jens Stoltenberg. Les ambassadeurs des pays membres de l’Alliance atlantique se sont réunis en urgence mercredi à Bruxelles.

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Depuis Bali (Indonésie) où le G20 était réuni en sommet, le président américain Joe Biden avait lui aussi estimé « improbable » que le missile ait été tiré par la Russie.

« Je vais m’assurer que nous puissions déterminer ce qu’il s’est passé exactement » avant de décider d’une réaction, avait-il ajouté à l’issue d’une réunion d’urgence mercredi des dirigeants des grandes puissances du G7 (Etats-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Canada, Japon), en Indonésie, en marge du sommet du G20.

« Retenue »

Saluant la « retenue » de la réaction américaine, Moscou a nié toute implication dans l’incident en Pologne.

« Les frappes de haute précision n’ont été menées que sur le territoire de l’Ukraine à une distance supérieure à 35 kilomètres de la frontière ukraino-polonaise », a déclaré dans un communiqué le ministère russe de la Défense, selon qui « les débris retrouvés en Pologne « ont été identifiés de manière catégorique par des spécialistes russes (…) comme un élément d’un missile guidé antiaérien des systèmes de défense antiaérienne S-300 des forces armées ukrainiennes ».

L’impact s’est produit mardi vers 14H40 GMT à Przewodow et a tué deux travailleurs agricoles. La police a établi un cordon autour du site, inaccessible.

« J’ai peur. Je n’ai pas dormi de la nuit », a confié à l’AFP Anna Magus, une enseignante de 60 ans de l’école élémentaire du village. « J’espère que c’était un missile égaré car sinon nous sommes perdus ».

La Pologne avait réuni mardi en urgence son Conseil de sécurité nationale et convoqué l’ambassadeur de Russie pour « des explications détaillées immédiates ».

« Nous avons affaire aux conséquences des actions de la Russie. Ces conséquences, pour la première fois depuis le début de la guerre (…) ont touché la Pologne, des citoyens polonais ont été tués », a souligné mercredi Pawel Jablonski, vice-ministre polonais des Affaires étrangères, à l’agence PAP.

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Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a appelé « toutes les parties concernées » à « rester calmes et faire preuve de retenue afin d’éviter une escalade ».

Le chancelier allemand Olaf Scholz a réclamé une « enquête minutieuse » et mis en garde contre les jugements « hâtifs », tandis que Paris a appelé à « la plus grande prudence », « beaucoup de pays » de la région disposant du même type de missile.

Il est « absolument essentiel d’éviter l’escalade de la guerre en Ukraine », a exhorté le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, réclamant une « enquête approfondie ».

Côté ukrainien, le doigt est pointé vers Moscou.

La frappe du missile en Pologne « n’est rien d’autre qu’un message de la Russie adressé au sommet du G20 », a estimé le président ukrainien Volodymyr Zelensky par visioconférence devant les dirigeants réunis à Bali.

Son chef de la diplomatie a qualifié de « théories du complot » les allégations selon lesquelles il pourrait s’agir d’un missile ukrainien.

Semaine « difficile »

La Russie a envahi l’Ukraine le 24 février et en contrôle encore des portions de territoire, malgré une série de défaites sur le champ de bataille ces derniers mois.

La Pologne, qui a une frontière de 530 km avec l’Ukraine, est un leader régional en terme d’assistance militaire et humanitaire à son voisin oriental. Elle est membre de l’Otan et quelque 10.000 militaires américains se trouvent sur son territoire.

Le missile est tombé alors que la Russie menait mardi des frappes massives sur les infrastructures civiles ukrainiennes, qui ont laissé des millions de foyers sans électricité. Les missiles russes ont frappé des villes dans tout le pays, dont Lviv (ouest), près de la frontière polonaise.

Les intenses bombardements russes sur les infrastructures ukrainiennes ont été qualifiés par le président Zelensky de « gifle au visage du G20 ».

Ce sommet se déroule sans le président russe Vladimir Poutine, qui n’a pas souhaité s’y exprimer même par visioconférence.

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Les frappes, qui ont fait au moins un mort à Kiev, ont entraîné des coupures de courant généralisées en Ukraine et jusqu’en Moldavie voisine. Moscou a nié mercredi avoir visé la capitale, affirmant que « toutes les destructions dans les quartiers d’habitation de la capitale ukrainienne (…) sont le résultat direct de la chute et de l’autodestruction des missiles antiaériens lancées par les forces ukrainiennes ».

La semaine à venir sera « difficile » pour les habitants de la région de Kiev, a prévenu le gouverneur régional Oleksiï Kouleba, car « les destructions sont importantes » et « on s’attend à ce que (…) les températures descendent jusqu’à -10°C ».

Ces attaques russes ont eu lieu quatre jours après l’humiliant retrait des forces russes d’une partie de la région de Kherson, dont la ville du même nom, dans le sud, après plus de huit mois d’occupation.

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