Esplanade des Mosquées: Washington met en garde Israël

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Karine Jean-Pierre, porte-parole de la Maison Blanche. (AP Photo/Susan Walsh)

Figure de l’extrême droite israélienne et nouveau ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir a effectué mardi un bref déplacement sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, lieu saint au coeur des tensions israélo-palestiniennes, suscitant une vague de condamnations. 

« Toute action unilatérale qui mettrait en danger le statu quo (autour des lieux saints à Jérusalem) serait inacceptable », a averti mardi la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre.

Un porte-parole du département d’Etat américain s’est lui dit « profondément préoccupé » par ce déplacement d’Itamar Ben Gvir, figure de l’extrême droite israélienne et nouveau ministre de la Sécurité nationale, jugeant que la visite était de nature à « exacerber les tensions et susciter la violence ».

Membre du gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël, M. Ben Gvir était accompagné lors de sa visite de membres des forces de sécurité israéliennes. Un drone survolait l’esplanade, ont indiqué à l’AFP des gardes du site.

Après son départ, la situation sur l’esplanade était calme et des fidèles et visiteurs ont pu y accéder sans encombres, a constaté une journaliste de l’AFP.

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Troisième lieu saint de l’islam et site le plus sacré du judaïsme sous le nom de « Mont du Temple », l’esplanade des Mosquées est située dans la Vieille ville de Jérusalem, dans le secteur palestinien occupé et annexé par Israël.

En vertu d’un statu quo historique, les non-musulmans peuvent se rendre sur le site à des heures précises mais ne peuvent pas y prier. Or, ces dernières années, un nombre croissant de juifs, souvent nationalistes, y prient subrepticement, un geste dénoncé comme une « provocation » par les Palestiniens et plusieurs pays du Moyen-Orient.

Ben Gvir, connu pour ses diatribes antipalestiniennes, avait annoncé son intention de s’y rendre et le Hamas palestinien, au pouvoir à Gaza et bête noire d’Israël, avait averti qu’une telle visite risquerait d’être « un prélude à une escalade ».

« Le gouvernement israélien dont je suis membre ne cèdera pas à une organisation vile et meurtrière », a rétorqué Ben Gvir sur Twitter. « Si le Hamas pense que les menaces vont me dissuader, qu’il comprenne que les temps ont changé. »

« Provocation sans précédent »

« Notre peuple palestinien continuera de défendre ses lieux saints et la mosquée Al-Aqsa », a lancé un porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, qualifiant de « crime » le déplacement de M. Ben Gvir.

Il s’agit d’une « provocation sans précédent », a estimé le ministère palestinien des Affaires étrangères à Ramallah, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.

Ben Gvir s’était déjà rendu sur le site en tant que député, mais c’est sa première visite depuis qu’il est entré au gouvernement la semaine dernière.

Contrairement à la position du rabbinat israélien, il plaide pour que les juifs soient autorisés à y entrer et y prier.

« Que diront les gens quand ils verront un ministre, juif pratiquant, bafouant la position du rabbinat », a écrit Yitzhak Yossef, grand rabbin séfarade, dans une lettre adressée à Ben Gvir.

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Plusieurs pays arabes et l’Iran ont condamné sa visite.

La Jordanie a dénoncé une « provocation » laissant présager « une escalade » et convoqué l’ambassadeur israélien à Amman alors que les Emirats arabes unis ont appelé à « mettre un terme aux violations graves et provocatrices » sur le site.

L’Arabie saoudite, qui abrite les lieux les plus sacrés de l’islam, et le Maroc, dont le monarque préside le Comité Al Qods [Jérusalem], la Ligue arabe ainsi que l’Organisation de la coopération islamique l’ont également condamnée.

En Iran, ennemi juré d’Israël, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a dénoncé une « violation des règles internationales et une insulte aux valeurs des musulmans dans le monde ».

L’attaque » par Israël des lieux saints de Jérusalem « ne fera pas seulement exploser la situation à l’intérieur de la Palestine, mais pourrait faire exploser toute la région », a déclaré mardi soir le chef du Hezbollah chiite libanais Hassan Nasrallah.

« statut quo »

De son côté, Berlin a appelé mardi à « éviter les actions qui pourraient accroître les tensions ». « Le statu quo » sur cette Esplanade à Jérusalem a « longtemps contribué à maintenir une paix et une sécurité fragiles autour des lieux saints », souligne sur Twitter l’ambassadeur allemand en Israël, Steffen Seibert.

L’ambassadeur américain en Israël, Tom Nides, a quant à lui souligné que « l’administration Biden avait clairement fait savoir au gouvernement israélien qu’elle s’opposait à toute mesure qui pourrait nuire au statu quo dans les lieux saints », selon un porte-parole du bureau américain des Affaires palestiniennes.

Dans un communiqué, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré être « déterminé à maintenir strictement le statu quo », soulignant que d’autres ministres s’étaient rendus sur l’esplanade par le passé.

« Explosif »

« Voilà ce qui arrive lorsqu’un Premier ministre faible est forcé de donner des responsabilités à la personne la plus irresponsable du Moyen-Orient dans l’endroit le plus explosif du Moyen-Orient », a commenté sur Twitter le chef de l’opposition, Yaïr Lapid.

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En 2000, la visite d’Ariel Sharon, alors à la tête de l’opposition de droite, sur l’esplanade, avait entraîné des heurts sanglants entre Palestiniens et policiers israéliens, marquant le début de la seconde Intifada (soulèvement palestinien, 2000-2005).

En mai 2021, après des violences sur l’esplanade et ailleurs à Jérusalem-Est, le Hamas avait tiré des salves de roquettes sur Israël, conduisant à une guerre de 11 jours avec l’armée israélienne.

Ben Gvir prône l’annexion par Israël de la Cisjordanie et le transfert vers les pays voisins d’une partie des Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d’Israël en 1948.

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