Elections locales: les Algériens aux urnes dans un climat morose

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Les Algériens ont commencé à se rendre aux urnes jeudi, sans enthousiasme apparent, pour désigner leurs élus communaux et départementaux, à l’issue d’une campagne atone reflétant la morosité économique et sociale.

Pour les 22 millions d’électeurs appelés à se prononcer, les bureaux ont ouvert à 08H00 locales (07H00 GMT). Dans le centre d’Alger, le vote a débuté timidement comme de coutume, les habitants se déplaçant traditionnellement plus tard dans la journée.

Les opérations ont également commencé très progressivement en province, selon les images des télévisions algériennes.

Une cinquantaine de partis politiques et quatre alliances, auxquelles s’ajoutent de nombreuses listes indépendantes, s’affrontent pour les sièges des 1.541 assemblées populaires communales (APC, conseil municipal) et des 48 assemblées populaires de wilaya (APW, conseil départemental).

La participation sera le principal enjeu, le Front de libération nationale (FLN), au pouvoir depuis l’indépendance en 1962, et son allié du Rassemblement national démocratique (RND), disposant seuls d’une assise nationale et étant assurés de l’emporter, selon les observateurs.

Les résultats officiels sont attendus vendredi.

En votant vers 08H30 dans le centre d’Alger, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a réitéré l’appel lancé la veille par le président Abdelaziz Bouteflika qui à exhorté les Algériens à « participer massivement ».

« Aujourd’hui la parole est au peuple », a déclaré M. Ouyahia, souhaitant délivrer « le même message que celui du président ». « Je viens d’effectuer mon devoir électoral, il suffit d’une heure ou deux pour (…) exprimer son choix », a-t-il souligné.

M. Bouteflika, 80 ans et dont les apparitions publiques sont rares -il est très affaibli depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013–, doit voter en fin de matinée à Alger.

Les différents partis avaient, semble-t-il, pris conscience du peu d’intérêt suscité par une campagne peu animée, multipliant durant les derniers jours les appels aux urnes.

Les législatives de mai ont déjà été marquées par une très forte abstention: seuls 35,37% des électeurs s’étaient déplacés, contre 42,9% cinq ans auparavant. La participation aux élections locales de novembre 2012 avait été elle de 44,27%.

‘Les jeux sont faits’ 

La campagne a suscité peu d’enthousiasme dans un pays jeune -près de 45% de la population a moins de 25 ans et, parmi eux, 30% sont au chômage-. Le système politique apparaît figé, impliquant les mêmes acteurs depuis des décennies.

L’Algérie souffre en outre économiquement de la chute, depuis 2014, des prix du pétrole, source de 95% de ses devises qui a eu notamment pour conséquence un ralentissement de la croissance, une hausse de l’inflation et du chômage, plus de 12% de la population active étant sans emploi.

Mohamed, chômeur âgé de 30 ans, a affirmé à l’AFP qu’il n’irait pas voter: « Cela ne sert strictement à rien. Les choses ne changeront pas ».

« Je vais travailler puis rentrer chez moi, j’aime mon pays, mais je sais que cela ne sert à rien de voter. Les jeux sont faits », a renchéri Saïd, chauffeur de taxi de 52 ans, près d’un bureau de vote.

Mohamed Lamari, 77 ans, est, lui venu voter à Alger. « Le vote, c’est important. J’ai toujours voté », a-t-il dit à l’AFP. Ali, la soixantaine, vote aussi car il « refuse la politique de la chaise vide ».

Parmi les électeurs à l’ouverture des bureaux de vote à Alger figuraient essentiellement des hommes âgés.

« Ce n’est pas à travers ce type d’élections (locales) qu’il y a un changement » politique à prévoir, a affirmé à l’AFP le sociologue Nacer Djabi.

La campagne s’est surtout concentrée autour de considérations comme « la situation économique difficile, (…) la loi de finances 2018 et la présidentielle » de 2019, avec la candidature attendue d’Abdelaziz Bouteflika pour un 5e mandat, a commenté Belkacem Benzenine, chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran.

« Les questions relatives au développement local, au rôle des collectivités locales, n’ont été abordées que superficiellement », selon lui.

Aucun des principaux partis d’opposition, n’a réussi à présenter des listes dans plus de la moitié des communes du pays, faute d’un véritable maillage national, mais aussi, ont-ils dénoncé, d’obstacles bureaucratiques à la constitution et à l’enregistrement de leurs listes dans certaines préfectures.

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