Les élections à suivre en 2018

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Donald Trump en décembre 2017. Crédit: AFP

États-Unis, Venezuela, Russie, Irak, Afghanistan… Dans de nombreux pays, 2018 sera synonyme de votes. Qu’ils portent des espoirs de changement ou consacrent au contraire l’ordre établi, Le Figaro fait le point sur les scrutins importants de l’année.

Europe

Italie, législatives, mars 2018
LE CONTEXTE – Fin 2017, le chef de l’État, Sergio Mattarella, a prononcé la dissolution du Parlement italien, entraînant automatiquement la tenue d’élections législatives, sans doute au mois de mars 2018. Le scrutin doit clore la séquence ouverte par le rejet massif du référendum sur la réforme constitutionnelle proposée par Matteo Renzi, en décembre 2016. Celui qui était alors président du Conseil avait quitté son poste. Paolo Gentiloni avait été chargé de gérer les affaires courantes.
LES ENJEUX – Une nouvelle loi électorale, surnommée Rosatellum, doit être appliquée. Complexe, elle prévoit un mélange de scrutins majoritaires et de proportionnelle. Elle doit, en théorie, favoriser les coalitions. Une éventuelle alliance du centre gauche (Matteo Renzi) et du centre droit (Silvio Berlusoni) pourrait émerger, au détriment des populistes du Mouvement 5 étoiles, pourtant en tête des sondages. Dans le cas contraire, l’Italie serait sans doute confronté à un nouveau blocage institutionnel.
Russie, présidentielle, mars 2018
LE CONTEXTE – Vladimir Poutine est au pouvoir depuis près de 18 ans. Deux fois en tant que chef du gouvernement (1999-2000 et 2008-2012) et trois fois en tant que président de la fédération de Russie (2000, 2004 et 2012). Il est candidat à sa propre succession pour la présidentielle qui se déroulera en mars 2018.
LES ENJEUX – Malgré les problèmes persistants de la Russie, la popularité de Vladimir Poutine ne faiblit pas, si bien que sa réélection ne semble être qu’une formalité. Nombre de Russes voient en lui un gage de stabilité. Il est également perçu comme l’homme qui a ramené la Russie sur le devant de la scène internationale.
Son principal opposant, Alexeï Navalny, n’a pas été autorisé à se présenter à l’élection. Ce dernier a annoncé qu’il boycotterait, avec ses partisans, «un processus» qu’il ne considère pas comme «une vraie élection» et où «il n’y aura que Poutine et les candidats qu’il a sélectionnés».
Hongrie, législatives, avril 2018
LE CONTEXTE – Les élections législatives doivent se tenir au mois d’avril dans un pays où la pratique autocratique du pouvoir du premier ministre, Viktor Orban, inquiète nombre de pays européens.
LES ENJEUX – La victoire du Fidesz, parti de Viktor Orban, ne semble pas faire de doute. Le principal enjeu se résume à déterminer qui se classera second et deviendra le principal opposant du premier ministre. Le Parti socialiste semblait, fin 2017, en pleine perte de vitesse, tandis que le parti d’extrême droite (Jobbik) affichait l’ambition de reprendre le flambeau. Gàbor Vona, son président, souhaite lisser l’image sulfureuse du parti et envisage même de faire alliance avec des formations centristes. Conforté par une victoire, Viktor Orban poursuivra sans doute sa politique de défiance face à l’UE. Gérer les conséquences du vote sera l’un des défis des partenaires européens de la Hongrie.

Amériques

Mexique, présidentielle, juillet 2018
LE CONTEXTE – Le président Enrique Pena Nieto termine sa présidence en battant des records d’impopularité, incapable de lutter contre la corruption et la violence qui mine son pays. Son mandat n’étant pas renouvelable, Enrique Pena Nieto ne peut se représenter.
LES ENJEUX – Quelques mois avant l’élection, le jeu semble ouvert au Mexique, pour ce scrutin majoritaire à un seul tour. Enrique Pena Nieto a désigné son successeur, un homme qui n’appartient pas à sa formation politique, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre): José Antonio Maede. Ministre des Finances de son gouvernement, ce dernier a la particularité d’avoir également détenu un portefeuille dans le précédent gouvernement de droite et peut donc attirer sur son nom un spectre plus large d’électeurs, au risque de se voir reprocher les bilans des années précédentes.
Le leader des sondages est pour le moment Andres Manuel Lopez Obrador (Morena, Mouvement de régénération nationale, gauche) qui se présente pour la troisième fois. Enfin, le président du Parti d’action national (PAN, droite), Damian Zepeda Vidales, complète le trio faisant la course en tête.
Venezuela, présidentielle, octobre 2018
LE CONTEXTE – Nicolas Maduro a succédé à Hugo Chavez après le décès de ce dernier, il y a près de 5 ans. Il est depuis en guerre permanente avec l’opposition, tandis que le pays traverse crise sur crise. Au printemps 2017, une vague de manifestations a fait 125 morts.
LES ENJEUX – Nicolas Maduro a d’ores et déjà annoncé qu’il était candidat à sa propre succession. Sa formation, le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV), a largement remporté les élections municipales, début décembre 2017. Ces dernières avaient été boycottées par les trois principaux partis de l’opposition. Nicolas Maduro s’est saisi de ce prétexte pour les exclure de la future élection. Une mesure confirmée par l’Assemblée constituante, dominée par les partisans du chef de l’État. Nicolas Maduro pourrait bien ainsi éviter toute confrontation.
Brésil, législatives et présidentielle, octobre 2018
LE CONTEXTE – Les Brésiliens doivent voter pour renouveler leurs députés, une partie des sénateurs et choisir leur nouveau président.
LES ENJEUX – 2018 sera-t-elle l’année du renouveau pour le Brésil? Il s’agit de tourner définitivement la séquence Dilma Rousseff, l’ancienne présidente, impopulaire, destituée en 2016. C’est son vice-président et ennemi politique Michel Temer qui avait pris sa succession. Également impopulaire, il a lui-même été confronté à des ennuis judiciaires et annoncé qu’il ne briguerait pas sa succession. Un retrait qui n’annonce pas forcément le renouvellement à gauche: l’ancien président Lula a en effet annoncé être candidat à l’élection et s’est mis en campagne à l’été 2017. Il a cependant été lui-même condamné à 9 ans de prison et pourrait être empêché de se présenter.
États-Unis, législatives, novembre 2018
LE CONTEXTE – Les élections de mi-mandat, qui doivent renouveler entièrement la Chambre des représentants et un tiers du Sénat, se déroulent deux ans après l’élection de Donald Trump. Les républicains dominent les deux assemblées sortantes.
LES ENJEUX – Donald Trump se retrouve confronté au grand test électoral de son mandat. Ces élections sont, en général, une défaite pour le camp présidentiel, d’autant plus lorsque ce dernier est majoritaire au Congrès. En ajoutant à cela l’impopularité de Donald Trump, le fait que ses électeurs de 2016 sont statistiquement ceux qui sont les moins susceptibles de se déplacer dans les bureaux de vote et les récentes victoires démocrates lors d’élections partielles, le camp républicain est aujourd’hui inquiet à l’approche de l’échéance.
Tout n’est cependant pas écrit d’avance, loin de là. Les démocrates ne se sont toujours pas remis de la défaite cinglante d’Hillary Clinton et connaissent un problème de leadership, hésitant entre un coup de barre à gauche et un recentrage. Ensuite, les républicains ont pu effectuer des redécoupages électoraux très favorables à leurs intérêts, si bien qu’ils pourraient emporter une majorité de représentants dans certains États où ils sont pourtant minoritaires en voix.
Au Sénat, les républicains devraient conserver la majorité: sur les 33 sièges à renouveler, 8 seulement sont issus de leurs rangs, contre 25 démocrates. À la Chambre, les jeux sont plus ouverts. Les démocrates doivent reprendre 24 sièges pour y prendre l’ascendant: l’histoire montre qu’un tel objectif est envisageable.

Afrique

Mali, présidentielle, été 2018
LE CONTEXTE – Le pays est menacé depuis plusieurs années par une forte présence djihadiste au Sahel.
LES ENJEUX – Pour le moment, l’actuel président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) n’a pas fait savoir s’il comptait se représenter. Une chose est certaine: il aura de la concurrence. Nombre de ses anciens alliés lui reprochent une dérive monarchique, illustrée par son projet avorté de réforme de la Constitution, qui lui aurait permis de nommer un tiers des membres du Sénat ou de ne pas passer par le référendum pour les futures réformes constitutionnelles. Ses actuels alliés envisagent également de présenter un candidat contre lui au premier tour, ce qui n’est pas bon signe pour le sortant.

Proche-Orient

Irak, législatives et provinciales, mai 2018
LE CONTEXTE – Ces élections seront les premières depuis la chute de l’État islamique, qui s’était arrogé une part du territoire national.
LES ENJEUX – L’instabilité est chronique dans le pays depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003 et la défaite de Daech ne signifie pas la fin de la menace islamiste. Bagdad doit en outre faire face à la menace sécessionniste du Kurdistan, qui s’est prononcé en faveur de l’indépendance lors d’un référendum en 2017. Pour le moment, les observateurs donnent une longueur d’avance au premier ministre, Haider al-Abadi, nommé au lendemain de la débâcle de Mossoul. Bien que faisant partie d’une formation politique chiite (Dawa), le premier ministre a la reconnaissance de nombreux sunnites pour la façon dont il a mené la reconquête des territoires abandonnés au groupe terroriste.
Liban, législatives, mai 2018
LE CONTEXTE – Les dernières élections ont eu lieu en 2009. Les députés, initialement élus pour 4 ans, ont par trois fois prolongé leur mandat. Les deux premières fois pour des raisons politiques, alors que la région était sous la pression de Daech, la dernière fois pour une raison technique, afin de préparer les élections.
Les tensions sont toujours vives. Le premier ministre, Saad Hariri, avait démissionné de son poste depuis Riyad, en Arabie saoudite, début novembre, dénonçant la mainmise de l’Iran et du Hezbollah dans son pays. Il était revenu sur sa décision un mois plus tard.
LES ENJEUX – Il s’agit de déterminer les nouveaux rapports de force au Liban, dans une région où l’Iran et l’Arabie saoudite tentent chacune d’étendre leur influence, parfois cachées derrière des formations locales. Pour la première fois, le vote sera proportionnel dans la quinzaine de circonscriptions que compte le pays. Ce système pourrait favoriser de larges alliances entre formations confessionnelles différentes. L’un des enjeux sera de voir si ces regroupements seront capables de survivre dans le temps. Certains estiment que ce nouveau système favorise les chiites du Hezbollah mais le premier ministre Saad Hariri (sunnite) s’en dit pourtant satisfait.
Rappelons qu’au Liban, le président est toujours un chrétien maronite, le premier ministre un sunnite et le président de l’Assemblée, un chiite.

Asie

Afghanistan, législatives, juillet 2018
LE CONTEXTE – Les élections devaient initialement se tenir en octobre 2016. Cependant, en raison du conflit avec les talibans, elles ont été ajournées.
LES ENJEUX – Le premier enjeu sera la tenue même des élections, un défi dans un pays soumis aux attaques incessantes des terroristes. Cette élection doit redonner un élan à la vie politique afghane. Depuis 2014, deux ennemis politiques se partagent le pouvoir à l’issue d’une présidentielle contestée: Abdullah Abdullah, en tant que chef de l’exécutif et Ashraf Ghani, en tant que président de la République. Le scrutin devra redéfinir le poids politique de chacun.
Thaïlande, législatives, novembre 2018
LE CONTEXTE – Profondément divisée entre les camps monarchistes et populistes pendant de nombreuses années, la Thaïlande ne parvenait pas à surmonter la crise politique qui la minait. Les militaires ont pris le pouvoir en 2014 afin de remettre le pays en ordre et assurer la succession du roi Rama IX.
LES ENJEUX – Les militaires ont fait adopter une constitution qui assure leur influence politique pour de nombreuses années. Les élections promises ont été repoussées plusieurs fois. Elles devraient finalement avoir lieu en novembre 2018. Elles seront les premières à se dérouler sous le règne du nouveau roi, Rama X. Cependant, nombre d’observateurs craignent que les résultats ne soient écrits d’avance par les actuels maîtres du pays, qui perçoivent les élections comme un mécanisme de légitimation, plutôt que de sélection.

Océanie

Nouvelle-Calédonie, référendum sur l’indépendance, au plus tard novembre 2018
LE CONTEXTE – Prévu par les accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998), un référendum sur l’indépendance de cette collectivité d’outre-mer française doit avoir lieu au plus tard en novembre 2018.
LES ENJEUX – Le vote lui-même n’est pas le principal enjeu. Les observateurs s’attendent à ce que les électeurs rejettent l’indépendance. Le principal défi sera la gestion des suites du vote, dont le résultat va sans doute décevoir les plus farouches tenants de l’indépendance. Le gouvernement va devoir trouver un nouvel équilibre, jusqu’ici maintenu par la perspective du référendum.
 
Julien Licourt

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