Donald Trump visé par un de ses proches collaborateurs dans une tribune explosive

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Dans une tribune publiée anonymement par le New York Times, un «haut responsable» de l’Administration dénonce «l’amoralité» et les autres travers du président déjà pointés par le livre de Bob Woodward.
Donald Trump venait d’ordonner à ses collaborateurs d’identifier qui, dans son Administration, avait parlé au journaliste Bob Woodward pour son livre Fear (La peur, Trump à la Maison-Blanche). Et voilà qu’un autre coup de tonnerre retentit sur sa présidence: un «haut responsable» au sein même de son cabinet publie dans le New York Times de ce jeudi une tribune dévastatrice. Son titre: «Je fais partie de la résistance à l’intérieur de l’Administration Trump».
Donald Trump venait d’ordonner à ses collaborateurs d’identifier qui, dans son Administration, avait parlé au journaliste Bob Woodward pour son livre Fear (La peur, Trump à la Maison-Blanche). Et voilà qu’un autre coup de tonnerre retentit sur sa présidence: un «haut responsable» au sein même de son cabinet publie dans le New York Times de ce jeudi une tribune dévastatrice. Son titre: «Je fais partie de la résistance à l’intérieur de l’Administration Trump».
Donald Trump, devant un aréopage de shérifs acquis à sa cause, a dénoncé mercredi après-midi le geste «déshonorant» de «quelqu’un qui est probablement en échec et se trouve ici pour les mauvaises raisons.» Sarah Sanders, sa porte-parole, a publié un communiqué brocardant «un dégonflé. Nous sommes déçus, mais pas surpris, que le journal ait choisi de publier cette tribune pathétique, irresponsable et égoïste».
«Le président Trump est confronté à une épreuve comme aucun dirigeant américain moderne n’en a connue. Il ne s’agit pas seulement de l’ombre envahissante du procureur spécial. Ni du fait que le pays est âprement divisé sur le leadership de Trump. Ni même que son parti pourrait bien perdre la Chambre basse au profit d’une opposition vouée à sa chute. Le dilemme – qu’il ne saisit pas entièrement – tient à ce que de nombreux hauts responsables dans sa propre Administration travaillent avec diligence de l’intérieur pour contrecarrer des éléments de son programme et ses pires inclinations.»
«Je le sais. Je suis l’un d’eux.»
«Soyons clair: notre «résistance» n’est pas la résistance populaire de la gauche. Nous voulons que ce gouvernement réussisse et pensons que beaucoup de ses politiques ont déjà rendu l’Amérique plus sûre et plus prospère. Mais nous croyons que notre premier devoir est envers ce pays, et le président continue d’agir d’une manière qui nuit à la bonne santé de notre République. C’est pourquoi beaucoup de responsables nommés par Trump se sont engagés à faire leur possible pour préserver nos institutions démocratiques en déjouant ses impulsions malavisées jusqu’à ce qu’il ne soit plus en fonction.»
«La racine du problème est l’amoralité du président. Quiconque travaille avec lui sait qu’il n’est arrimé à aucun principe fondamental discernable guidant ses prises de décisions. Bien qu’élu en tant que républicain, il montre peu d’affinités pour les idéaux adoptés de longue date par les conservateurs: esprits libres, marchés libres, individus libres. Au mieux, il a invoqué ces idéaux dans des déclarations préparées à l’avance. Au pire, il les a carrément attaqués.»
«Outre son marketing à destination des masses sur la notion que la presse est «l’ennemie du peuple», les instincts du président Trump sont globalement anti libre-échange et antidémocratiques.»
«Comprenez-moi bien. Il y a des points positifs dont la couverture négative quasi constante des médias ne rend pas compte: une dérégulation efficace, une réforme des impôts historique, une armée plus robuste, et davantage encore. Mais ces succès ont été obtenus en dépit – et non à cause – du type de leadership du président, qui est impétueux, conflictuel, mesquin et inefficace.»
«De la Maison-Blanche aux ministères et aux agences fédérales, les hauts responsables admettent en privé leur incrédulité quotidienne devant les déclarations et les actes du commandant en chef. La plupart s’emploient à mettre leurs activités à l’abri de ses caprices. Les réunions avec lui dérivent hors du sujet et en dehors des clous, il se lance dans des diatribes répétitives et son impulsivité se solde par des décisions boiteuses, mal informées et occasionnellement dangereuses sur lesquelles il faut ensuite revenir.»
«Il est impossible de savoir s’il va changer d’avis d’une minute à l’autre», s’est plaint récemment auprès de moi un haut responsable, exaspéré par une réunion dans le Bureau ovale durant laquelle le président a retourné sa veste sur une décision politique de première importance qu’il avait prise une semaine plus tôt.»
Un comportement jugé «erratique»
«Ce comportement erratique serait encore plus inquiétant s’il n’y avait des héros anonymes à la Maison-Blanche et autour. Certains de ses collaborateurs sont présentés comme des méchants par les médias. Mais en privé, ils n’ont pas ménagé leurs efforts pour que les mauvaises décisions ne sortent pas de l’aile Ouest (l’aile exécutive de la Maison-Blanche, NDLR), quoiqu’ils n’y aient pas toujours réussi.»
«C’est peut-être une maigre consolation en ces temps chaotiques, mais les Américains doivent savoir qu’il y a des adultes dans la pièce. Nous comprenons parfaitement ce qui se passe. Et nous essayons de faire ce qui est juste, même quand Donald Trump ne s’en soucie pas». «Ceci n’est pas l’œuvre du prétendu Etat profond. C’est l’œuvre de l’Etat persistant.»
«Compte tenu de l’instabilité que beaucoup ont constatée, il y a eu initialement des murmures invoquant le 25ème Amendement, qui aurait amorcé un processus complexe pour destituer le président (par son cabinet, NDLR). Mais personne n’a voulu provoquer une crise constitutionnelle. Aussi ferons-nous ce que nous pourrons pour orienter l’Administration dans la bonne direction jusqu’à que – d’une façon ou d’une autre – ce soit fini».
«Le souci principal n’est pas ce que Trump a fait à ce pays mais plutôt ce que nous, en tant que nation, l’avons laissé nous faire. Nous nous sommes abaissés avec lui et avons permis que le débat public soit privé de civilité. Le sénateur John McCain l’a dit éloquemment dans sa lettre d’adieux. Tous les Américains devraient tenir compte de ses propos et se détourner du piège du tribalisme, avec la haute ambition de s’unir dans nos valeurs partagées et l’amour de cette grande nation».
«Il existe une résistance silencieuse au sein de l’Administration, de la part de gens qui ont choisi de faire passer leur pays en premier. Mais la différence sera faite par les citoyens ordinaires s’élevant au-dessus de la politique politicienne, parlant au camp d’en face et remisant les étiquettes au profit d’une seule: celle d’Américains.». Dans une série de tweets mercredi soir, Donald Trump a crié à la «trahison», en majuscules, et demandé au New York Times de lui livrer le coupable «pour raisons de sécurité nationale».

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