Deux agents du renseignement français «retournés» par la Chine

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Désormais à la retraite, ces agents de la DGSE ont été arrêtés et placés en détention, en décembre. Une affaire embarrassante pour les services de renseignement français, qui gardent les détails de l’affaire confidentiels.

Il aura fallu des informations de la presse – Le Monde  – et l’émission «Quotidien», sur la chaîne TMC, jeudi soir, pour que le ministère des Armées concède une affaire d’une «extrême gravité» dans un communiqué: deux ex-agents secrets français de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ont été arrêtés et placés en détention, en décembre. Ils sont soupçonnés d’avoir été «tamponnés» par les services secrets chinois. La conjointe de l’un d’eux a été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire. Une affaire embarrassante au point que la ministre Florence Parly, interrogée vendredi sur CNews, n’a pas cité la Chine – un partenaire diplomatique et économique de premier plan avec lequel ce type d’affaire se règle d’habitude dans la discrétion. «Nous ne sommes pas au courant», a réagi vendredi le porte-parole de la diplomatie chinoise. Emmanuel Macron a évoqué des «agissements d’une extrême gravité», tout en estimant qu’il appartenait «à la justice de se prononcer».
Les deux ex-agents secrets sont poursuivis pour «livraison à une puissance étrangère d’informations portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation» et «compromission du secret de la Défense nationale». Ils auraient notamment pu fournir à leurs contacts chinois des renseignements sur le fonctionnement des «services» français. Les faits pourraient remonter à 2016 et 2017 et les espions français étaient vraisemblablement en service à l’époque, même si le flou demeure sur ce point. «À la retraite, (ils) ont appartenu dans le passé à la DGSE», indique, elliptique, le communiqué du ministère des Armées. Ce dernier souligne aussi que les faits ont été détectés par la DGSE, qui les a portés «à sa propre initiative» à la connaissance du procureur de la République, conformément à l’article 40 du Code de procédure pénale.
L’enquête a été menée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), dépendant de l’Intérieur. L’affaire, de doute évidence, ne devait pas sortir… Elle vient rappeler que les «services» étrangers se livrent, avec une énergie accrue, a l’approche de «cibles» françaises, qu’il s’agisse d’hommes d’affaires, de diplomates ou de militaires. «Si, aujourd’hui, la lutte contre le terrorisme islamiste est une priorité absolue, d’autres menaces constituent des atteintes particulièrement graves contre notre souveraineté», déclarait en février 2017 l’ancien patron de la DGSI, Patrick Calvar.
La Russie et la Chine sont notoirement visées. Selon Mediapart, un espion du GRU, le «service» de la défense russe, aurait même recruté une taupe au sein du cabinet de Jean-Yves Le Drian, à l’époque où celui-ci était à l’Hôtel de Brienne. Quant à la Chine, de multiples notes font état de son activisme effréné en matière d’influence (à travers les instituts Confucius, par exemple) et de ses méthodes d’«intelligences économiques» tous azimuts dans l’Hexagone… et jusqu’en Polynésie française. Joint-ventures entre laboratoires français et chinois, échanges universitaires, stagiaires photographiant des prototypes top secret… Tous les moyens sont bons pour siphonner à la source. Et les «hirondelles» chinoises sont elles aussi mises à contribution. Comme à Pékin, à la fin des années 1990, lorsqu’un officier de la DGSE chargé d’entretenir des relations avec les services chinois était tombé dans les bras de son interprète et fait défection au profit de Pékin.

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