Démission de Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris

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Personnalité emblématique de l’islam de France, le recteur de la Grande Mosquée de Paris depuis presque trois décennies, Dalil Boubakeur, a annoncé samedi sa démission, une semaine avant l’élection du président du Conseil français du culte musulman (CFCM) dont il assure l’intérim.

Sur proposition de Dalil Boubakeur, Chems-eddine Hafiz, 65 ans, a été élu à l’unanimité pour lui succéder, a indiqué la Grande mosquée dans un communiqué. L’ancien recteur,de 79 ans, démissionne pour des « raisons personnelles », a précisé son entourage à l’AFP, soulignant que son remplaçant « était depuis plus de vingt ans son fidèle collaborateur ».

Ce dirigeant musulman le plus connu du grand public en France reste président d’honneur et recteur honoraire de la Grande mosquée, le premier édifice musulman construit en France métropolitaine, et dont la fédération rassemble quelque 250 mosquées.

L’annonce de sa démission intervient une semaine avant l’élection, plusieurs fois reportée, du président du CFCM prévue le 19 janvier. Il en assure l’intérim depuis juillet 2019 et son nom a circulé ses derniers mois pour être candidat.

Il a déjà été élu plusieurs fois à la tête du CFCM, instance créée en 2003 sous l’impulsion de l’Etat. Souvent critiqué pour son manque de représentativité, le CFCM reste l’interlocuteur privilégié de l’Etat sur le culte musulman.

 

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Sa démission intervient après 28 ans à la tête de la Grande mosquée: c’est en 1992 qu’il est nommé recteur de l’Institut musulman de la Grande Mosquée de Paris et fut longtemps, à ce titre, le seul interlocuteur des pouvoirs publics pour la communauté musulmane.

Né en 1940 en Algérie, Dalil Boubakeur a rejoint la France avec sa famille en 1957, pendant la guerre d’Algérie. Son père, Hamza Boubakeur, avait dirigé avant lui cette institution religieuse, de 1957 à 1982. Depuis cette date, la mosquée reste contrôlée par l’Algérie, qui la finance pour une large part.

Membre du Conseil de l’Ordre des médecins de Paris depuis 1972, il a été décoré du grade de chevalier en 1995 et fait officier de la Légion d’honneur en 2004. Parallèlement, en avril 2003, il devient le premier président du CFCM qui vient d’être créé par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy. Il en a laissé les commandes en 2015.

Depuis un quart de siècle, cette personnalité appréciée des pouvoirs publics, mais dans lequel les jeunes générations de musulmans ont parfois eu du mal à se reconnaître, a toujours prôné un islam « du juste milieu », tolérant et respectueux des règles de la société française.

Cible de menaces intégristes

Cet admirateur de Jacques Chirac, au physique tout en rondeur, s’est aussi illustré par des sorties fracassantes et des prises de positions parfois controversées. Il s’est notamment opposé publiquement aux prêches en français dans les mosquées, rappelant en 2011 que l’arabe est la langue du Coran. En 2013, se défendant d’être homophobe, il condamne l’homosexualité et enflamme Twitter.

Plus récemment, il a surpris cet automne, après l’attaque contre la mosquée de Bayonne (sud-ouest de la France) et avoir été reçu par Emmanuel Macron, en signant un texte du CFCM affirmant que le port du voile est « une prescription religieuse », au moment où le débat sur le voile faisait de nouveau rage.

Cible de menaces intégristes, il a été placé parfois sous protection policière. Selon ses détracteurs, il souffre au sein de sa propre communauté de sa proximité avec Alger alors que la communauté algérienne de France est plutôt réfractaire au régime d’Alger.

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