Brésil: retranché, Lula négocie avant un éventuel emprisonnement

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Source: Le Figaro.

Après avoir ignoré le mandat de dépot lui intimant l’ordre de se rendre à la police vendredi avant 17 heures, Lula pourrait finalement céder après avoir assisté à la messe en hommage à son épouse décédée l’an dernier. Ses avocats continuent de négocier avec les autorités judiciaires pour lui éviter une arrestation.

Le bras de fer entre Lula et la justice n’en finit plus. L’ex-président brésilien avait jusqu’à vendredi 17 heures (22 heures en France) pour se rendre à la justice. Il a choisi d’ignorer cette injonction.
Luis Inacio Lula da Silva, au pouvoir de 2003 à 2011, a été condamné à douze ans de prison pour corruption. Le juge fédéral Sergio Moro l’avait enjoint jeudi de se présenter au siège de la police fédérale de Curitiba dans le sud du pays dans un délai de vingt-quatre heures pour commencer à purger sa peine. Le même juge qui, en juillet 2017, avait condamné en première instance l’icône de la gauche dans l’enquête «Lavage express».
Mais depuis jeudi, l’ancien président de 72 ans est resté confiné au siège du syndicat des métallurgistes de Sao Bernardo do Campo, près de Sao Paulo, où étaient rassemblés des milliers de militants de gauche.


Selon le journal Estadao , Lula pourrait tout de même se rendre à la justice ce samedi après la messe qui se tiendra à 9h30 (14h30 en France) en hommage à son épouse, morte il y a un an et qui aurait eu 68 ans.
En attendant, les avocats de l’ancien président ne cessent de négocier. «Une discussion est en cours entre la police et les avocats de l’ex-président. L’idée est d’éviter que le juge ordonne son arrestation, ce qui compliquerait la situation. Rien n’est joué pour l’instant», a déclaré à l’AFP le député du Parti des Travailleurs (PT), Carlos Zarattini. Ses avocats ont ainsi saisi le Tribunal suprême pour demander la suspension du mandat de dépôt.
Le Tribunal a refusé une première fois jeudi, par six voix contre cinq, que l’ancien président puisse rester libre. Peu avant l’expiration de l’ultimatum de vendredi, le Tribunal Supérieur de Justice a rejeté un nouveau recours pour éviter son incarcération.
La police fédérale de Sao Paulo n’a pas voulu dire si elle envisageait d’arrêter par la force celui qui demeure l’homme politique la plus populaire du pays, et qui faisait figure de favori en vue de l’élection présidentielle de l’automne prochain. Une telle arrestation risquerait de provoquer des affrontements avec ses partisans.
Lula, «ne peut être considéré comme un fugitif»
Selon la porte-parole du 13e tribunal fédéral de Curitiba (sud), le fait que Lula ne soit pas rendu dans le délai imposé, «ne fait pas de lui un fugitif». «Lula n’a pas désobéi à un ordre de justice. Il a juste reçu l’opportunité de se présenter aux autorités sans la nécessité d’intervention de la police. Mais tout le monde sait où il est, il ne se cache pas, ce n’est pas un fugitif», a-t-elle souligné à l’AFP avant d’ajouter: «Il ne peut être considéré comme fugitif que s’il est recherché par la police et qu’elle ne parvient pas à le localiser».
Or, environ trente minutes après la fin du délai, Luiz Inacio Lula da Silva s’est penché au-dessus du balcon du siège du syndicat afin de saluer les militants venus le soutenir.
S’il se présente aux autorités à l’issue de l’office catholique en l’honneur de son épouse, Lula se retrouvera derrière les barreaux d’une cellule de 12 mètres carrés avec toilettes et douche privatives, au siège de la Police fédérale de Curitiba, a priori avant un transfèrement. Le juge Moro a expliqué que la cellule de Curitiba avait été spécialement prévue en raison du statut d’ex-chef d’État de Lula, «à l’écart des autres prisonniers, sans aucun risque pour son intégrité morale ou physique». Un luxe dans un pays tristement célèbre pour sa surpopulation carcérale.

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