Brésil: le candidat de l’extrême droite, Bolsonaro, tutoie une victoire au premier tour

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Le candidat d’extrême droite, Jair Bolsonaro, a obtenu plus de 46% des voix au premier tour de l’élection présidentielle au Brésil ce dimanche 7 octobre. Son principal rival, Fernando Haddad, du parti des travailleurs (PT), arrive loin derrière avec 29%.

Fidèle à lui-même, Jair Bolsonaro a surpris à l’annonce des résultats qui le place largement en tête du premier tour de l’élection présidentielle brésilienne (46,06%), en en contestant la validité: «Je suis certain que si ça n’avait pas eu lieu (des problèmes avec les urnes électroniques, NDLR) nous aurions eu dès ce soir le nom du président de la République. C’est notre liberté qui est en jeu». Ces partisans étaient réunis devant le siège du Tribunal suprême électoral (TSE) à Brasilia en criant «Fraude». Le désormais favori pour le second tour qui se déroulera le 28 octobre prochain a annoncé qu’il allait saisir le TSE.

C’est un véritable séisme pour le pays. Si les sondages le plaçaient largement en tête depuis que la candidature Lula a été invalidée, aucun ne lui prédisait un tel score, qui le place à deux doigts d’une victoire dès le premier tour, devant Fernando Haddad (29,24%).
Le coup de couteau qu’il a reçu le 6 septembre d’un illuminé l’a éloigné de la campagne électorale pendant trois semaines et lui a octroyé une image de victime. Cela lui a permis également de ne pas participer aux débats présidentiels télévisés qui auraient pu ternir son image. Les femmes se sont mobilisées à la fin de la campagne dans le mouvement Ele Nao («pas lui») en réunissant plusieurs centaines de milliers de manifestants dans les rues du Brésil samedi 28 septembre mais dans ce pays de 200 millions d’habitants, cela n’a que peu pesé.
Jair Bolsonaro est un ancien capitaine de l’armée brésilienne qui est entré en politique peu après la fin de la dictature militaire en 1985. Après avoir été élu conseiller municipal de Rio de Janeiro en 1988, il devient député deux ans plus tard. Il le restera jusqu’à aujourd’hui. Il se fait moins remarquer par son travail parlementaire que par ses commentaires réactionnaires, machistes et homophobes. À une députée de gauche, il lance dans l’hémicycle: «Je ne vous violerai pas, vous ne le méritez pas. Vous êtes trop moche».
Ardent défenseur de la dictature militaire, il estime que l’erreur de la dictature «fut de torturer au lieu de tuer». Lors du vote pour la destitution de Dilma Rousseff, il dédie sa voix à la famille, aux forces armées, à la lutte contre le communisme, et à la mémoire du colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, tortionnaire très connu pendant la dictature. Sur les homosexuels, il déclare: «Je serais incapable d’aimer un fils homosexuel. Je préférerais qu’il soit mort dans un accident de voiture».
Sa récente ascension doit beaucoup à son rapprochement avec les évangélistes, très influents au Brésil et au Parlement. D’origine catholique, il s’est fait baptiser par un pasteur en Israël en 2016. Il a su aussi séduire les grands propriétaires terriens en prévoyant de légaliser le port d’armes et de libéraliser un peu plus l’utilisation des pesticides. Mais c’est surtout à la déliquescence du monde politique que cet homme de 63 ans doit son succès. Depuis des mois, les scandales de corruption éclaboussent les responsables de tous les partis. Les députés ont paru plus occupés ces derniers temps à se protéger de la justice qu’à légiférer.
C’est aussi la situation économique qui n’a cessé de se dégrader depuis 2015 qui a donné des ailes à Jair Bolsonaro. Les Brésiliens, qui ont vu sous la présidence Lula émerger une classe moyenne et plus de 50 millions de Brésiliens sortir de la pauvreté, ont subi une dégradation drastique de leurs conditions de vie. Son conseiller économique, Paulo Guedes est dans la plus pure tradition ultralibérale des Chicago boys. Il prône des privatisations et un retrait de l’État de la sphère économique. Les milieux d’affaires ont fini par le soutenir et les marchés ont salué la perspective d’une victoire de Bolsonaro par la plus forte hausse de la bourse depuis deux ans.

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