Autriche : l’extrême droite obtient trois ministères régaliens

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Un accord de gouvernement a été trouvé entre le Parti populaire (ÖVP, droite) et le Parti de la Liberté (FPÖ, extrême droite). Parmi les six portefeuilles que ce dernier va gérer, on trouve l’Intérieur, la Défense et les Affaires étrangères.

Douze ans après, l’extrême droite est de retour au gouvernement en Autriche. Samedi, le jeune leader de la droite autrichienne, Sebastian Kurz, vainqueur des dernières élections législatives, a conclu un accord avec l’extrême droite autrichienne afin de former un futur gouvernement. L’annonce de cette alliance a été faite sur le mont Kahlenberg qui domine Vienne. Un lieu où s’est déroulé, en 1683, la bataille qui a mis fin au siège de la ville par les Ottomans. Tout un symbole.

À la mi-octobre, l’ÖVP (Parti populaire, droite) était arrivée en tête des législatives. Mais avec 31,5% des voix, Sebastian Kurz, 31 ans, n’était pas en mesure de présenter un gouvernement composé de sa seule formation. Deux options s’offraient à lui: prolonger l’alliance, vieille de 10 ans, avec les socio-démocrates du SPÖ, arrivés en seconde position avec 27%, ou s’allier avec le parti d’extrême droite FPÖ, situé juste derrière avec 26%.

Six ministères, trois régaliens

On se doutait, compte tenu de sa campagne menée, très à droite, que Sebastian Kurz opterait pour cette dernière option. Sentant le vent tourner en sa faveur, Heinz-Christian Strache, le leader du FPÖ, avait alors fait monter les enchères, affirmant avant même le scrutin que le ministère de l’Intérieur était «une condition» et celui des Affaires étrangères, «une demande catégorique». La moisson aura finalement été encore plus grande puisqu’il obtient un troisième ministère régalien: la Défense. En tout, le parti d’extrême droite contrôlera 6 ministères et le poste de vice-chancelier sera issu de ses rangs.

À l’Intérieur, on retrouve donc une homme clé du FPÖ depuis une vingtaine d’années: Herbert Kickl. Jusqu’ici, il écrivait les discours du président du parti et était l’auteur de nombre de slogans chocs du FPÖ. Les Affaires étrangères reviennent à Karin Kneissl, spécialiste du Moyen-Orient diplômée à la fois de l’université de Georgetown aux États-Unis et de l’ENA française. Elle n’a pas la carte du FPÖ mais en aura l’étiquette. La Défense revient à un jeune cadre du parti, Mario Kunasek. Norbert Hofer, qui s’était incliné en 2016 au second tour de la présidentielle, s’occupera des Transports. Enfin, le patron du parti, Heinz-Christian Strache, devient vice-chancelier, également en charge de la Fonction publique et des Sports.

Réorienter l’UE

Kunz et Strache ont d’ores et déjà annoncé qu’une sortie de l’Union européenne était «exclue». Ils ont en revanche plaidé pour d’avantage de «subsidiarité». Ils souhaitent redéfinir les domaines où l’UE doit avoir plus de force comme, selon eux, la maîtrise des frontières, et ceux où les États doivent retrouver plus de compétences.

Le nouveau gouvernement devrait officiellement entrer en fonction en début de semaine prochaine. Lors de la dernière participation du FPÖ au gouvernement autrichien, entre 2000 et 2005, les autres États européens avaient pris des mesures, symboliques, à l’encontre de l’Autriche. Cette fois, une telle réaction n’est sans doute pas à attendre de la part des membres de l’UE. Les temps ont changé.

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