Au Soudan, l’excision est désormais pénalisée par la loi

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Le Conseil souverain, la plus haute instance du pouvoir au Soudan, a approuvé vendredi une loi pénalisant l’excision, une pratique ancestrale qui reste très répandue dans le pays. L’annonce a été faite dans un communiqué par le ministère de la Justice.

Le Conseil souverain, formé de civils dont des femmes et de militaires, a approuvé une série de lois dont celle criminalisant l’excision, une pratique « qui porte atteinte à la dignité de la femme », selon le communiqué.

Fin avril, le gouvernement avait voté un amendement au code pénal qui rend les auteurs de l’excision passibles de peines allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement avec paiement d’une amende.

« La mutilation des organes génitaux de la femme est désormais considérée comme un crime » et « toute personne qui y a recours sera condamnée à une peine allant jusqu’à trois ans de prison », selon le texte de loi amendé. La clinique ou l’endroit où a eu lieu l’excision risquent également d’être fermés.

Sur Twitter, le Premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, a salué « un important pas sur la voie de la réforme judiciaire, et de la réalisation du slogan de la révolution -liberté, paix et justice ».

Les autorités vont « réviser les lois et procéder à des amendements pour pallier les failles dans le système judiciaire », a-t-il ajouté.

– « Rite de passage » –

Cette annonce intervient plus d’un an après la chute en avril 2019 du régime d’Omar el-Béchir, sous la pression d’une révolte populaire.

L’ex-autocrate, resté à la tête du pays durant 30 ans après un coup d’Etat soutenu par les islamistes, avait écarté en 2015 un projet de loi contre l’excision, qui implique l’ablation de tout ou partie des organes génitaux externes à des fins non médicales.

Les femmes soudanaises ont elles-mêmes joué un rôle de premier plan dans la révolte ayant débouché, après la chute de M. Béchir, aujourd’hui en prison, sur la formation en août 2019 d’un gouvernement de transition vers un pouvoir civil.

Avant même sa promulgation, l’amendement avait été salué par les organisations de défense des droits humains, qui appellent inlassablement à son interdiction pure et simple.

Au Soudan, l’excision, qui peut être mortelle dans certains cas, est encore vue comme un « rite de passage » –près de neuf femmes sur 10 l’ont subie, selon les Nations unies. C’est aussi le cas dans un nombre encore significatif de pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie, en particulier en milieu rural.

– Pas assez –

« Cette pratique n’est pas seulement une violation des droits des jeunes femmes, elle (…) a de graves conséquences pour la santé physique et mentale », avait dit Abdullah Fadil, représentant de l’Unicef à Khartoum.

Si les milieux les plus conservateurs estiment qu’elle préserve la chasteté, nombre de chefs religieux se sont prononcés contre.

La criminalisation de la pratique n’est qu’une étape d’un long processus sociétal permettant sa disparition.

Au Soudan, selon les défenseurs des droits des femmes, l’excision a regagné ces trois dernières décennies des régions où elle avait cessé d’être pratiquée, comme dont les montagnes de Nubie (nord).

En mars dernier, des militantes soudanaises s’étaient dites déçues par le peu d’empressement des nouvelles autorités à améliorer leurs droits, et avaient réclamé l’abolition ou l’amendement de plusieurs lois jugées discriminatoires à l’égard des femmes.

Elles avaient cité notamment la faible représentation des femmes au sein du gouvernement, l’absence d’une loi criminalisant le harcèlement sexuel et la loi sur le statut personnel de 1991, inspirée de la charia (loi islamique) qui permet entre autres, selon elles, de donner en mariage des filles de dix ans et ne prévoit pas le consentement de la femme dans les contrats de mariage.

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