Attaques en France: l'assaillant devait être entendu par les services de renseignement

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L’auteur des attaques jihadistes dans le sud de la France devait se rendre prochainement à un « entretien d’évaluation » dans le cadre de son suivi par les services de renseignement: l’enquête continuait mardi de révéler les limites du suivi des islamistes radicalisés.
La dépouille du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, tué après avoir pris la place d’une otage dans ces attaques qui ont fait quatre morts au total, était attendue mardi à Paris. Un hommage national lui sera rendu mercredi en présence du président Emmanuel Macron qui prononcera son éloge funèbre.
Le gendarme héroïque sera promu au grade de colonel à titre posthume. L’Assemblée nationale et le Sénat devaient par ailleurs rendre un hommage solennel mardi après-midi aux victimes de ces attaques, avec des minutes de silence.
En attendant la cérémonie, le suivi par les services de renseignement de l’auteur des attaques est passé au crible par les enquêteurs et critiqué par des dirigeants de droite et d’extrême-droite, qui appellent à un durcissement de la prise en charge des islamistes radicaux.
Tué vendredi lors de l’assaut du GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie, Radouane Lakdim était fiché « S » depuis 2014, à savoir inscrit dans un fichier recensant les personnes susceptibles de poser un risque pour la sûreté de l’Etat. Il était également inscrit depuis novembre 2015 au Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) en raison de ses liens avec la mouvance salafiste locale.
Selon une source policière, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) lui avait envoyé en mars une lettre de convocation pour mener un « entretien d’évaluation » afin de décider d’une éventuelle clôture d’une enquête administrative menée à son encontre depuis mai 2013. Lakdim devait prendre contact avec les services du ministère de l’Intérieur pour fixer une date, a précisé cette source.
En mars 2018, le « suivi effectif » de Radouane Lakdim était « toujours en cours mais n’avait pas permis de mettre en évidence des signes précurseurs d’un passage à l’acte, ni des velléités de départ sur la zone irako-syrienne », a affirmé lundi soir à la presse le procureur de Paris François Molins.
Son passage à l’acte illustre une nouvelle fois l’immense défi auxquels sont confrontés les services de renseignement chargés de suivre 19.745 islamistes radicaux fichés en France.
Sa surveillance par la DGSI avait débuté en mai 2013, a précisé à l’AFP une source policière. Il avait été « détecté » en raison de contacts « avec un individu défavorablement connu et condamné pour des faits d’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme commis en 2008 », selon cette source.
Plusieurs informations parvenues en mai 2014 faisaient aussi état d’une « radicalisation latente » et de velléités de départ en Irak ou en Syrie. Une fiche « S » avait été émise, afin de suivre ses déplacements et connaître ses fréquentations. Ces investigations, une fois encore, n’avaient révélé aucun signe de radicalisation violente.
En septembre 2017, le contenu de son compte Facebook, attestant un intérêt pour l’idéologie jihadiste, avait attiré de nouveau l’attention de la DGSI. Hormis des contacts avec un individu connu et condamné pour apologie du terrorisme, ces investigations n’avaient donné une nouvelle fois aucun résultat probant.
En l’absence d’éléments permettant de procéder à une perquisition à son domicile, où a été retrouvé après les attaques un calepin de notes faisant penser à un testament prêtant allégeance au groupe Etat islamique, les policiers de la DGSI lui avaient adressé une convocation mi-mars.
Selon une source proche du dossier, il avait été « énervé » par une autre convocation devant le tribunal correctionnel de Carcassonne le 23 avril, où il devait être jugé pour « port d’une arme blanche et conduite malgré annulation judiciaire du permis de conduire » pour des faits commis en janvier.
Mardi, les enquêteurs cherchaient toujours à déterminer si Lakdim a pu bénéficier de la complicité de deux de ses proches, dont sa compagne de 18 ans fichée comme lui pour radicalisation et toujours entendus en garde à vue mardi matin.

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