France: après les défaites électorales, le PS contraint de céder son siège historique

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Le trésorier du Parti Socialiste (PS), Jean-François Debat, a annoncé à l’issue d’un bureau national, dans la soirée du 19 septembre, la mise en vente de la bâtisse emblématique de 3.000 mètres carrés, dont la valeur est estimée entre 50 et 60 millions d’euros selon les spécialistes

Une page se tourne dans l’histoire du Parti socialiste. Installés depuis 1981 dans le très chic VIIe arrondissement de Paris, les socialistes se retrouvent contraints de se séparer de leur siège, rue de Solferino, un majestueux hôtel particulier synonyme des années fastes et d’une époque révolue pour le parti. Les subventions publiques, passées de 25 à 7 millions d’euros par an, ont accéléré la décision de vendre le siège du Parti socialiste, rue de Solferino.

«Le PS a pris la décision de principe de mettre en vente le siège du 10 rue de Solferino», a déclaré le maire de Bourg-en-Bresse. «C’est une décision difficile qui repose sur deux raisons : il existe une contrainte financière, mais c’est aussi une décision politique pour préparer l’avenir.» Le comité d’entreprise doit encore être informé de cette décision ainsi que le Conseil national.

Les dirigeants du PS parlent d’une décision «inéluctable», compte tenu de l’état des finances, après la débâcle des élections législatives. Les subventions publiques, passées de 25 à 7 millions d’euros par an, ont accéléré le processus. «Il faudra m’expliquer comment on peut faire autrement. Est-ce qu’on préfère s’attacher à des murs, ou à l’action politique ? Il faut arrêter avec le fétichisme des lieux !» s’étrangle un proche du premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, qui préfère rester anonyme. La question du déménagement a fait débat tout l’été entre les historiques du parti, attachés à ce siège symbolique et à ce qu’il représente, et la nouvelle génération qui considère qu’il faut tout reconstruire au PS, du sol au plafond en passant par les murs. «L’histoire centenaire du PS ne se réduit pas à trente-six ans passés rue de Solferino ! La SFIO était cité Malesherbes, puis Mitterrand était place Bourbon ; en 1997, sous Jospin, des travaux nous ont contraints de nous installer rue de Vaugirard… Arrêtons de dramatiser», plaide un membre de l’équipe dirigeante provisoire.

Sauf que, pour certains, cette annonce est un véritable camouflet, une décision prématurée prise pour faire diversion et masquer le malaise politique qui règne au sein du parti. «Le PS devrait attendre son congrès pour laisser à la direction de refondation le soin de prendre des décisions aussi lourdes. Je ne suis pas certain qu’il y ait urgence», rouspète l’ex-député Patrick Mennucci. «Ce siège, c’est mon histoire, le quitter sera un crève-cœur», regrette de son côté l’ex-ministre Patrick Kanner. «Nous pourrions lancer un Solferithon pour tenter de le conserver, mais je ne suis pas sûr, malheureusement, que la collecte serait aussi fructueuse que celle de Nicolas Sarkozy après 2012», ajoute-t-il, amer, mais lucide.

Pour contrecarrer l’image d’un parti déconnecté des réalités, plusieurs dirigeants souhaiteraient déménager le siège dans des quartiers populaires, par exemple en banlieue parisienne. «Si on est en banlieue et qu’on défend la déchéance de nationalité, cela ne sert à rien, ironise Patrick Mennucci. Ce n’est pas le lieu du siège qui compte, mais la ligne politique.» Un chantier autrement plus épineux.

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