Angela Merkel tire sa révérence sur un revers politique cuisant

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Sortie ratée en vue pour Angela Merkel: son camp conservateur est crédité d’un score d’une faiblesse sans précédent dans l’histoire de l’Allemagne moderne aux législatives de dimanche et se prépare à des lendemains difficiles.

« Il est clair que les pertes sont amères », a reconnu dans la soirée le secrétaire général de son parti démocrate-chrétien (CDU), Paul Ziemiak.

Selon les premières estimations, le mouvement n’obtiendrait que 24% à 25% des suffrages, contre 32,8% lors du précédent scrutin de 2017. Jamais dans l’histoire de la République fédérale d’Allemagne il n’avait terminé sous le seuil de 30%.

Le mouvement est légèrement devancé par les sociaux-démocrates.

Malgré ce revers, son chef de file Armin Laschet a revendiqué, au même titre que les sociaux-démocrates, le droit de tenter de former une coalition majoritaire au parlement et de succéder ainsi à Angela Merkel à la chancellerie.

Mais l’humeur du parti reste à la gueule de bois après 16 ans de pouvoir de la chancelière.

 

– Règlement de compte –

 

« Le résultat est très mauvais pour la CDU, inacceptable », lance Gereon Stieler, un militant 26 ans rencontré à Berlin lors d’une soirée électorale organisée dans une ambiance d’enterrement.

Au sein de la base, les règlements de compte à l’égard de la figure historique du parti ont commencé.

« Merkel aurait dû s’investir plus tôt » dans la campagne en faveur d’Armin Laschet, à la peine dans les sondages depuis déjà des mois, car « elle reste très populaire », juge Daniel Gerjets, 34 ans.

Or, elle a pendant longtemps choisi de se tenir en retrait pour ne pas faire de l’ombre à son successeur potentiel, n’apparaissant que tardivement face aux mauvais sondages.

« Laschet n’a pas réussi à la faire oublier », regrette un autre sympathisant de 84 ans, Alfons Thesing.

Fournisseur de cinq des huit chanceliers depuis 1949, le centre-droit allemand pourrait se retrouver sur les bancs de l’opposition pour la première fois depuis 2005.

De quoi ternir la retraite politique annoncée d’Angela Merkel.

Pour le magazine Der Spiegel, c’est d’abord le mauvais choix des conservateurs, qui ont désigné « le désastreux Armin Laschet » comme chef de file, qui est en cause.

 

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Ce dernier n’a jamais réussi à persuader qu’il avait la carrure d’un chancelier. Il ne s’était imposé qu’aux forceps lors des primaires de la droite au printemps face à son rival bavarois – nettement plus populaire – Markus Söder.

Il a vu sa cote s’éroder après les inondations meurtrières de mi-juillet, lorsqu’il a été filmé hilare pendant un discours empreint de gravité du président allemand.

« La façon d’agir de Laschet -lors des inondations mais pas seulement- a entraîné une perte de confiance et de réputation de la CDU. Tout à coup, elle s’est retrouvée dans une position de challenger à laquelle elle n’était pas préparée et l’a remarquée après coup », explique à l’AFP le politologue Thorsten Faas de l’Université libre de Berlin.

 

– Perte de repères –

 

Il pointe aussi du doigt la responsabilité d’Angela Merkel qui n’a pas fait émerger de nouvelles personnalités derrière elle, « laissant de fait un grand vide, d’abord à la tête du parti, maintenant probablement aussi à la chancellerie ».

S’y ajoute une perte de repères idéologiques. Durant les années Merkel, et après l’ère Helmut Kohl, la droite allemande s’est déplacée au centre, notamment sur les questions d’immigration, de société, voire sociales.

Ses électeurs les plus conservateurs sont partis pour l’extrême droite ou le parti libéral FDP.

« Toutes les années de gouvernement ont en partie gommé la spécificité programmatique » du parti CDU, analyse le politologue Karl-Rudolf Korte de l’Université de Duisbourg.

« Il est difficile aujourd’hui, au-delà de la capacité à gérer les situations de crise qui se présentent, de savoir quelle est l’essence » du mouvement, estime-t-il.

Après les années centristes de l’ère Merkel, il n’est pas exclu que le parti porte prochainement à sa tête une figure plus à droite, telle que Friedrich Merz, qui attend son tour.

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