Algérie: des milliers d’étudiants dans la rue pour venir étudier en France

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Credits: IFA

À cause d’une saturation informatique, des milliers d’étudiants algériens ont dû descendre dans les rues d’Alger pour valider leur inscription dans des établissements français. Ils seront 20% de plus en 2017 que l’an dernier.

La récente ruée de milliers de jeunes Algériens désireux d’aller étudier en France a suscité l’émoi dans leur pays, en mettant en lumière le malaise social dont souffre cette frange pourtant relativement privilégiée de la population. Les images d’une rue bondée d’étudiants, garçons et filles, se pressant devant l’entrée de l’Institut français d’Alger (IFA) pour s’inscrire au Test de connaissance du français -indispensable pour étudier en France- ont été largement diffusées. D’après le Dauphiné, ils étaient 4000, rien que la semaine dernière, à avoir fait la queue aux portes de l’IFA pour passer ce test.

 

Cet afflux inédit, dû à une hausse des inscriptions et à une saturation du système d’inscription en ligne, a provoqué un choc en mettant en lumière le désir d’ailleurs de nombreux jeunes Algériens. « Pourquoi veulent-ils tous partir? », a titré le quotidien francophone Liberté. « Émigrer pour étudier ou étudier pour émigrer? », s’est interrogé El-Watan. L’Algérie dispose d’une centaine d’établissements d’enseignement supérieur, qui accueillaient en 2015 1,5 million d’étudiants, selon le ministère de tutelle.

En 2017, plus de 32.000 jeunes Algériens ont déposé des dossiers en vue d’étudier en France, selon le directeur de l’IFA, Grégor Trumel. Sur l’année, 8.500 visas étudiants doivent être délivrés contre 7.000 en 2016, soit une hausse de plus de 20%. D’après Campus France, l’agence publique de promotion à l’étranger de l’enseignement supérieur français, les Algériens constituaient déjà l’an dernier le troisième contingent étranger avec 22.600 étudiants, derrière les Marocains (32.000) et les Chinois (30.000).

Envie d’ailleurs et diplômes dévalorisés

Nombre des étudiants, souvent déjà diplômés, qui ont patienté de longues heures à l’IFA, ont toutefois expliqué à l’AFP vouloir « améliorer des compétences », avoir « un plus » dans leur CV, ou chercher un « enrichissement intellectuel », avant de revenir en Algérie. « La majorité de ceux qui sont ici veulent s’installer à l’étranger pour de bon », affirme lui Mehdi, 26 ans, ingénieur diplômé en génie civil de l’École polytechnique d’Alger, arrivé avant l’aube devant les locaux de l’IFA.

Les jeunes Algériens ayant témoigné dans la presse locale ou auprès de l’AFP ont encore expliqué leur envie d’ailleurs par des diplômes dévalorisés et un marché de l’emploi bouché. Licenciée en anthropologie, Faroudja, 20 ans, veut partir en France faute de travail dans sa spécialité mais aussi « pour avoir une meilleure vie ».

Selon le sociologue Nacer Djabi, interrogé par le quotidien arabophone El-Khabar, « les jeunes partent parce que le rêve algérien n’existe plus » et les études sont un moyen d’émigrer: « Les pauvres partent en barque, les instruits avec un visa », dit-il.

Du côté des forces politiques du pays, le constat est amer face à cette fuite en avant de la jeunesse du pays. Djamel Ould Abbes, le secrétaire général du front de libération nationale (FLN), au pouvoir depuis l’indépendance, y a vu le résultat de « l’invasion culturelle dont l’Algérie est victime ». Allié du FLN, le rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia a lui dénoncé une tentative de « nuire à l’image de l’Algérie ».

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