Algérie: des journalistes de la TV nationale dénoncent la « censure »

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Plusieurs dizaines de journalistes et autres personnels de la télévision nationale ont manifesté lundi à Alger pour dénoncer la « censure » sur leurs chaînes, à l’heure où la population défile en masse depuis un mois pour réclamer le départ du président Abdelaziz Bouteflika.

« Y’en a marre de la censure! », ont-ils scandé devant le siège de l’audiovisuel public, en réclamant une télévision « libre et démocratique ». Ce rassemblement est leur troisième depuis le début de la contestation le 22 février qui se traduit par des rassemblements géants à travers le pays mais aussi de multiples manifestations catégorielles.

« Nous ne voulons plus être un service pour le gouvernement. Nos équipes sont sur les manifestations, mais c’est ici (au siège de la TV nationale ndlr) qu’opèrent les ciseaux de la censure », a dénoncé le journaliste Abdelmajid Benkaci. « Il y a une petite ouverture au niveau des émissions de débat », a reconnu la journaliste Melina Yacef, tout en réclamant « un véritable » changement, en particulier pour les journaux télévisés, accusés de faire la part belle au point de vue officiel.

« Nous voulons une télévision publique ouverte à tous les partis, toutes les obédiences, tous les Algériens », a-t-elle ajouté. Les journalistes ont observé une minute de silence la main symboliquement posée sur la bouche pour dénoncer les entraves à leur métier. Les journalistes des médias publics ont commencé à faire entendre leur voix depuis le début de la contestation contre Bouteflika. De tels rassemblements de journalistes des médias publics étaient quasi-inexistants auparavant.

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Début mars, une présentatrice du journal de la télévision publique, Nadia Madassi, a démissionné après avoir lu à l’antenne une lettre de Bouteflika annonçant le dépôt de sa candidature à la présidentielle du 18 avril -depuis reportée- et avoir été apparemment empêchée d’annoncer celle d’un autre candidat.

Des journalistes de l’audiovisuel public algérien dénoncent depuis plusieurs semaines les pressions de leur hiérarchie au sujet de la contestation populaire, d’une ampleur inédite, contre M. Bouteflika, en place depuis 20 ans, son gouvernement et le « système » politique en général. Radio et télévision publiques ont d’abord totalement passé sous silence les manifestations, avant d’en faire état en atténuant les mots d’ordre.

Après les avocats samedi, les architectes, les vétérinaires et les employés communaux ont à leur tour aussi manifesté à Alger lundi. De nouveaux rassemblements étudiants sont attendus mardi. Les grands cortèges réunissant toutes les catégories de la population ont lieu quant à eux chaque vendredi depuis le 22 février.

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