Alexandre Benalla inculpé pour "violences", crise politique en France

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AFP PHOTO / Thomas SAMSON

Un collaborateur du président français Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, a été inculpé dimanche notamment pour « violences en réunion » lors des manifestations du 1er mai, nouveau chapitre d’une crise politique qui va crescendo au plus haut sommet de l’Etat en France.     
Après trois jours d’enquête préliminaire, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire, après des violences commises le 1er mai par Alexandre Benalla, alors adjoint du chef de cabinet de la présidence, et Vincent Crase, réserviste de la gendarmerie comme lui, employé par le parti présidentiel La République en marche (LREM).
MM. Benalla et Crase ont été filmés en train de frapper et malmener des manifestants le jour de la Fête du travail à Paris, alors qu’ils accompagnaient les forces de l’ordre en tant qu' »observateurs ». Si M. Benalla a été discrètement mis à pied pendant 15 jours en mai, la justice n’avait pas été saisie et ce n’est que vendredi dernier qu’il a été licencié.
Dimanche soir, MM. Benalla et Crase ont été mis en examen (inculpés) pour « violences en réunion », a indiqué le parquet de Paris.
Alexandra Benalla est aussi mis en examen pour « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique », « port public et sans droit d’insignes réglementés », « recel de détournement d’images issues d’un système de vidéo-protection » et « recel de violation du secret professionnel ». Vincent Crase est lui notamment mis en examen pour « port prohibé d’une arme de catégorie B ».
Trois policiers hauts gradés, déjà suspendus pour avoir transmis des images de vidéo-surveillance à M. Benalla, ont également été mis en examen pour « détournement d’images issues d’un système de vidéo-protection » et « violation du secret professionnel ».
Le silence du président 
En dépit de révélations en chaîne dans ce dossier, notamment sur les avantages accordés à Benalla – logement de fonction dans une dépendance du palais présidentiel de l’Elysée, badge d’accès à l’hémicycle de l’Assemblée nationale -, le chef de l’Etat, confronté à sa plus grave crise politique depuis son élection en mai 2017, reste silencieux.
Alors que le porte-parole de l’Elysée Bruno Roger-Petit avait affirmé jeudi qu’il avait été « démis de ses fonctions en matière d’organisation de la sécurité des déplacements du président » après le 1er mai, M. Benalla apparaît sur plusieurs clichés récents aux côtés de M. Macron ou du couple présidentiel, notamment le 13 juillet à Giverny, en Normandie (nord-ouest).
Les ténors de l’opposition sont montés au créneau pour demander au président « des comptes », comme Laurent Wauquiez (LR, droite). L’affaire est « du niveau du Watergate », considère le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon.
Mais selon le porte-parole de LREM, Gabriel Attal, si le président s’exprimait « sur cette affaire, on trouverait partout des commentateurs pour s’indigner du poids potentiel de ses mots sur les enquêtes en cours ». « On dirait que (sa parole) interfèrerait », considère aussi Marc Fesneau, chef de file des députés centristes MoDem (allié de LREM).
« Affaire Macron-Benalla » 
Le premier à donner quelques explications devrait être le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, attendu lundi à 08H00 GMT devant la commission des Lois de l’Assemblée nationale, qui s’est dotée de prérogatives d’enquête. Les députés d’opposition, qui l’accusent d’avoir menti jeudi devant le Sénat, la chambre haute du parlement bicaméral français, devraient le mettre sur le gril.
Selon le quotidien Le Parisien, un déjeuner de crise aurait eu lieu samedi autour d’Emmanuel Macron à l’Elysée, réunissant Gérard Collomb et la ministre de la Justice Nicole Belloubet.
Celle-ci est en première ligne à l’Assemblée, en théorie sur le projet de révision constitutionnelle, dont l’examen est bloqué depuis jeudi soir. Au point que le gouvernement a décidé dimanche de le suspendre jusqu’à nouvel ordre.
« Le gouvernement (…) souhaite que celui-ci puisse reprendre ultérieurement dans des conditions plus sereines », a annoncé Nicole Belloubet.
Depuis jeudi, l’hémicycle était le théâtre d’un bras de fer autour de ce que le patron du groupe LR (opposition de droite) Christian Jacob a appelé l' »affaire Macron-Benalla ».

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