Afrique du Sud: au moins 45 morts, pillages toujours en cours

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Des soldats des Forces de défense nationale d'Afrique du Sud (SANDF) et des agents des services de police sud-africains arrêtent des pilleurs présumés au centre commercial Jabulani à Soweto le 13 juillet 2021. (Photo de LUCA SOLA / AFP)

Les violences en Afrique du Sud, initialement déclenchées par l’incarcération de l’ex-président Jacob Zuma, ont déjà tué 45 personnes, notamment dans des bousculades, et les pillages ne marquaient aucune pause mardi, en dépit de l’appel au calme des autorités et du déploiement de militaires.

Déjà 26 morts dans la province du Kwazulu-Natal (KZN, Est), où les premiers incidents ont éclaté vendredi au lendemain de l’incarcération de l’ex-président. Et 19 autres dans l’agglomération de Johannesburg, selon les bilans actualisés des autorités locales.

Glaçant détail, qui n’en est pas un: une bonne partie de ces victimes ont été piégées dans des bousculades qui ont eu lieu lors de pillages lundi dans plusieurs centres commeciaux du pays.

A Soweto, immense township jouxtant Johannesburg, les corps de dix personnes ont été retrouvés dans la soirée, plusieurs heures après qu’une foule pressée ait dévalisé le centre commerciel Ndofaya.

Le Premier ministre du KZN, Sihle Zikalala, avait indiqué dans la matinée que plusieurs personnes ont trouvé la mort « dans des bousculades dans ce contexte d’émeutes », sans autre précision.

Les images des pillages ont montré des foules compactes et désordonnées, chacun se précipitant pour récupérer téléviseurs géants, vélos pour enfant, sièges de bureau, couches ou conserves… Tout ce qui peut être emporté.

Dans les magasins mis à sac, les émeutiers se sont servis en nourriture ou équipements à revendre, dans un contexte économique dégradé par les restrictions mises en place fin juin pour limiter les nouvelles infections par le coronavirus.

Les forces de l’ordre, visiblement en minorité, ont tiré des balles en caoutchouc pour disperser les mouvements de foule, suscitant la course paniquée de fuyards sur les parkings de centres commerciaux ou de hangars.

Ou encore dans les rues des principales villes touchées, aux trottoirs jonchés de bris de verre et déchets, et bordés de bâtiments et voitures en feu.

 

– En robe de chambre –

 

« La police est débordée », a répété face aux caméras le Premier ministre provincial, en venant constater une partie des dégâts à Soweto.

Le président Cyril Ramaphosa, « le coeur lourd », a souligné lundi soir le caractère inédit de ces violences depuis l’avènement de la démocratie post-apartheid.

A ce jour, 757 personnes ont été arrêtées, la majorité à Johannesburg, a précisé le ministre de la Police, Bheki Cele.

Il s’est engagé à ce que la situation « ne se détériore pas davantage », alors que les pillages se poursuivaient à vive allure, notamment à Soweto où des soldats ont commencé à patrouiller selon l’AFP sur place, et à Pietermaritzburg, la capitale de la province de KZN.

Tôt dans la matinée, les chaînes locales ont montré des dizaines de femmes, certaines en robe de chambre, aux côtés d’hommes et d’enfants débarquant dans une boucherie, dans la zone de Diepkloof à Soweto. Ils ont vidé les chambres froides et sont sortis en courant. Un agent de sécurité privé, seul, se tenait debout, impuissant.

 

Lire aussi. Afrique du Sud: Zuma se rend à la police pour purger une peine de 15 mois de prison ferme

 

La police ne s’est présentée que trois heures plus tard pour disperser et arrêter les derniers pillards.

Dans la nuit, policiers et agents de sécurité privée armés jusqu’aux dents ont longuement affronté des émeutiers dans le quartier dégradé de Jeppe, près du centre de Johannesburg, a constaté l’AFP.

Les premiers incidents dans le pays, routes bloquées et camions incendiés, ont eu lieu vendredi, au lendemain de l’incarcération de Jacob Zuma, condamné à une peine de prison ferme pour outrage à la justice. Pillages et incendies se sont ensuite propagés vers la capitale économique du pays.

Le président Ramaphosa a rappelé, sévère, que si les « frustrations et la colère » exprimées avaient « des racines politiques », « aucune cause ne peut justifier » ces violences.

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