A Gaza, la pandémie menace l’aide aux pauvres pendant le ramadan

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« Les mosquées sont fermées et ceux qui nous aident normalement traversent aussi des difficultés ». Pour Salah Jibril, un chômeur palestinien de Gaza, le ramadan cette année s’annonce le plus dur de sa vie, la pandémie s’en prenant aussi à l’aide destinée aux plus démunis.

Le ramadan, qui commence vendredi dans nombre de pays, est traditionnellement une période de partage, de générosité et de rassemblements avec mosquées et associations caritatives se préparant des semaines à l’avance pour nourrir les plus démunis chaque soir pour l’iftar.

Mais cette année dans la bande de Gaza, les rassemblements sont interdits en raison des restrictions liées au nouveau coronavirus, même si seuls 17 cas ont été officiellement recensés jusqu’à présent dans l’enclave palestinienne paupérisée de deux millions d’habitants.

La fermeture surtout des mosquées limite la tenue des iftars pour les plus démunis. Et plusieurs s’attendent à des dons privés en baisse en raison de la quasi paralysie de l’économie locale, déjà atone.

Accablée par un taux de chômage de 43% avant la crise, la bande de Gaza dirigée par le mouvement islamiste Hamas est l’une des régions les plus pauvres du Moyen-Orient avec environ 80% de sa population ayant recours aux aides selon l’ONU.

Salah Jibril, 47 ans, vit lui avec sa femme et leurs six enfants dans un petit appartement dans les faubourgs de Gaza al-Medina, la ville éponyme au coeur de l’enclave.

« Le ramadan nous permet normalement de tenir toute l’année », grâce aux dons, explique-t-il. « Mais cette année il sera le plus dur et nous ne savons pas comment nous allons faire pour nous en sortir. »

– « Pire que la guerre » –

Cette semaine, pour calmer des ventres vides, les autorités du Hamas ont fait don de 100 dollars à 5.000 familles de l’enclave afin de les aider pour le ramadan.

Mais Salah Jibril ne faisait pas partie de ce lot.

Pour vivre, lui et sa famille comptent sur l’équivalent de 120 euros par mois en prestation du ministère des Affaires sociales du Hamas.

« Ce n’est pas assez pour payer l’électricité, l’eau, le gaz, la nourriture et les médicaments pour les enfants lorsqu’ils sont malades », affirme le chômeur palestinien.

A ses côtés, son épouse, Oum Mohammed, dit ne pas se souvenir de la dernière fois qu’elle a servi de la viande à table. Les temps sont durs et la viande est chère. « Le corona, c’est pire que la guerre », soupire-t-elle.

– Pour « nos enfants » –

Père de sept enfants, Abdallah Abou Al-Omrayn, anticipe lui aussi un ramadan difficile. « Nous recevons en général les dons des plus riches et aussi de la nourriture mais cette année tout est différent à cause du coronavirus. Ce sera dur pour tout le monde. »

Dans ce contexte, les Gazaouis exhortent Israël à lever son blocus sur l’enclave imposé lorsque le Hamas a pris le pouvoir sur place en 2007. Depuis, Gaza a été le théâtre de trois guerres entre l’Etat hébreu et le Hamas qui se sont toutefois entendus l’an dernier sur une trêve.

Les autorités israéliennes ont fourni de l’aide sanitaire à Gaza pour affronter le nouveau coronavirus et laissent entrer les importations, mais la levée du blocus n’est pas à l’agenda à court terme.

Malgré un moral à plat, des Gazaouis décorent leurs maisons et appartements de lumières et de lanternes à l’instar de Moïn Abbas, propriétaire d’une crèmerie, qui tient à préserver et transmettre l’ambiance du ramadan malgré tout. « Nous voulons que nos enfants ressentent l’atmosphère de ce mois sacré. »

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