Vidéo. A Barcelone, un million d'indépendantistes catalans montrent leur force

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Un an après l’échec de leur tentative de sécession, un million de personnes ont manifesté mardi pour la «fête nationale» catalane.

La marée indépendantiste était au rendez-vous. Une année de plus, les partisans de la sécession catalane ont démontré leur capacité à organiser l’une des manifestations les plus massives d’Europe, sans incidents, ni tensions particulières. L’avenue Diagonal, qui traverse tout le centre moderne de Barcelone, débordait de monde mardi après-midi. Le clou du spectacle, à 17 h 14 comme c’est l’habitude (en souvenir du 11 septembre 1714, qui marque la chute de Barcelone face aux troupes des Bourbons), consistait cette année en un son.

Du nord-est au sud-ouest de la capitale catalane, le silence sépulcral était rompu mètre après mètre par les cris des manifestants, suivant l’axe de la Diagonal. Le slogan «Independencia!» devenait une longue vague sonore. Comme une «ola» dans un stade de football, mais avec des centaines de milliers de participants – un million, selon la police municipale – et sur plus de 6 km de long, pour symboliser «la force des gens». Au terme de son parcours, les pans d’un mur en toile sont tombés, «une référence aux obstacles surmontés et qui restent à surmonter», indiquent les explications officielles de l’organisation.
Côté images, dont les indépendantistes sont d’excellents pourvoyeurs, outre le sang et l’or du drapeau catalan, le paysage était dominé par le rose. La couleur des T-shirts officiels vendus 15 euros par l’Assemblea nacional catalana (ANC), la grande association organisatrice de l’événement. «Couleur corail», officiellement, en souvenir des brides qui refermaient les urnes lors du référendum unilatéral du 1er octobre 2017. Le corail des brides plutôt que le jaune de la solidarité avec les responsables politiques placés en détention provisoire, la couleur que revêtent depuis des mois les indépendantistes. «Nous avons évité le jaune, car pour notre fête nationale nous voulions mettre l’accent sur notre ambition de faire effective la République catalane, expliquait Elisenda Paluzie, la présidente de l’ANC, une semaine avant la tenue de la Diada. La solidarité avec les prisonniers s’exprimera lors d’autres mobilisations.»
La Diada 2018 marque le point de départ d’un calendrier politique intense en Catalogne: les premiers anniversaires du référendum du 1er octobre, de la déclaration d’indépendance du 27 et des arrestations des dirigeants prépareront le terrain avant le début des procès des responsables politiques, accusés de sédition et de rébellion, des délits passibles de 30 ans de prison.
Cette année, la motivation était donc double pour les participants. «On est là pour deux choses, explique Carme, la cinquantaine, venue avec ses amis Victoria, Xavier et Carme. D’abord pour instituer la République qui a été déclarée l’an dernier. Mais aussi pour revendiquer la libération des prisonniers, qui n’ont commis aucun délit et sont enfermés de manière injuste», accuse-t-elle. «Nous pensions que cette année ce serait une célébration, mais en réalité c’est un moment un peu triste», reconnaît-elle. Quelle opinion ont-ils des dirigeants politiques du mouvement, qui après avoir proclamé l’indépendance le 27 octobre se sont avérés incapables de mettre en place la moindre mesure tangible pour transformer la République proclamée en une réalité concrète? «Je crois qu’eux-mêmes ne savent pas quelle stratégie suivre, répond Victoria. Il faut que l’on fasse preuve de patience. L’an dernier, j’étais très optimiste. À présent, je ne sais pas combien de temps il faudra attendre. Mais nous, en tout cas, nous répondrons présents!»

On peine à imaginer que les mêmes causes – des manifestations massives et pacifiques – produisent des effets différents à ceux observés depuis le début de la fièvre indépendantiste il y a six ans – le refus de Madrid d’un référendum d’autodétermination et la relative indifférence de la communauté internationale. Interrogé sur sa feuille de route lors d’une rencontre avec la presse internationale, le président régional, l’indépendantiste Quim Torra, a affirmé vouloir «aller de la restitution à la Constitution». Il considère, qu’après la suspension de l’autonomie catalane décidée par Madrid le soir de la déclaration d’indépendance, «le cycle de la récupération des institutions est achevé. Nous préparons à présent un processus constituant, que nous réaliserons grâce à l’institution d’un grand forum civique et social».
Chez la famille Planella, arrivée en nombre d’Olot, au nord de la Catalogne, le quinquagénaire désigné porte-parole insiste sur le facteur international: «Je pense que l’Europe finira par faire pression sur Madrid. Et pour cela, il est fondamental que l’Europe voit que l’on continue à investir la rue.»

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