En 8 points, l’essentiel du programme d’Emmanuel Macron

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Voici les principaux chantiers que va mettre en oeuvre le nouveau président de la République. Fiscalité, sécurité, l’éducation, emploi…: l’essentiel de son programme décrypté par nos spécialistes.

1 – Fiscalité

C’était la promesse économique la plus plébiscitée de la campagne: l’exonération de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages. Elle sera mise en place progressivement entre 2018 et 2020. il existe déjà des exonérations et réductions (limite par rapport au revenu, abattements…), mais seuls ceux qui versent environ 1000 euros ou plus chaque année à ce titre continueront de payer une taxe d’habitation. La mesure bénéficiera à 18 millions de ménages et coûtera plus de 10 milliards d’euros par an, à l’issue de sa montée en charge. Également au rayon des chantiers fiscaux, l’ISF sera transformé en impôt sur le patrimoine immobilier. Les actifs financiers seront exclus de l’assiette de calcul. Il s’agirait donc ni plus ni moins d’une seconde taxe foncière pour les propriétaires les plus fortunés.

2 – Justice

Moderniser, financer, désengorger, exécuter. La maison justice a besoin d’une remise en ordre structurelle, et le chantier s’annonce périlleux. L’un des dossiers majeurs de la présidence Macron et de son Garde des sceaux sera incontestablement celui de l’administration pénitentiaire. Mesure phare de son programme dans le domaine de la Justice, le nouveau président de la République veut que «toute personne condamnée à une peine de prison ferme inférieure ou égale à deux ans» soit «effectivement incarcérée», avec examen automatique d’un aménagement aux deux tiers. Une mesure ambitieuse qui pose tout de même une question: où incarcérer les personnes condamnées alors que la surpopulation carcérale mine les prisons françaises? À cela, Emmanuel Macron répond par la création de 15.000 places de prisons supplémentaires d’ici cinq ans, avec l’objectif de 80% de détenus en cellule individuelle.

3 – Sécurité – terrorisme

Le nouveau Président de la République a prévu d’embaucher 10.000 personnes pour mieux assurer la sécurité du territoire. Sur le sujet du terrorisme, s’il a jugé que «mettre les fichés S hors des frontières n’aurait pas de sens» et il préconise la création de «centres fermés de petite taille» pour les plus radicalisés. Il promet en outre le «démantèlement des associations qui, sous couvert de religion, s’attaquent à la République». Mais pour Emmanuel Macron, la clé de la lutte antiterroriste est «d’améliorer le renseignement». Dans cette perspective, outre un effort sur les moyens, «une cellule spéciale du renseignement anti-Daech, permanente, de 50 à 100 agents» associera, auprès du président, les principaux services. Pour le reste, le Chef de l’État souhaite rétablir la police de proximité, permettre aux policiers de verbaliser directement certaines infractions, et enfin multiplier les caméras piétons.

  1. Institutions

Le nouveau président a promis de modifier en profondeur les institutions. Pour moraliser la vie politique d’abord: il s’est engagé à interdire les emplois familiaux à l’Assemblée et à mettre un terme aux régimes spéciaux de retraite pour les parlementaires. Emmanuel Macron promet également d’introduire une dose de proportionnelle pour les élections législatives dans la première année de son mandat. Enfin, il s’engage à réduire d’un tiers le nombre de parlementaires et à introduire l’interdiction du cumul des mandats dans le temps.

5 – Diplomatie – Défense

Sur le front diplomatique, le nouveau chef de l’État avait placé sa campagne dans une logique de continuité du lien franco-allemand, autour de la politique européenne, en allant rencontrer Angel Merkel. Il n’a également pas fait mystère de sa vision ferme de la sortie britannique de l’UE. Au niveau mondial, au delà de sa vision «gaullo-mitterrandienne», la continuité avec François Hollande devrait prévaloir: fidélités aux alliances, l’Otan notamment, même si Emmanuel Macron pourrait préférer d’autres leaders à Donald Trump. En ce qui concerne le Kremlin, qui penchait plutôt du côté de Marine Le Pen, Emmanuel Macron croit qu’il saura «se faire respecter» de Vladimir Poutine, même si les dossiers tendus sont nombreux (Syrie, Crimée).

Chef des armées, Emmanuel Macron poursuivra les opérations engagées au Mali et dans la zone syro-irakienne. Mais si la Défense pourrait bénéficier d’une augmentation des moyens de renseignement et des forces spéciales, le nouveau président semble vouloir repousser à 2025 l’horizon des 2% du PIB consacré aux armées, que beaucoup jugent pourtant en état de nécessité absolue.

6 – Éducation

Le nouveau président a prévu de mettre d’abord l’accent sur l’éducation prioritaire (12 élèves par classe en CP dès septembre 2017 et en CE1, à terme). Influencé par le libéral Institut Montaigne, le programme en matière d’Education prévoit de laisser les communes organiser elles-mêmes le temps périscolaire, et de laisser plus d’autonomie aux établissements dans le recrutement des enseignants. Emmanuel Macron s’est également engagé à toucher au tabou du baccalauréat, en prévoyant de le réduire à quatre épreuves. L’orientation vers l’enseignement supérieur sera aussi le grand défi à relever et si l’on s’en tient aux promesses du candidat, la sélection à l’université devrait enfin voir le jour.

7 – Emploi

La réforme du Code du travail est l’un des tout premiers chantiers que va lancer le nouveau président. Pour permettre aux entreprises de s’adapter, par accord, aux soubresauts de la conjoncture, il prône une négociation sociale au plus près du terrain. Dans le détail, le chef de l’État souhaite que les employeurs et les représentants  des salariés aient, au sein de chaque établissement, la main sur un champ élargi de thèmes: temps de travail, politique salariale, conditions de travail… Pour ce faire, il entend conserver la structure introduite par la loi El Khomri d’un Code du travail construit sur trois niveaux: le premier pour «l’ordre public social», reprenant les dispositions fondamentales, auquel aucun accord ne peut déroger; un deuxième, ouvert à la négociation de branche ou d’entreprise; et une troisième strate pour les dispositions supplétives, en l’absence d’accord.

Sur le temps de travail, Emmanuel Macron ne reviendra pas sur la durée légale (35 heures) mais donnera «plus de souplesse et d’agilité» aux entreprises pour fixer, par accord majoritaire, un autre seuil de déclenchement des heures sup. Cette réforme du Code du travail sera mise en œuvre après le vote, en juillet, d’une loi d’habilitation permettant au nouveau président d’agir par ordonnances, ce qui promet déjà au nouveau président un troisième tour social dans la rue.

8- Santé

Fidèle à son projet de libéralisation de l’économie, Emmanuel Macron mise également sur la concurrence dans le secteur de la santé. Le prochain président propose de rembourser intégralement, à l’horizon 2022, les soins optiques ainsi que les prothèses auditives et dentaires. Une aubaine pour les Français, à l’heure où ces soins restent mal remboursés. À titre d’exemple, selon les données du ministère, les Français ont dépensé 1,48 milliard d’euros pour leur vue et 2,43 milliards d’euros pour les soins dentaires. «Aujourd’hui, il y a un reste à charge beaucoup trop important, parce que nous avons des contrats qui ne peuvent être comparés». Emmanuel Macron souhaite instaurer «3 contrats types que devront proposer assureurs et mutuelles pour garantir la transparence et faciliter les comparaisons». Pour ces organismes – qui arrivent à un fragile équilibre selon le dernier rapport de la DREES – l’effort est ainsi estimé à plus de 4 milliards d’euros, selon Les Echos.

Le Figaro

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