Virus du Nil occidental au Maroc, faut-il s’inquiéter?

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Le virus du Nil Occidental se transmet par la piqûre de certaines espèces de moustiques./Crédits: DR

Le virus du Nil occidental (VNO), qui peut entraîner des complications sévères chez les personnes âgées ou les individus fragiles, préoccupe nombre de Marocains. Transmis à l’homme par des moustiques ou des oiseaux, sa progression à travers le monde est suivie avec grande attention.

Comme si le monde n’avait pas eu sa dose des virus. Décrite par les chercheurs et les scientifiques comme « presque inexistante au Maroc » l’infection liée au VNO est très évoquée sur les réseaux sociaux et fait débat. Pourtant, un premier cas enregistré en Espagne cet été est une mineure qui aurait contracté le VNO lors d’un séjour au Maroc. Une réalité qui attise l’inquiétude d’une bonne partie des citoyens.

Il s’agit d’une infection provoquée par le virus du Nil occidental, généralement propagé par des moustiques. « C’est une maladie asymptomatique dans 80% des cas. Mais lorsque l’infection est là, elle peut provoquer chez l’homme de la fièvre, des céphalées, une asthénie, des nausées, des vomissements, une éruption cutanée ou encore une adénopathie qui est un gonflement des ganglions », explique Pr Abdelfattah Chakib, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales au CHU Ibn Rochd de Casablanca.

«On estime qu’environ une personne infectée sur 150 développera une forme grave de la maladie. Celle-ci peut survenir à tout âge, mais les sujets de plus de 50 ans et certaines personnes immunodéprimées comme les patients ayant eu une transplantation, sont les plus exposés au risque de maladie grave s’ils sont infectés par le VNO. La durée d’incubation varie en général de 3 à 14 jours», ajoute-t-il.

Une maladie qui existe depuis 85 ans

C’est dans le district West Nile en Ouganda que le virus du Nil occidental a été isolé pour la première fois en 1937. Environ seize ans plus tard, le virus est encore une fois retrouvé chez les oiseaux (corvidés et colombiformes) dans la région du delta du Nil. Et jusqu’en 1997, les chercheurs ne considérait pas la maladie comme pathogène pour les oiseaux, jusqu’à ce qu’une souche plus virulente ait provoqué en Israël la mort d’oiseaux de différentes espèces.

En 1999, un VNO circulant en Tunisie et en Israël a été importé à New York. Ce dernier a donc provoqué une flambée spectaculaire de grande ampleur qui s’est propagée les années suivantes sur tout le territoire continental des États-Unis d’Amérique. Cette flambée qui a duré presque une année a mis en lumière le danger, pour le monde entier, que représentent l’importation et l’installation d’agents pathogènes à transmission vectorielle en dehors de leur habitat courant.

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«Le virus est transmis par les moustiques vecteurs, et en particulier les Culex, qui sont les principaux vecteurs du virus du Nil occidental, lorsqu’ils piquent les oiseaux et les infectent. Tous les facteurs favorisant la pullulation des moustiques comme les pluies abondantes ainsi que les températures plus élevées que la normale, sont susceptibles d’augmenter l’incidence de la fièvre liée à ce virus dans les secteurs géographiques où il circule», souligne Abdelfattah Chakib. Il ajoute que les principaux hôtes du virus sont les oiseaux. Qu’ils soient sauvages ou domestiques (canards, pigeons, etc.), ces derniers jouent un rôle crucial dans la dissémination de ce virus.

Ainsi, ces hôtes amplificateurs développent une charge virale suffisante pour transmettre l’infection à d’autres moustiques piqueurs qui vont infecter d’autres oiseaux ainsi que les êtres humains. «Une fois arrivés, les moustiques locaux s’infectent lorsqu’ils piquent ces oiseaux, disséminant sur d’autres oiseaux sains le virus et perpétuant le cycle moustiques/oiseaux essentiel à la circulation du virus», détaille le chercheur. Le virus finit par migrer dans les glandes salivaires du moustique. Lors des piqures ultérieures dudit moustique, le virus peut être injecté à des êtres humains ou à des animaux. Il se multiplie alors et peut provoquer la maladie.

Lire aussi. Une Espagnole contracte le virus du Nil occidental au Maroc

Un article paru en 2004 dans le magazine Science a d’ailleurs révélé que les moustiques Culex pipiens étaient répartis en deux populations en Europe, une qui pique les oiseaux et une qui pique l’homme. En Amérique du Nord 40 % des Culex pipiens se sont révélés être des hybrides des deux types, ceux qui piquent les oiseaux et ceux qui piquent les humains, fournissant ainsi un vecteur pour le virus du Nil occidental. Ce fait est censé fournir une explication des raisons pour lesquelles la maladie du Nil occidental s’est propagée plus rapidement en Amérique du Nord qu’en Europe. Toutefois, ces conclusions ont été contestées.

Diagnostic et traitement

Bémol: la maladie n’a pas de traitement spécifique. « A travers le monde, il n’existe pas d’antiviral qui traite l’infection. Car pour la plupart du temps, c’est une maladie bénigne. Le malade a le plus souvent mal à la tête, ressent des courbatures mais guérit directement après », souligne Abdelfattah Chakib. D’après lui, bien que le virus ne soit pas très présent au royaume, la maladie est souvent confondue avec d’autres maladies, telles que la grippe, l’allergie ou autres.

La prévention reste pour le moment le moyen de lutte le plus efficace contre la maladie. Elle consiste à réduire le nombre des piqûres de moustiques sur les humains, à la fois en réduisant les populations de moustiques à proximité des hommes et en protégeant ces derniers des piqûres de moustiques. « Pour le diagnostic, il faut un laboratoire spécialisé. Comme l’Institut national d’hygiène de Rabat, l’Institut Pasteur qui sont capables de le faire ou encore un laboratoire privé marocain qui peut envoyer le sang à l’étranger, c’est ce qui complique un peu les choses. Mais il ne faut pas s’affoler, car le virus n’existe presque pas au Maroc », conclut notre source.

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